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Alors qu'il se retrouve avec le cadavre d'un inconnu sur les bras, Léo-Paul est saisi d'une idée folle : le maintenir artificiellement en vie grâce à son téléphone portable. Travail, famille, amis, à l'aide de l'appareil, il se substitue peu à peu au défunt, annonce qu'il prend ses distances et ne donnera plus de nouvelles, sinon par messages. Mais il n'est pas facile de " faire le mort ". L'exercice est périlleux et les risques sont grands. Surtout lorsque le disparu a une femme ravissante et des ennemis bien mal intentionnés...
Comédie policière savoureusement immorale, Le Portable se joue de notre addiction à cet objet qui sait tout et trop de nous. En s'immisçant dans l'intimité d'un autre, on peut le sauver, le venger, détruire sa vie et même en profiter pour la lui voler.
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« Le portable » a été une lecture divertissante. Un court thriller humoristique atypique, loufoque, délicieusement immoral et sympathique. Je me revois flâner dans les files d'attente du quai du polar, le sourire aux lèvres devant mon livre. Malgré son ton très léger, le portable amène tout de même une belle morale sur la trop grande importance du téléphone dans nos vies et amène à réfléchir. Une lecture que j'ai adorée.
Les + :
* Une histoire divertissante et drôle. Pierre et Léo-Paul n'auraient jamais dû se rencontrer si Pierre n'avait pas eu la brillante idée de mourir sur le canapé de son confrère. Suite à cette petite mésaventure, Leo a décidé de fouiller son téléphone pour en apprendre plus sur Pierre. Une idée complètement farfelue lui est alors venue en tête: se substituer à Pierre numériquement. À travers le petit carré noir, il va fouiller sa vie et continuer de le faire vivre autrement. Mais jusqu'où cela va mener Léo-Paul ? Une histoire complètement immorale, cynique, drôle et atypique.
* J'ai aimé que Christophe écrive à la première personne comme si Léo-Paul nous confie son aventure totalement immorale.
* Bien qu'il manquait un peu de développements, j'ai adoré les personnages. On découvre Pierre petit à petit grâce à son téléphone ce qui est drôle et décalé.
* Une écriture piquante, atypique, fluide et tellement drôle. Un ton presque sarcastique.
Les – :
* Cela manque parfois un peu de profondeur et de crédibilité.
« Ce type est mort. Et bien mort. N'empêche. Quelque chose me turlupine. Il ne peut pas s'être tout à fait éteint puisque son portable est allumé. (...) L'encéphalogramme de ton premier cerveau est plat. Mais ton second cerveau demeure actif. »
Piquante ouverture qui voit Léo-Paul, le narrateur, trouver dans la rue à cinq heures du mat' un homme en train d'agoniser après avoir été grièvement agressé, le ramener dans son appartement où il finit par décéder sur son canapé après une ultime supplique ( « je ne veux pas mourir »). Il le prend au pied de la lettre et décide de prolonger sa vie en usurpant son identité via le téléphone ... à commencer par répondre à un texto de l'épouse du mort.
Le scénario n'est évidemment pas archi plausible mais on est vite emporté par la fantaisie cocasse de la narration. Et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on suit les aventures de Léo-Paul, curieux de découvrir quel sort lui réserve l'auteur à mesure qu'il manipule l'identité du mort, qu'il entre dans sa vie à coups de mails et textos qui couvrent de plus en plus de surface. L'auteur maitrise parfaitement l'avancée de son récit sur un ton mi-goguenard mi-flegmatique, enveloppé d'une l'écriture précise, directe, sans fioritures. C'est dans le bon tempo que se dévoilent la personnalité de Léo-Paul ( avec sa part de mystère justement préservée ) ainsi que les raisons pour lesquelles un homme d'apparence ordinaire a été assassiné de façon extraordinaire.
On est clairement dans le divertissement, pas dans le roman à thèse mais cela n'empêche pas Christophe Wojcik de questionner subtilement notre rapport aux téléphones portables, notre sujétion, notre addiction à ces objets « constitués d'un système central innervé par des connexion. Ils ont de la mémoire. Ils parlent. Ils voient. Ils dialoguent entre eux. Ils nous contiennent. Nous les rendons vivants, d'une certaine manière, en leur confiant des fonctions essentielles à nos vies. » C'est presque effrayant de constater la facilité avec laquelle le narrateur parvient à s'infiltrer virtuellement dans la vie d'un inconnu. Effrayant aussi de voir le plaisir quasi jouissif que prend Léo-Paul à se mettre en danger juste avec un téléphone, comme si cette nouvelle console de jeu comblait la vacuité de sa vie.
Il ne fallait pas que le texte soit plus long, 120 pages sur un livre petit format. L'épilogue, savoureusement immoral, arrive au bon moment, avant qu'on ne se lasse. L'auteur semble avoir tiré tous les fils possibles de son postulat de départ et de son personnage principal. Il m'a manqué tout de même un peu de chair et de chaleur pour qu'il reste une empreinte forte après cette lecture de l'instantané. Sans doute les limites de cet exercice de style atypique et maitrisé.
Léo-Paul et Pierre forment un duo d’enfer.
Dans leurs petites différences, on peut relever que Léo-Paul vit dans un luxueux loft à Paris alors que Pierre habite un appartement modeste à Lyon.
On peut aussi noter que Léo-Paul est un riche rentier tandis que Pierre est un vendeur de cannes à pêche criblé de dettes.
Ah oui autre détail, Léo-Paul est vivant mais Pierre lui, est mort et git dans le canapé de ce dernier qui l’a trouvé blessé dans la rue.
C’est le portable de Pierre qui, en offrant une totale visibilité sur lui, va donner envie à Léo-Paul de rompre son quotidien insipide et de s’immiscer dans la vie de son nouvel «équipier».
Un court roman cocasse et original que j’ai lu avec le sourire aux lèvres, me régalant de la « fusion numérique » de ce duo improbable.
En se jouant de cette situation absurde, Christophe Wojcik nous ouvre les yeux sur notre propre monde où la communication s’est réduite à quelques mots écrits sur un clavier. Dans un style percutant au franc-parler, il soulève avec beaucoup d’humour, la réalité de ces échanges impersonnels derrière lesquels n’importe qui peut se cacher.
Il ne reste plus qu’à espérer ne pas perdre un jour nos portables et voir nos vies happées dans le dédale de ce monde numérique qui nous a déjà échappé.
Un premier roman très réussi, immoral et drôle à souhait.
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