Pour penser le remords, il faut abandonner ses fièvres et ses brûlures, ses tenailles et ses ténias grâce auxquels le coupable se donne le sentiment de mériter une autre chance. Une certaine "gestion" de la culpabilité permet de convertir le mal commis en simple accident. Or, il y a de l'irréparable, de l'irrévocable dans certains actes, et pour la liberté un prix du mal-agir. Vladimir Jankélévitch écrivait : "La morale du repentir est injurieuse pour notre liberté. Je crois que l'essence même de la moralité réside dans l'impossibilité foncière du rachat." Cette phrase qui inaugure l'ouvrage en est à la fois l'esprit et le fil conducteur autour duquel se déploie une pensée plurielle et sans concession.
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