Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Conclusion de la trilogie sur la mort de l'auteur dans un polar façon puzzle, un récit intriguant mêlant humours et suspense, c'est à la fois tendre et corrosif, une lecture à travers les pensés des participants à l’enterrement de Léon Léger, un voile qui se lèvera sur une mystérieuse mort. Chaque chapitre consiste en un monologue constituant le portrait de Léon Léger. Une oeuvre jubilatoire, une fresque humaine, décalé, fantasque, témoignage original.
Qu’elle est longue et triste cette minute de silence qui conclut un enterrement. Alors quand 100 personnes ont ces soixante secondes pour penser au défunt, cela donne 100 récits différents, tous plus originaux les uns que les autres qui, à la façon d’un puzzle, redonnent vie au disparu.
Car il faut dire que dans ce village dépeuplé « qui meurt à petit feu », les commérages vont bon train et il en a fait parler des bonnes âmes ce Lucien Léger de son vivant.
Qu’on l’ait trouvé séducteur, affable ou « limite louche », il ne laissait personne indifférent. C’est sûr, sa papeterie artisanale fonctionnait bien mais cette histoire d’extra-terrestres, c’était quand même bizarre ! Et puis, quel coureur de jupons ! Quoiqu’il en soit, ce que l’on ne peut nier, c’est qu’il était exubérant et bienveillant.
Alors, pendant 1 minute, tout le monde va se remémorer un souvenir, une rancune, une histoire d’amour ou de camaraderie et, par la plume pleine d’humour de Christophe Wojcik, c’est toute une palette de rapports humains qui vont se dévoiler sous nos yeux, nous révélant petit à petit, la cause de la mort du fameux Lucien Léger.
Pendant toute la lecture de ce court roman, je me suis régalée avec ces petites pensées ordinaires qui m’ont amusée dès la première ligne et m’ont laissé le sourire aux lèvres jusqu’à la résolution de cette énigme rurale bien de chez nous.
Imbriquées dans une succession d’enchaînements joyeux, tantôt acides, tantôt loufoques, pas de doute, ces 100 minutes de silence « exhalent un délicieux parfum d’éternité ».
La mort est un filon comme les autres. Pas facile de qualifier la profession du narrateur. « Apologiste des défunts ? Compositeur des morts ? Conteur posthume ? Prosateur nécrologique?Glorificateur des trépassés ? ». Antoine écrit des oraisons funèbres personnalisés de haute tenue à partir des renseignements collectés auprès de la famille du défunt. Parfois, voulant vérifier in situ l'effet de ses éloges, il assiste discrètement aux obsèques. Jusqu'à ce qu'il y rencontre inopinément l'amour, chamboulant la vie bien ordonnancée de cet homme solitaire et discret.
Le roman fait moins de 150 pages à grosse police, pages aérées. Forcément, avec un texte aussi court, la réussite repose encore plus sur la qualité de la construction narrative. Et dans ce domaine, c'est incontestable que Christophe Wojcik excelle et maîtrise parfaitement le genre novella. Au millimètre, il trouve le bon tempo pour déroulé son intrigue : rythme soutenu, pas de temps à perdre, mais sans se précipiter, avec les faux plats nécessaires pour la compréhension des personnages et de leurs actes, vite dépassés par des péripéties inattendues.
On ne s'ennuie jamais, d'autant qu'on rit beaucoup sur un sujet culotté, la mort sous tous ses aspects( deuil, euthanasie, soins palliatifs, business mortuaire ), qui ne prête pas intuitivement pas à la plaisanterie. Evidemment, l'humour porte noir. Si on l'apprécie, les situations sont délectables et cocasses à souhait, allant d'une palette gentiment acide à une piquante immoralité, en passant par des nuances beaucoup plus à la fantaisie tendre car Service après-mort est avant tout une histoire d'amour sous couvert de fable contemporaine espiègle questionnant sur nos travers.
A un moment, j'ai eu tout de même peur d'un petit côté moralisateur punissant les déviants, mais l'auteur a l'art des chausses-trappes permettant de changer judicieusement de braquet, jusqu'à un savoureux épilogue, simple mais évident. Antoine, qui disait « Si je mourais demain, il n'y aurait rien à déclarer » dans la première moitié du récit, peut se targuer, à la fin, d'avoir au contraire beaucoup à déclarer.
L'auteur a une vrai patte, très plaisante à lire lorsqu'on goute l'humour noir, même si l'empreinte sera fugace.
Qui aurait cru que, de la politique aux pompes funèbres, il n’y avait qu’un pas ?
Antoine, lui, n’en doute pas et, fort de ses études de commerce puis de sciences politiques, il se sait expert dans les discours écrits pour autrui. Il faut dire que pour un ministre comme pour un défunt, le principe est le même. Il suffit simplement de trouver le mot juste et de cerner au mieux les intentions de l’orateur.
Idéaliste, sentimental et rêveur, Antoine s’engouffre alors dans un job de rédacteur d’oraisons funèbres, certain que son avenir est là. D’ailleurs, il n’a pas tout à fait tort car il y rencontre la femme de sa vie, Mélina, une infirmière en soins palliatifs avec qui il semble couler le plus parfait des bonheurs.
Mais la Mort est un domaine qui cache parfois des secrets inavouables et les pensées comme les regrets, pourraient bien être éternels.
Avec ce couple atypique dont « l’un accompagne la fin de la vie et l’autre le début de la mort », Christophe Wojcik nous offre un roman d’amour dans un décor de cimetière, où la romance côtoie le drame et où l’humour jongle avec le chagrin.
Un roman noir dans l’air du temps qui, sous des airs de légèreté, soulève le difficile sujet de la fin de vie et nous interpelle sur les choix qui seront les nôtres lorsque la Mort frappera à notre porte.
Drôle, tendre et original.
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