Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Merci Nicole pour cette chronique sur un sujet étonnant . Belles lectures. Prenez soin de vous
Les soirs d'été, Marcus et Rose vont danser le tango près de la Seine. Ils s'aiment d'un amour simple et voudraient un enfant. Mais alors que le ventre de Rose reste désespérément creux, celui de Marcus s'arrondit chaque jour davantage. Désemparé, il consulte un médecin et le verdict tombe. Durant neuf mois épiques, chacun devra réinventer son rôle, sa façon d'être au monde.
« Le premier homme du monde » est un roman original empli de fraîcheur et de fantaisies. J’ai eu l’impression de me retrouver dans un conte à la Mathias Malzieu, que j’aime beaucoup.
Raphaël Alix, primo-écrivain, n’a pas voulu jouer dans la science-fiction en ayant un personnage principal enceint, mais il a pris cette idée comme point de départ afin d’évoquer les sujets de l’identité et du genre.
Autour de la question de la position de l’homme et de la femme dans la société et les préjugés qui en découlent, cela reste très léger et on ne tombe pas dans un énième essai sur ces thèmes.
Offrant ce récit sous la forme d’une fable, souvent musicale, Raphaël Félix ne tombera pas dans le piège de l’exagération.
Un joli roman divertissant.
Je ne saurai comment vous dire ni vous expliquer ce que j’ai ressenti en lisant ce livre. A part que ce fut un pur kif littéraire. Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une lecture à prendre au 3ème ou 4ème degré, je l’ai surtout trouvé très poétique. Ne me demandez pas pourquoi. Peut-être sa plume. Certainement cet air de tango qui n’a cessé de m’accompagner. Comme leurs chaussures de danse glissent sur la scène de cet amphithéâtre, les pages ont filé entre mes doigts.
Même si l’histoire de Marcus et Rose est fantasque, elle m’a transportée.
Tous deux fervents danseurs de tango, dans ces alcôves des bords de Seine, ils s’aiment. Et de cet amour, Rose voudrait que naisse un enfant. La première réaction de Marcus fut assez vive et tranchée : ce fut non. Voyant l’impact de cette décision ternir le joli visage et tout le corps de sa bien aimée, il finit par se faire une raison et accepter.
Les tentatives savamment surveillées se sont répétées et un jour, elles finirent par porter leurs fruits : une petite graine fut déposée.
« Nous n’en reparlâmes plus. Je continuai ma couvade dans mon coin, pendant que Rose, elle, mourait à petit feu. »
Les premiers symptômes firent leur apparition et aussi fou que cela puisse paraître, le verdict tomba : le bébé s’était logé dans le ventre de Marcus : il était « enceint ».
« Par je ne sais quelle opération, je ne sais quel maléfice fomenté par mon inconscient, j’étais en train de devenir une femme, la poitrine et le ventre protubérants, à pleurnicher au moindre prétexte, vous imaginez un peu le désastre ? »
Le périple commence. Des scènes abracadabrantesques vont se succéder. Imaginez juste un instant cette situation. Mais non, n’imaginez pas, lisez ce livre.
« Et si pour elles, je m’en rendais compte à présent, si pour elle ça avait tout d’un chemin de croix, alors imaginez la même chose pour un pauvre bougre, un type moyen de mon genre. »
Et c’est ainsi que commença l’incroyable histoire du « premier homme du monde » que Raphaël Alix nous fait vivre à travers son bluffant roman. Je remercie les Éditions Les Avrils pour ce beau cadeau.
« Je nommerai la toile « le premier homme du monde », nous dit jacinthe…Tu es le premier Marcus…. le pionnier, le seul d’entre tous à avoir osé. Osé la grossesse, osé enfanter, franchir la barrière, et par là, le seul qui enfin deviendra un homme entier. »
https://littelecture.wordpress.com/2021/05/09/le-premier-homme-du-monde-de-raphael-alix/
Pour aborder ce premier roman plutôt original, mieux vaut laisser son esprit cartésien au repos et accepter le postulat de l'auteur qui prend grand soin de ne pas tomber dans la science-fiction. Car la science, la possibilité qu'un jour cette hypothèse de romancier devienne réalité ne sont pas son propos ; il s'agit pour lui de trouver un point de départ à l'exploration de la question du genre et de l'identité. Notamment de la masculinité. Alors va pour cette "première mondiale"...
