"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
. Et quand on a pour tout CV une gueule ravagée et des poings fatigués, les perspectives sont limitées.
Jouer les gros bras pour Lazlo, un prêteur sur gages croate, c'est dans ses cordes. Mais il va vite s'y faire coincer... et se retrouver, à tort, accusé de meurtre. Baladé par son ami Sergueï, réfugié politique et chauffeur de taxi, mis sous pression par le comissaire Lefèvre et troublé par Julie, la fliquette, Pierre Titube.
Quitte à livrer l'ultime combat, autant partir en beauté, en enchaînements spectaculaires et directs destructeurs !
Un style très efficace, qui l' emporte sur l' intrigue...
Qu'il est difficile de décrocher de ce roman noir ! Une fois commencé, c'est fichu, on ne peut plus le lâcher. Époustouflant et à couper le souffle, pourrais-je dire si je ne craignais pas la tautologie. Rien, à part une malheureuse phrase p.409 ne vient gâcher le plaisir : "J'ai poussé comme j'ai pu dans la jungle des foyers éducatifs. J'ai cru pouvoir me reposer dans des familles d'accueil qui n'étaient que des repères de pédophiles." Arrgh, je m'étrangle, moi, assistant familial, dont le métier est de protéger des enfants en les accueillant dans ma famille ; dans certaines situations, on peut même mettre la nôtre en danger, je suis sidéré par cette phrase, à laquelle j'accorde sans doute trop d'importance, qui doit être plus maladroite qu'accusatrice (même si je ne nie pas certains actes abominables de collègues envers les enfants qu'ils sont censés protéger, ils restent très largement minoritaires. Fort heureusement !).
C'est la seule maladresse de ce livre, parce que le reste est absolument maîtrisé, tant dans l'écriture que dans le déroulement des intrigues, dans le fait de distiller des indices, des explications çà et là ou dans la description de ses personnages ou encore dans les explications historiques des faits évoqués. L'écriture pour y revenir, est vive, dynamique, alterne les descriptions, des dialogues aux réparties piquantes, ironiques, vaches ou drôles :
"J'allume ma cigarette et tire une première bouffée.
- Tu fumes de nouveau ?
Je me retourne. Sergueï. Je n'avais pas reconnu son accent, c'est normal : il roule les "r" et y'en avait pas dans sa phrase." [...]
- Faut pas se fier aux apparences, Sergueï. Tu vois, j'ai mes chaussures aux pieds et, pourtant, je ne marche pas !" (p.30/31)
Pierre Couture est un type de 27 ans qui se pose beaucoup de questions sur son avenir, la boxe semble être derrière lui désormais et sur son passé également, père et sœur morts dans un accident et mère suicidée lorsqu'il était très jeune, d'où ses séjours en foyers et familles d'accueil. Il travaille à mi-temps au café de la poste, vit dans un petit appartement au-dessus du périph parisien, rien de bien folichon. Lui même n'est pas guilleret, boit beaucoup et ne recule jamais devant un coup de poing à donner. Malgré cette relative tièdeur du personnage principal, ou grâce à elle, car il va se révéler pugnace, c'est un polar haletant, on ne comprend pas bien dans quelle affaire est tombé Pierre, mais on sait que ce panier de crabes est une nasse de laquelle il est ardu de s'extirper ; et petit à petit, l'auteur nous lance des bribes d'explications, des indices, qui une fois regroupés font sens, et il use parfaitement des rôles du diplomate ou du journaliste -procédé littéraire simple, pas toujours aisé à insérer élégamment dans un récit et très efficace, qui arrive ici naturellement- pour éclairer notre lanterne quant à la guerre entre les Serbes, les Bosniaques et les Croates au début des années 1990-, et d'un coup tout devient limpide.
Franchement, jamais je n'ai senti de longueur dans ce bouquin, j'ai retenu mon souffle durant ma lecture et croyez moi, pendant 416 pages, denses et en petits caractères, c'est long, j'ai dû friser l'arrêt respiratoire plusieurs fois, pour la bonne cause, bien sûr, savoir comment Pierre allait se sortir -ou pas - de ce guêpier trop complexe pour lui.
Quant au titre, un rien énigmatique, éclaircissements page 351, je laisse le suspense...
"On ne devient pas champion dans un gymnase. On devient champion grâce à ce qu’on ressent ; un désir, un rêve, une vision. » Mohammed Ali.
Pierre, 27 ans, boxeur, ancien champion de France et numéro 5 européen est dans une mauvaise passe.
« Enfant je m’endormais
Sur des K.O. de rêve
Et c’est moi qu’on soutient
Et c’est moi qu’on soulève » chante Nougaro.
Il sort d’un KO sur le ring, se met à boire et à fumer et surtout se retrouve mêlé dans une sombre histoire de meurtres.
Son vieux coach Emile voudrait bien le voir (dé)poser les gants, une sorte de retraite anticipée.
« Le Vieux ressemble à un père de famille veillant sur sa progéniture. Un père qui n’aurait eu que des fils. Ici, tout le monde se ressemble. Une dent cassée, un nez large et de guingois, des pommettes saillantes, des arcades gonflées : notre air de famille, on se l’est taillé nous-même, à grands coups de poings dans la gueule. »
Son pote de comptoir Sergueï va lui proposer un contrat ni catholique, ni orthodoxe.
Jouer les gros bras pour un certain Lazlo, croate plus que louche réfugié à Paris.
Le petit peu d’argent gagné comme barman chez ses amis Josy et René ne suffit plus. Alors oui pourquoi pas aller jouer le dur si c’est bien payé.
Sergeï, Lazlo, nous voilà plongés dans l’histoire sanguinaire et encore toute fraîche de l’ex- Yougoslavie.
Et quand Pierre apprend que son père, ambassadeur à Zagreb, décédé il y a plus d’une quinzaine d’années, serait impliqué dans cette zone d’ombres malfaisantes, il commence à sérieusement s’inquiéter.
Des légionnaires en cavale, des flics énigmatiques, des femmes mystérieuses : voilà de quoi vous tenir accrochés aux pages.
Le style généreux, chaleureux et émotif de Philippe Georget vous prend par la main et le cœur pour ne plus vous lâcher.
Ce Philipp Georget est un sentimental.
Pierre est un personnage attachant qui vous tient dans les cordes sensibles jusqu’à la fin du combat.
Les secondaires vont dévoiler leurs jeux de jambes, de poings et de cœur au fil des rounds. Des seconds couteaux…pas des jeunes premiers. Pas nés de la dernière pluie…à couteaux tirés.
« Je m’approche du grand mas perdu dans les vignes. Mes jambes tremblent.
Ce n’est pas la fatigue.
Ce n’est pas le froid.
Ce n’est pas le vent. »
Ce sont les terribles fantômes du passé…
Un polar prenant, emballant. Une belle découverte.
En 12 rounds passionnants.
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