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Le dernier jeudi du Carnaval de l'année 1569, au coeur d'un hiver féroce, sept jeunes patriciens florentins s'assemblèrent pour faire académie. La sodalité ainsi fondée devint vite l'une des académies florentines les plus dynamiques - au point de laisser, lors de sa disparition, six décennies plus tard, des milliers de folios d'archives consignant ses travaux (registres d'activités, discours, poèmes, etc.). Comprendre ce qui motiva ces hommes à oeuvrer ensemble avec tant de diligence reste néanmoins malaisé, tant l'institution cultiva le secret. Un élément frappe pourtant : la plus grande partie des Alterati étaient issus de familles qui s'étaient autrefois opposées au démantèlement de la République oligarchique. Le pouvoir médicéen tint leurs rejetons à l'écart des offices communaux comme des charges de cour, les poussant sans doute indirectement à investir leurs énergies dans les arts et les savoirs.
Leur académie devint ainsi le lieu d'une ambivalence fondamentale : imitant par ses structures les institutions de la Florence communale, elle permit à ses membres de célébrer la République disparue en action comme en pensée - et toujours en vase clos. Mais, parce qu'elle donnait aux académiciens la possibilité de s'exercer avec constance à parler et à écrire, tout en les incitant à évaluer constamment les travaux d'autrui, elle leur offrait aussi l'occasion de travailler collectivement à leur intégration progressive dans la société de cour médicéenne, où les princes prisaient leurs savoir-faire et ne dédaignèrent pas d'en user.
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