Rose et Marcus sont amoureux, et unis par une même passion, le tango argentin. Chaque soir, ils dansent sur les quais de la Seine et font l'admiration du public et des autres danseurs. Leur bonheur semble sans nuage jusqu'à ce que Rose désire avoir un enfant. Les mois passent, son ventre reste désespérément creux, elle dépérit, Marcus aussi de la voir si malheureuse, leur tango se désunit. Et puis enfin, les nausées matinales, les vertiges... sauf que ces phénomènes bien connus ne se produisent pas chez Rose mais chez Marcus. Couvade, diagnostique d'abord le médecin avant de se rendre à l'évidence : Marcus est enceint. Colère de Rose qui claque la porte, désarroi de Marcus face à cette situation inédite et improbable qu'il pressent source de pas mal d'ennuis...
"Alors imaginez, après une vie passée à essayer d'être un homme, un vrai, un dur, me retrouver dans cette situation".
Ce postulat permet de questionner de façon malicieuse les places assignées par la société aux hommes et aux femmes en bousculant l'ordre établi. Chamboulement chez les protagonistes, le premier réflexe de Rose étant de penser que Marcus lui pique son rôle tandis que ce dernier s'imagine peut-être subir une transformation irréversible et devenir femme. Gros choc également dans l'opinion, avec des références à tous les débats actuels autour du couple et des enfants, que l'auteur traite par des situations et des réactions assez cocasses. Le cheminement de Marcus lui permet de trouver des clés de compréhension, transcendé par l'amour qu'il porte à Rose, et nourri par l’expérimentation de sa nouvelle condition qui lui permet d'appréhender quelques spécificités de la condition féminine.
La plume de Raphaël Alix est légère, le ton équilibré. L'auteur ne cherche pas à démontrer, il reste sur une ligne étroite qui hésite entre fable et fantaisie mais ne tombe jamais dans l'excès. Le renversement des rôles est finement mené, les préjugés valsent au gré de tribulations parfois rock'n roll, la fraîcheur de l'ensemble donne autant à sourire qu'à réfléchir. Il suffit d'entrer dans la danse.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Merci Nicole pour cette chronique sur un sujet étonnant . Belles lectures. Prenez soin de vous
Marcus aime Rose. Rose aime Marcus. De leur petit studio où ils blottissent leur amour, ils ne sortent que le soir pour gagner les bords de Seine et se rapprocher encore en dansant le tango. La vie est simple et douce pour Marcus qui, de son propre aveu, préfère "rester à l'écart. Observer les nuages, [se] perdre dans leur épaisseur, [s']imaginer de jolies histoires. Contourner le monde. Fleurir la réalité, tenir en respect le réel, son âpreté ainsi que sa pesanteur" (p.10). Rien ne devrait changer afin que cet équilibre parfait soit maintenu.
Mais voilà qu'un jour, Marcus et le tango ne suffisent plus à Rose. Voilà qu'elle souhaite avoir un bébé ! Un bébé ! Pour Marcus, ce serait "mettre en péril [leur] petite musique, découper à grands coups de ciseaux [leur] fil soyeux, et le jeter dans la Seine." (p.20) Mais face au chagrin de Rose, il cède. Il nous raconte avec une once de dérision les échecs répétés "parce que faire un bébé, figurez-vous, il faut encore y parvenir." (p.30). Le ventre de Rose reste désespérément plat alors que celui de Marcus prend de plus en plus d'ampleur. Une "couvade" affirme le médecin. Face à ce qu'elle considère comme une provocation égoïste, Rose s'en va...
Et je n'en dis pas plus pour laisser aux lecteurs le plaisir de découvrir la suite des évènements !
