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Le livre des visages

Couverture du livre « Le livre des visages » de Sylvie Gracia aux éditions Jacqueline Chambon
Résumé:

La littérature peut-elle naître de ce qui semble lui être totalement étranger : l'immédiateté, le manque de recul, la familiarité, l'abrégé ? Sylvie Gracia en apporte la preuve en constituant un véritable journal en photo-textes sur Facebook, se lançant ainsi dans un projet littéraire unique qui... Voir plus

La littérature peut-elle naître de ce qui semble lui être totalement étranger : l'immédiateté, le manque de recul, la familiarité, l'abrégé ? Sylvie Gracia en apporte la preuve en constituant un véritable journal en photo-textes sur Facebook, se lançant ainsi dans un projet littéraire unique qui bouleverse la pratique traditionnelle de l'écriture autant que sa réception.
Qu'en penses-tu ? C'est juste un brouillon.
Au cours du printemps 2010, Sylvie Gracia commence à publier sur Facebook des images de son quotidien, prises depuis son téléphone portable, pratique courante pour les utilisateurs de Facebook. Très vite, elle légende ces photos, puis, au début de l'été, les légendes deviennent textes et, à la fin de l'été, elle tient un véritable journal en photo-textes. Elle devient alors consciente qu'elle s'est lancée dans un projet littéraire unique dans sa carrière d'écrivain, car il bouleverse la pratique traditionnelle de l'écriture autant que sa réception. Mais la littérature peut-elle naître de ce qui semble lui être tellement étranger : l'immédiateté, le manque de recul, la familiarité, l'abrégé ? Peut-on parler ici d'un parti pris autobiographique ? Certes, sauf que l'intime sur Facebook - et c'est le paradoxe des réseaux sociaux - est de l'intime délivré en plein vent.
C'est finalement en s'en tenant strictement au protocole initial, une photo et la réaction immédiate qu'elle suscite, que Sylvie Gracia trouve une forme narrative souple, entre une déconstruction apparente et une unité secrète et implicite. En retrouvant d'une certaine façon l'écriture automatique des surréalistes, le plus intime surgit dans un détail, une réaction, un éclat de colère, une peur dévoilée, un désir avoué. Ici, c'est le fragment, si consubstantiel à notre modernité, qui dévoile le réel, instant furtif dans lequel peut surgir la poésie la plus délicate comme la critique la plus féroce. Il s'agit sans doute d'un journal, mais écrit par un on plus libre et dès lors plus créatif que le je trop prévisible de la narratrice. Ici l'instant est roi. Qu'il s'agisse de la tendresse d'une mère pour ses filles, de l'appartement familier, de paysages urbains mais aussi d'idéologie ou de politique, le regard est comme neuf, lavé, et grâce à ce processus de distanciation, même l'épreuve de la maladie pourra peut-être se vivre autrement.
Un grand roman, qui invente une forme de récit encore jamais explorée. La vie d'une femme s'y montre intrigante, angoissante, gaie aussi, et le lecteur la suit avec une curiosité passionnée.

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