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En février 2002, Michael Finkel, grand reporter courageux au prestigieux New York Times et star montante du journalisme américain, reconnu pour ses articles ultra-documentés sur l'Afghanistan, Gaza et Haïti, est limogé de son poste par son rédacteur en chef qui s'apprête à le désavouer publiquement en page trois du journal. Dans un article écrit à propos du travail des enfants dans les champs de cacao de Côte d'Ivoire paru le 18 novembre 2001 intitulé « Youssouf Malé est-il un esclave ? », Michael Finkel a menti aux lecteurs du NY Times : Youssouf Malé était en réalité un personnage composite créé par le journaliste alors qu'il le faisait passer pour un enfant authentique, photo à l'appui. Quelques jours après la parution de l'article, la branche canadienne de l'organisation humanitaire Save The Children a mené l'enquête dans le village du garçon et dévoilé le pot aux roses : Youssouf Malé n'a jamais existé. La direction du NY Times est alertée, Michael Finkel est mis à pied, sa brillante et prometteuse carrière est brisée. Réfugié chez lui dans le Montana, il attend avec angoisse d'être cloué au pilori dans le journal par son rédacteur en chef, Adam Moss, quand sonne le téléphone : « Monsieur Finkel ? Je suis journaliste à L'Oregonian. Je vous appelle à propos des meurtres ». Pour quelqu'un qui vient d'être licencié par le New York Times, Michael Finkel peut se considérer le plus chanceux des journalistes ; il apprend en effet qu'un Témoin de Jéhovah narcissique appelé Christian Longo, recherché pour le meurtre avec violences de sa femme et de leurs trois enfants âgés de deux, trois et quatre ans et se faisant passer pour « Michael Finkel, grand reporter au New York Times » vient d'être arrêté par le FBI sur une plage de Cancun, au Mexique. Une histoire vraie est le récit extraordinaire et terrifiant, construit comme un thriller, qu'a tiré Michael Finkel de sa correspondance échangée pendant une année - entre une cabane du Montana et un pénitencier de l'Oregon - avec Christian Longo qui sera finalement condamné à la peine de mort le 16 avril 2003 ; il raconte la dérive infernale, entre l'Indiana et l'Oregon, de ce jeune Américain de la middle-class, happé par une spirale d'échecs, de faillites, de mensonges à sa famille et de meurtres pour finir. Bien qu'Une histoire vraie soit surtout la terrible histoire de Longo, le retour par Finkel sur son propre mensonge journalistique sous forme de mea culpa est sans cesse présent dans un récit qui croise en fin de compte, deux histoires de menteurs pathologiques condamnés à faire équipe tout en s'épiant constamment. Mais quoiqu'il advienne, un journaliste reste un journaliste ! Michael Finkel, tout au long de sa reconstitution minutieuse et captivante de la vie comme des crimes de Christian Longo, est à la recherche d'un scoop, d'un élément, d'une vérité que le meurtrier aurait dissimulé, lors de son procès derrière un énième mensonge. Il le trouvera.
Original est le premier adjectif qui me vient à l’esprit après avoir lu la dernière ligne du récit "Le journaliste et le meurtrier" . Néanmoins, en refermant le livre, j’ai immédiatement envie de m’exclamer « mais tellement américain !».
La singularité du sujet traité et exploité par Michael Finkel donne un attrait tout particulier à son travail. Pendant plus d’un an, il a entretenu un dialogue, tantôt par courrier, tantôt par téléphone avec Christian Longo incarcéré dans l’Orégon. Soupçonné d’avoir tué sa femme et ses trois enfants, puis écroué après avoir fui pendant près d’un mois, le présumé meurtrier s’était fait passer pour notre auteur. Durant la cavale de Longo, notre journaliste a vu, quant à lui, sa brillante carrière au New York Times, détruite en quelques jours. Il avait tenté de flouer ses lecteurs avec un reportage truqué. S’en suit, entre les deux hommes, des échanges assez surréalistes, sur leur volonté réciproque, d’éradiquer à tout jamais l’imposture de leurs vies.
Par le biais de son livre, c’est un véritable anathème que jette Finkel sur le mensonge et ses dérives. Il donne l’impression d’espérer ainsi se racheter et d’obtenir le pardon de toute l’Amérique, un peu à la manière de Clinton après l’histoire de la robe souillée de Monika.
Mais ne boudons pas notre plaisir ! Le récit captive le lecteur dès le premier chapitre et le hante bien après qu’il ait achevé sa lecture, même si la fascination exercée tient plus du voyeurisme que de l'admiration.
Une histoire vraie, absolument incroyable ! Une introspection au scalpel des frontières entre mensonge et vérité...
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