Je n'irai pas par quatre chemins : j'ai eu un véritable coup de coeur pour ce si joli roman, pour ce conte d'aujourd'hui qui par la voix de Marcus nous parle de la vision stéréotypée que chacun de nous (quoi qu'il en ait) plaque sur le masculin et le féminin. Sur un ton espiègle qui fait la part belle à l'ironie pour démonter les clichés sur la partition des genres, Raphaël Alix nous raconte une histoire pleine de fantaisie et de tendresse. En adoptant le point de vue masculin de Marcus, il prend certes le risque que l'ironie ne soit pas perçue et que le discours soit pris au premier degré. Mais la construction du personnage de Marcus, l'utilisation des figures de style et la connivence subtilement instaurée avec le lecteur déjouent cette possibilité. "Voici le canevas, débrouillez-vous comme vous voudrez : un homme, ça se conjugue au verbe avoir, un homme ça a du cran, ça a des couilles, ça a la force, les biceps, le bagout, la voiture. Une femme, ça se conjugue au verbe être, une femme c'est joli, c'est soigné, affectueux, sensible, salope. Et enceinte. Chacun son camp : soit tu as un pénis, soit tu n'en as pas. Le sexe détermine le genre." (p.101)
L'aventure de Marcus et Rose brasse allègrement les notions de genre et tout ce qu'elles portent d'artificiellement figé. J'ai ressenti cela comme une profonde bouffée d'air frais, comme un balayage salutaire des idées reçues et des conditionnements séculaires. Oui c'est un conte, une fable à laquelle j'ai adoré croire jusqu'à l'ultime page ! Vous l'avouerai-je ? Ce n'est pas sans un peu d'eau au bord des paupières que j'ai laissé partir Marcus et Rose.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/01/le-premier-homme-du-monde-de-raphael.html
Marcus et Rose, danseurs de tango, sont amoureux et fusionnels. Lorsque Rose évoque l'idée d'avoir un enfant il lui faut d'abord vaincre les réticences de Marcus qui craint de voir un être s'immiscer entre eux deux.
Malheureusement Rose ne parvient pas à tomber enceinte... C'est alors que Marcus constate un bombement prononcé de son abdomen et des symptômes bien étranges. Est-ce une sorte de couvade que Marcus développe par solidarité avec Rose ? Son inconscient réalise-t-il dans son corps le désir de sa femme ? Le médecin qu'il consulte lui confirme l'inimaginable : il attend un enfant ! Par la simple force du désir de ses parents, le bébé a décidé de faire son nid dans le ventre de son père, un renversement de situation inimaginable...
Comment va réagir Marcus qui a passé sa vie à essayer d'être un homme, un vrai, un dur ? Comment va-t-il vivre cet évènement lui qui a été abandonné par son père dès l'annonce même de sa conception ? Cette grossesse va-t-elle lui offrir la maternité mais lui ôter sa virilité ? Comment va-t-il s'emparer de son rôle de père si important à ses yeux ? Va-t-il être le premier être d'un genre nouveau ?
A partir de cette situation incongrue Raphaël Alix explore très finement les questions du genre, de la virilité et de la féminité. Le temps d'une grossesse Marcus va emprunter un nouveau rôle, s'habiller en femme et changer de genre, il va par exemple ressentir le regard de convoitise des hommes sur lui et comprendre ce que signifie être une femme. Les rôles entre hommes et femmes sont redistribués, l'auteur multiplie avec malice et tendresse les situations cocasses. Voilà une histoire qui m'a embarquée dès les premières pages et que j'ai lue d'une traite. Un récit tendre, délicat, d'une infinie subtilité servi par une écriture vive. L'auteur met en scène des personnages principaux Marcus et Rose très touchants, ils sont entourés de personnages secondaires, Norbert et Jacinthe amis fidèles de Marcus, tout aussi attendrissants. Voilà un exercice d'équilibre parfaitement réussi car ce sujet aurait pu être scabreux et Raphaël Alix ne tombe à aucun moment dans le grand-guignol.
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Merci pour cette chronique Zabouille . J'avoue que cette histoire m'intrigue . Belles lectures . Prenez soin de vous