"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Abandonné à la naissance, Jack est passé d'orphelinats en foyers, avant que Maryann, une lesbienne mise à l'écart par la bonne société de Louisiane, le prenne sous son aile. Aujourd'hui celle-ci vit ses derniers jours et sa propriété est menacée par les banques. Jack, qui veut à tout prix conserver cet héritage, doit trouver l'argent nécessaire. Mais, le corps cassé par une vie de combats, ravagé par de multiples addictions, il ne se sent plus la force d'avancer. D'autant plus qu'il doit aussi affronter Big Momma Sweet, qui règne sur cet empire du vice qu'est le delta du Mississippi.
Michael Farris Smith écrit mieux que personne sur le désespoir américain. Après Nulle part sur la terre, il s'impose ici définitivement comme la voix des exclus, des survivants, des combattants, aussi. Si le portrait est noir, l'écriture est d'une poésie rare, et le lecteur ne peut lâcher ce livre, qui oscille peu à peu de l'ombre vers la lumière.
M.F. SMITH peint des portraits sans concession de personnages abimés par la vie dans une Amérique des petites gens.
Son récit est vraiment addictif, la langue est juste et picturale (merci le traducteur). Les personnages sont remarquablement croqués.
Étonnant que le cinéma ne l'ai pas approché.
J'aime la part de lumière qui reste dans ses récits, sans bons sentiments. Juste des hommes et leurs choix, sans juger, sans moraliser. Mais toujours une lumière après la tempête.
J’ai suivi Michaël Farris Smith sur base de la confiance gagnée par cet auteur lors de ma lecture de « Nulle part sur la terre ». J’ai retrouvé cette écriture simple qui rend le livre très accessible. Les phrases sont en générales courtes et d’une structure grammaticale de base. Lorsqu’elles s’allongent, c’est au prix d’une utilisation, parfois répétée, de la conjonction de coordination ‘et’…Curieusement, cette technique m’avait heurtée lors de la découverte de « Nulle part sur terre». Ce choix de l’auteur me paraît cette fois plus acceptable. Je m’habitue ? Ou je réalise que cette manière d’écrire permet de faire coller le phrasé lu aux personnages rudes, entiers, peu instruits, qualificatifs qui ne sont pas synonymes de brutes, grossiers ou simplets. Loin de là.
Les personnages de Michaël Farris Smith sont des êtres oubliés du fin fond de l’Amérique, des hommes et des femmes aux caractères entiers, aux vies complexes, aux passés troubles, aux présents nébuleux, aux futurs précaires. Et tous, ils avancent sur leurs chemins au milieu de nulle part avec des repères internes cachés, des mobiles étonnants, dramatiques, parfois davantage malveillants que bienveillants, semble-t-il. Pourtant, l’auteur ne les juge jamais. Il nous donne d’en prendre connaissance… conscience, peut-être.
En lisant les pérégrinations de ces paumés de l’existence, de ces combattants à la recherche d’un à-venir meilleur, j’ai plus d’une fois pensé à l’ambiance de Bagdad café, film datant déjà mais dont la musique envoûtante m’est restée dans l’oreille. En plus sordide ici, plus en survie, les héros de Michaël Farris Smith font aussi preuve de résilience et, même hors-la-loi, ils tâchent de vivre selon des codes d’honneur qui en valent bien d’autres que nous voyons se développer dans notre société de nantis. Volonté de terminer ce qui est entamé, de garder ou retrouver une fidélité pour ceux qui, un jour, ont tendu une main, dit une parole, offert un silence compréhensif. Même perdu, écrasé, apparemment battu, garder sa dignité et se relever, tomber encore peut-être, mais vouloir encore se relever, vivre debout !
L’histoire, le cadre, les déchéances mises en exergues font de ce pays des oubliés un roman dur, triste, violent. L’auteur ne fait pas (trop) de concessions à des entourloupes permettant de finir par l’affirmation ‘Et ils vécurent heureux… » Il y a des artifices d’auteur permettant au scénario de tenir sa courbe, atteindre son paroxysme et redescendre vers une fin ouverte, bien sûr. Tout doit tenir en 250 pages. Mais, le lecteur se rend vite compte que ce n’est pas tant l’histoire, la romance de ce road movie qui compte. Bien plus intéressant est la piqûre de rappel nous invitant à ne pas oublier qu’au pays de l’oncle Trump, il n’y a pas que des buildings en or et des coffres remplis de richesses, d’aisance et de certitudes à tweeter. M.F. Smith se fait le chantre des exclus, des sans voix, des oubliés d’une Amérique de plus en plus violente et méprisable. En assurant la traduction et la publication en français, les éditions Sonatine nous invite à réaliser que la misère de ceux-là est malheureusement transposable et déjà, pour large partie, transférée dans notre vieille Europe.
Un roman qui invite donc à réfléchir sans trop vite juger. Une réussite !
