"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À son entrée au Tibet, un écrivain rencontre deux lamas qui lui offrent l'hospitalité. Lors d'une marche éprouvante à travers la montagne, l'un d'eux lui révèle que les rêves qui l'assaillent sont le lointain souvenir de ses vies antérieures. Durant son séjour au monastère, le narrateur s'initie à l'art d'en remonter le cours. Or, quelle n'est pas sa surprise d'y croiser certains personnages qu'il avait mis en scène clans ses romans ! Fuyant la sévère campagne de rééducation menée par les autorités chinoises, il tente de repasser la frontière. Mais est-il encore capable de démêler si ce qui lui arrive appartient à la réalité, au domaine du rêve ou à l'ultime de ses vies antérieures ? Depuis Archéologie du zéro, Alain Nadaud excelle à écrire des romans en trompe-l'oeil, dont les vertiges sont autant plus ici à la mise en abyme du récit qu'aux mystères du bouddhisme et à l'altitude des sommets himalayens.
Hélène, je reconnais que la grimpette est rude, mais je peux prêter mes chaussures à qi veut, en espérant qu'elles iront bien aux pieds (pointure 45 !)
Le passage du col est un roman singulier à tous les sens du terme. Il concerne l’itinéraire d’un seul homme - le narrateur, profession écrivain - parti du Népal, qui, répondant à la suggestion de deux lamas suite à des péripéties de voyage collectif, se retrouve engagé sur des sentiers éprouvants de la chaîne de l’Himalaya, pour pénétrer en Chine, province du Tibet. Original, ce cheminement par ailleurs métaphysique qui le conduit via le col de Lalung La, au monastère bouddhiste de Philong Ta où il s’initie à la méditation. Extraordinaire, ce retour sur soi par lequel il retrouve certains personnages qu’il avait mis en scène dans ses romans et qui valent au lecteur d’en retrouver des passages. Le narrateur trouve l’occasion sur ce chemin de donner un sens inattendu au « passage du col » dont l’expression génère de belles pages.
La toile de fond est plurielle qui met aux prises les moines tibétains substituant la ruse à la violence interdite et l’armée chinoise exécutrice de la brutale campagne de rééducation voulue par Pékin. L’imagination et le talent d’Alain Nadaud excellent à la narration de scènes pittoresques entre résistance malicieuse d’un côté et barbarie bornée de l’autre ; elles conduiront, via le col de Barub La, au retour à la normale, à moins que…
Le roman comme l’éternité, est un peu long vers la fin, où la méditation remontant toujours plus haut se confronte à la vocation de l’écrivain. Il apparaît là que l’auteur mord sur le récit du narrateur, emmenant le lecteur hors pistes. Le livre, bien écrit, sans esbroufes, surmonte ce défaut mineur et offre aux amateurs d’exotisme voyageur et spirituel une évasion intelligente et captivante. Tous les lecteurs y trouveront une défense et illustration de la cause tibétaine.
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