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Un garçon de onze ans voit son père partir, encadré par des étrangers. Nous sommes en Roumanie, au milieu des années 80, et très vite il devient évident que le père du narrateur a été déporté en tant qu'opposant au régime. Les jours passent, sans la moindre nouvelle de lui. En attendant, le garçon s'occupe tendrement de sa mère qui ne lui dit rien, et essaie de remplacer son père. Mais il subit aussi les vexations de ceux qui savent et doit faire face à un jeu pervers d'humiliation et d'intimidation. Les jours passent, et l'espoir de revoir le père s'amenuise. La mère demande alors au narrateur de l'accompagner chez un ancien dirigeant du parti, mais tout comme la partie d'échec que le jeune garçon entame contre un automate appartenant au «camarade», les tentatives désespérées de la mère pour faire libérer son mari semblent condamnées d'avance... Le roi blanc nous plonge dans une société amorale diminuée par la terreur et la peur, mais le point de vue adopté ici donne au livre une couleur très particulière, tragi-comique et universelle. La justesse de ton, la légèreté de la langue et la puissance d'évocation du récit sont tout simplement exceptionnelles.
Né en Roumanie, György Dragomán a quitté ce pays à l’âge de 15 ans pour vivre en Hongrie. Dans "Le roi blanc", livre traduit dans vingt-sept pays, il fait parler un garçon de onze ans qui fait partager sa vie quotidienne avec une franchise et une spontanéité émouvantes.
Dans la société totalitaire des années 1980, l’absurdité du mode de vie imposé par le pouvoir est de plus en plus fragrante. Non seulement la vie devient absurde mais les souffrances s’accumulent dans ce peuple au nom duquel les autorités sont censées gouverner.
Dès le début, on comprend que son père a été emmené, déporté à cause de ses idées qui déplaisent au pouvoir. Naïvement, son fils croit que des collègues l’ont emmené faire des recherches comme son poste de professeur l’aurait permis mais c’est dans un camp de travail sur le Danube qu’il est interné pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
En bute aux moqueries de ses camarades, aux brimades de ses professeurs, notre garçon ne cesse de croire au retour de son père, même s’il ne donne plus de nouvelles après quelques cartes imposées par l’administration. D’un chapitre à l’autre, on souffre avec lui, on découvre une sombre brute, entraîneur de foot, les paris stupides entre garçons, ses premiers émois sexuels avec Iza, studieuse camarade de classe, une mauvaise blague faite par des hommes n’hésitant pas à faire travailler des enfants à leur place…
Les phrases sont très longues comme le récit d’un enfant qui ouvre son cœur et ne sait plus s’arrêter. Le récit est délicieux aussi avec des remarques sur le mode de vie, l’embrigadement des écoliers et les résultats trafiqués. Il doit même appeler son grand-père « camarade secrétaire » ! Il y a aussi une bataille épique dans les maïs, l’alcool que des adultes n’hésitent pas à faire boire aux enfants et ce petit Marius, (6 ans et demi) qui, affamé, fait du porte à porte pour vendre des cintres et des épingles à linge en bois.
On découvre aussi comment était géré l’approvisionnement de la population avec cette queue immense devant la supérette pour acheter des fruits exotiques, des oranges et des bananes… Notre garçon souffre avec sa mère et remarque : « … avant que papa ne soit emmené, elle ne cassait jamais rien, et ne claquait pas les portes, même quand elle se disputait avec papa… » Ils vont chez un « camarade ambassadeur » vivant dans quatre appartements regroupés pour lui seul. Sa mère tente de convaincre cet apparatchik d’intervenir en faveur de son mari mais la rencontre tourne mal et l’enfant s’empare alors d’une pièce en ivoire d’un jeu d’échecs : un roi blanc !
Toujours avec ce talisman dans la poche, il trouve la force de résister et d’espérer. Le livre se termine avec une scène terrible, atroce, insupportable qu’il ne faut pas raconter mais qui finit d’horrifier devant les perversions des régimes totalitaires
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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