Lien : HTTPS://FRCONSTANT.COM/2019/..
https://ffloladilettante.wordpress.com/2019/01/17/le-pays-des-oublies-de-michael-farris-smith/
Avec Le Pays des Oubliés je peux encore dire «Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir». Dans son style si particulier, avec sa succession de «et», Michael FARRIS SMITH nous entraîne dans la descente aux enfers de son anti-héros Jack. Il y a la violence, les coups, l'alcool, les pilules rouges ou bleus, l'impitoyable maquerelle-organisatrice-de-combats-dealeuse-et-j'en-passe.... et toujours la désespérante solitude de celui qui est né déshérité dans le sud de cette Amérique qui nous a fait fantasmer.
Ballotté toute son enfance de famille d'accueil en famille d'accueil Jack n'a aucun point d'ancrage avant d'arriver chez Maryann, la seule qui va enfin lui apporter de l'affection et qu'il considère comme une mère. Mais est-ce suffisant quand on est si mal parti dans la vie? Que c'est dur quand on s'engage toujours sur le mauvais chemin. Il n'y a pas que des fatalités dans les romans de Michael FARRIS SMITH: ses personnages ont toujours le choix mais ne peuvent s’empêcher de prendre la mauvaise direction. Jack a choisit d'être lutteur d'où le titre original The Fighter, alors des coups il sait en donner mais il en a surtout reçu, Il n'est pas vieux mais complètement usé et il ne peut se pardonner d'avoir déçu Maryann en raison de ses choix de vie.
L'auteur ne fait pas grand chose pour faire aimer Jack. Cependant je m'y suis attachée tout au long de ma lecture j'avais envie de lui dire «arrête, tout ça ne sert à rien, reprends ton souffle!». Je n'ai pu m'empêcher d'espérer.
Et puis il y a l'émouvante Annette, qui a fait de son corps une œuvre d'art à force de tatouages et s'est crée sa propre église pour l'aider à vivre.
Magistral, comme l'était le précédent polar de cet auteur talentueux qui ne craint pas de peindre des personnages maltraités par la vie, cabossés mais également un peu fous et certainement peu préservés par la culture sociale actuellement appliquée aux Etats Unis. L'écriture est rapide, les situations sont décrites sans concessions, le tout dans une nature peu hospitalière qui ne fait aucun cadeau à notre héros.
Bref, un roman noir qui permet à l'auteur de figurer parmi les grands !
Combien sont-ils, ces êtres que la vie semble prendre plaisir à blesser encore et encore ?
Et surtout, comment sont-ils censés inverser le cours des choses, quand chaque jour est un combat pour survivre, toujours plus féroce que celui de la veille ?
Jack Boucher fait partie de ces oubliés.
Abandonné quand il était bébé, baladé de foyers en familles d’accueil, il est tout juste âgé de 12 ans quand il arrive chez Maryann.
Cet enfant, nerveux, malheureux et furieux, est persuadé qu’elle est comme les autres.
Qu’elle ne le gardera pas.
Qu’elle ne l’aimera pas.
Qu’elle ne le comprendra pas.
Ce qu’il ne peut pas encore savoir, c’est qu’elle est déterminée à lui prouver le contraire, et qu’à force de patience et de tendresse elle y parviendra.
Oui mais voilà, quand la vie vous prend en grippe elle ne relâche pas facilement sa proie.
Des décennies plus tard, celle qui est finalement parvenue à devenir sa mère est alitée, dans une maison de retraite, avec la mémoire en morceaux et la vie qui s’en va peu à peu.
Et la maison, leur maison, est menacée de saisie par les banques.
Désormais, la seule chose qui comptera pour Jack, c’est de la sauver. De préserver le seul endroit sur Terre où il a été heureux.
Pour ça, il lui faut juste une certaine somme d’argent.
Rien d’énorme, mais pour cet homme, qui a passé sa vie à aller de mauvais choix en mauvaises décisions, ça ressemble à s’y méprendre au défi de trop.
Celui qu’il risque de ne pas réussir à relever.
Quand vous avez passé votre vie à donner et prendre des coups, que votre corps n’est plus qu’un champ de ruines et que votre moral est à l’avenant, quelle solution vous reste-t-il ?
Peut-être la réponse est-elle dans un dernier sursaut de colère, une volonté farouche de ne pas décevoir, ou dans le hasard d’une rencontre.
Dans le choix entre une pilule bleue ou une pilule rouge.
Ou peut-être n’est-elle nulle part.
Jusqu’à la toute dernière page vous espérerez, vous combattrez, vous réfléchirez au côté de Jack.
Mais quoi qu’il en soit, vous n’aurez pas plus envie de renoncer que lui.
Une histoire sombre, sobre, et malheureusement réaliste.
Un roman à découvrir, parce qu’il est beau, et parce qu’il donne à réfléchir.
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