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Cet essai veut montrer, pour la première fois, l'existence d'un genre littéraire autonome, le récit poétique, d'habitude rejeté par les manuels en fin de chapitre, parmi les inclassables. Il en relève les caractères, à travers des oeuvres françaises du XX? siècle, dont certaines sont très connues (Breton, Cocteau, Giraudoux, Gracq) et d'autres, méconnues (Limbour, Jouve, Supervielle). Donnant à lire, il veut aussi donner à aimer : suivant une méthode déjà appliquée à Proust et le roman, l'analyse épouse l'écriture des textes qu'elle commente, et fait de cet ensemble épars de quatre-vingts chefs-d'oeuvre, un livre «unique, total, neuf, et comme incantatoire».
Lu dans le cadre d'un Mémoire sur l'écrivain Maxence Fermine, je peux vous assurer que ce livre peut être lu et considéré sans aucun problème comme un excellent livre critique. Divisé en 6 grands domaines (Personnages - Espace - Temps - La structure - Les Mythes - Le style), il développe de très nombreuses idées, la quasi-totalité étant fort à propos et très intéressantes. En termes de bibliographie, il se base comme support sur de nombreux auteurs, les plus utilisés/connus demeurant J.Gracq, A.Breton, J.Giono, Giraudoux, J.Cocteau etc. S'appuyant de temps en temps sur d'autres critiques/philosophes à l'instar de Bachelard, son propos est clair, concis et efficace.
Faisant figure d’autorité, et s’attaquant à un genre qui n’était jusqu’alors jamais étudié (le récit poétique), il a su en poser les bases, et en faire une analyse non pas exhausitve (est-ce possible ?), mais tout de même bien approfondie et qui convient parfaitement à une première analyse, qui en entraînera peut-être d’autres dans le futur. Par ailleurs, ce genre est voué à prendre de l’ampleur d’ici les prochaines décennies, et certains de ses auteurs (bien que connus sous un autre genre tels que le surréalisme ou la littérature contemporaine) ont déjà fait office de précurseur pour un genre qui mérite d’être d’avantage étudié, analysé, expérimenté et diversifié. Faute de ne pas avoir de recul et suffisamment de critiques, le genre reste toujours prénommé « Littérature contemporaine », mais il faut bien se rendre compte que ce genre, comme tous les autres, possèdent ses sous-genres ; et c’est ce que Jean-Yves Tadié souhaitait et a réussi à démontrer dans cette œuvre critique qui restera, je pense, dans la postérité comme un discours d’autorité.
Bien entendu, comme tout livre critique, il ne plaira pas à ceux qui veulent garder leur littérature "flou". Décorticant le moindre processus du récit poétique, il fait de la littérature non plus un rêve mais un rouage fait de nombreux mécanismes, qu'il développe ici. Pour tous les autres, les curieux, les étudiants, les chercheurs... n'hésitez pas à feuilleter/lire ce livre, très intéressant et utile.
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