"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Manoir, par la finesse et la force de son style autant que par la puissance de ses évocations, s'inscrit dans la lignée des grands romans de la littérature sadomasochiste aux côtés d'Histoire d'O, Le Lien, Carnets d'une soumise de province ou Frappe-moi !Le Manoir est le récit de Pauline, jeune archiviste chargée de mettre de l'ordre dans les documents accumulés dans une demeure consacrée depuis un siècle à des pratiques et des rencontres sadomasochistes. Totalement ignorante de cet univers, Pauline découvre un monde étonnant de fantasmes. À cette découverte troublante que nous suivons pas à pas au gré des documents classés par Pauline, se mêle une expérience bien réelle avec son employeur, Julien, qui lui impose des règles en fonction de ses caprices.
Aux prises avec cet homme qui associe allégrement la souffrance avec le plaisir, la complicité avec la brutalité, Pauline se retrouve face à elle-même, à ses propres désirs et à ses propres choix.
Nous suivons alors son apprentissage, celui de la douleur accepté, du plaisir, de l'amour et de l'acceptation de soi.
Après deux semaines d'absences entre boulot, concertations entre membres du Gang des Lectrices et lectures, je reviens enfin vers le blog pour débuter ce mois de "l'amour". Notez les guillemets, car on n'attendra certainement pas février, donc la Saint Valentin, pour parler d'amour et de petites culottes. Ceci dit, je saisis l'occasion pour faire un retour sur "Le manoir" d'Emma Cavalier, livre érotique qui traînait depuis bien trop longtemps dans ma bibliothèque...
Avec quelques à priori, je me suis tout de même laissée entraînée dans un univers SM et j'avoue que j'ai adoré ça ! Si les fouets, les fessées et les rapports de domination et de soumission sont omniprésents, je retiens surtout une histoire d'amour et de respect qui m'a totalement prise au dépourvue.
Loin de l'image glauque et sale qu'on peut lui prêter, l'érotisme version SM de l'auteure est fait de réalisme et de codes tout à fait attrayant et voilà pourquoi...
Avec une entrée en matière qui démarre sur les chapeaux de roues, ce roman n'est pas une simple romance, mais un véritable roman érotique où les joues, rosies par des actes polissons, s'enflamment littéralement au regard de situations troublantes...
Derrière le travail de Pauline au sein du manoir, la présence de Julien et de ses activités échauffe les esprits, et pas que celui de notre héroïne si vous voulez mon avis... Initiée aux pratiques SM par son employeur, la jeune archiviste découvre un monde de douleurs et de plaisirs jusqu'ici insoupçonné. Un monde de domination et de soumission aux codes bien établis, un monde exempt de sordide, sublimé par un lieu où luxure et respect se confondent.
Tandis que nos deux protagonistes se découvrent mutuellement, nous découvrons à leur côté l'engagement d'une soumise envers son dominant et vice-versa. Non à sens unique, ce don de soi est le reflet d'une confiance entre deux partenaires, créant un lien charnel aussi puissant que subtil.
Avec fluidité, Emma Cavalier décrit l'évidence physique et émotionnelle de ses deux personnages et sort du simple cadre sexuel pour aborder la complexité amoureuse. Alors que Pauline multiplie les provocations envers son employeur, celui-ci est confus quant à l'attitude à adopter, conférant à ce duo des personnalités entières et parfois insaisissables.
Refusant toute soumise officielle, Julien cédera-t-il à Pauline ? Lui fera-t-il l'honneur de devenir son "maître" ? Quel élément se cache derrière cette retenue ?
Histoire d'amour et de désir entrecoupée par le classement des archives, Pauline remonte alors l'histoire familiale à travers ce manoir, lieu historique de débauche et de luxure mondaine, expliquant au passage l'état d'esprit de ses occupants. Véritable personnage, ce manoir renferme un doux parfum de scandale et de mystère, théâtre d'intrigues intrafamiliales.
D'une écriture limpide et réaliste, la romancière pose un regard digne et exaltant sur la pratique SM, loin de toutes idées dégradantes ou avilissantes. Avec pour seule ombre au tableau la non mention de préservatifs, ce roman est une réussite qui n'est pas passez inaperçu puisqu'il a reçu, en 2011, le Prix Eros Evian du meilleur premier roman érotique.
Reste à savoir quelle sera ma prochaine lecture coquine... Merci à l'auteure de m'avoir réconciliée avec ce genre souvent décrié.
Quelle est donc la pâtisserie choise pour ce livre ? Réponse sur le blog !
http://bookncook.over-blog.com/2021/02/le-manoir-emma-cavalier.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !