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On est allés fureter dans Sabang Street, en bas de l'hôtel. Le trottoir, normalement réservé aux piétons, était bordé de marchands ambu- lants avec leurs éternels plats du soir qui baignaient dans l'huile. « Tu voulais quoi, déjà ? - Du mie goreng et du bakso. Tu veux pareil ? » j'ai demandé, surpris. Il a hoché la tête. On a continué, l'oeil sur les cartes. Tous les passants nous regardaient mais je m'en fichais. Les étrangers attirent les regards, rien de plus na- turel. Mais la différence qu'incarnait Eliot allait au-delà de l'ordinaire. Les gens qui nous voyaient passer avaient dans les yeux un mélange d'amour, d'admiration, de fascination et de crainte. Car il n'était pas seulement blanc : tout le monde le prenait pour une star. Encore une conséquence de notre histoire hollandaise et de l'influence du cinéma américain. À croire que ça agit sur nous inconsciemment ! J'ai eu envie de crier qu'Eliot portait des chaussettes trouées. Qu'il était comme tout le monde. Roni, jeune écrivain indonésien dont le premier roman a eu un éphémère succès, tombe amou- reux d'Eliot, un agent littéraire français invité pour un festival à Jakarta. Entre eux se noue une intimité ambiguë qui fait toute la matière de ce nouveau roman, écrit en partie en Europe où l'auteur part faire une tournée promotionnelle inattendue.
Cinquième livre des jeunes éditions Perspective cavalière et encore une fois, un genre différent, beaucoup plus oralisé, une écriture libérée, vive et familière sans être vulgaire, courante. La couverture signée Christophe Merlin est très belle : Roni, en déplacement loge dans des guesthouses pendant qu'Eliot est à l'hôtel lorsqu'ils sont au même endroit au m^me moment.
Je disais donc que c'est un récit libéré, celui d'un homme amoureux d'un autre homme et qui ne parvient ni à le lui dire ni à vraiment savoir si l'autre est attiré par lui voire s'il est homosexuel. La quête de l'être aimé, qu'il soit homme ou femme, passe par les mêmes affres, les mêmes souffrances et douleurs lorsqu'elle n'est pas payée en retour. Roni en fait l'expérience
C'est aussi le roman d'un homme qui veut devenir écrivain, qui fréquente les festivals, qui pense qu'il n'est pas à la hauteur et que son premier livre est une supercherie. Il oscille entre découragement, envie de s'y remettre. Il découvre la vie anglaise lors d'un séjour pour parler de son livre, ce qui donne lieu à des scènes assez drôles, notamment autour des repas : un rôti de cerf pour lequel il demande si c'est légal, il avait compris du serf... Puis une réflexion s'ensuit : "Si je devais manger de la chair humaine, pas question que ce soit du serf ! La viande de serf doit être dure et difficile à mastiquer. Pas très riche en vitamines et en nutriments non plus. Un concentré de fatigue après le labeur quotidien. Une peau trop brune, qui sent la brûlure du soleil. Si je devais manger de la chair humaine, autant opter pour de grands consommateurs de fromage ! Leur viande satisferait sans doute tous mes critères nutritionnels. Tendre et juteuse ! Un goût raffiné, plein de caractère !" (p.89)
J'ai beaucoup aimé ce court roman, vif et plus profond que Roni veut bien nous le faire croire. J'ai aimé le ton, l'humour, l'écriture libre, moderne (belle traduction d’Étienne Gomez également l'éditeur), la concision, Nuril Basri va au plus direct, ne tergiverse pas dans ce qu'il écrit même si c'est pour dire combien il tergiverse justement dans sa relation avec Eliot.
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