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Une oeuvre de transition, c'est ainsi que le film de Mario Monicelli est généralement présenté. Le Pigeon (1958) marquerait l'avènement de ce que l'on a appelé la comédie « à l'italienne », mêlant drame et farce. Invariablement, le film est apprécié au filtre de cette appartenance et d'un contexte historique qui auront fini par le voiler d'une sorte de grille de lecture adaptée mais convenue.
Pourtant, cette oeuvre narrant un cambriolage spectaculairement raté par une équipe de bras cassés (en italien, le film a pour titre I soliti ignoti, « Les inconnus habituels ») est plus que cela.
Pour le démontrer, Loig Le Bihan se livre à une étude minutieuse de la grande scène centrale du cambriolage, faisant parler les nombreuses variations entre scénario et tournage.
Il interroge les sources d'inspiration de cette fiction et montre à quel point les décors naturels romains y sont présents, une Rome pauvre, périphérique, en chantier, ou tout au contraire centrale et héritière de l'urbs antique, à quel point aussi cette fiction est ancrée dans une histoire de l'art assumée.
L'auteur analyse également les critiques, suite et autres remakes du film et souligne que s'il joue sur le grotesque, n'hésitant pas à grimer ces deux acteurs vedettes que sont Marcello Mastroianni et Vittorio Gassman, c'est d'un grotesque réprimé, pour réaliser la peinture en demi-teinte d'un petit peuple romain qui finira par retourner au travail, qu'il le veuille ou non.
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