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"Est-ce que je serai à la hauteur ?" Quand il quitte l'Elysée ce dimanche 14 octobre 2018, Christophe Castaner n'a que cette question en tête. Dans deux jours, il sera officiellement nommé ministre de l'Intérieur. Un "kéké" derrière le grand bureau de Cambacérès? Gouailleur et tapageur, cet ambitieux camouflé derrière une rondeur toute pateline saura-t-il rassurer comme premier flic de France ? Le voilà qui touche du doigt son rêve, après 30 ans d'une carrière politique longtemps anonyme. Et comme toujours, une foule de doutes l'assaille. De la fierté, aussi. Et de l'émotion, lorsqu'il communique à sa famille la date et l'heure de la passation de pouvoirs.
Quelle revanche ! Sur une enfance morose, dans l'ombre pesante du père. Sur une éducation façon mauvaise herbe, aux tables de poker de Manosque, dans le sillage des voyous. Un chemin redevenu droit par la grâce d'une rencontre, celle de son épouse Hélène. Et par la force que résilience et persévérance confèrent aux auto-didactes. Revanche, enfin, sur une ascension laborieuse dans les arcanes de l'appareil socialiste, parsemée de petites et grandes humiliations.
Sa meilleure intuition, il l'aura eu à 50 ans, en s'encordant à Emmanuel Macron avant l'élection présidentielle. Castaner sait encore repérer les mains gagnantes. Et puis, ce jeune ministre dont il est si différent, il en est un peu tombé amoureux. C'est lui qui le dit. Alors qu'importe s'il n'est pas du tout premier cercle des Macron boys, toujours un peu à la marge, solitaire: il a le pied dans la porte. Porte qu'il achève d'ouvrir à la force du poignet, s'imposant dans les déplacements de campagne et sur les plateaux télé d'abord, au coeur du pouvoir ensuite.
Il est désormais au centre du jeu, en pleine lumière, carburant de tous les grands narcissiques. À Beauvau, donc. Premier flic sous escorte du spécialiste Laurent Nunez, Castaner s'emploie à se faire aimer des policiers, notamment durant la crise des Gilets jaunes : primes et main de fer face aux manifestants. De là à faire oublier sa gestion chaotique et contestée de ces samedis de tourmente, ses multiples bourdes ou encore sa tonitruante virée en boîte de nuit. Christophe Castaner est aussi clinquant dans ses coups d'éclats que dans ses faux pas.
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