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« On croit s'avancer dans l'évidence et on se retrouve dans l'inconnu », écrit Bernard Noël dans sa préface à Journal de la lumière & journal de l'ombre. Cette phrase est certainement la clé d'un livre qui s'emploie à déjouer la logique des lumières et des ombres, qui sont nos doubles, nos complices ou nos impostures. Le sentier emprunté est celui d'une forme à deux modules : de brefs tercets y alternent avec des proses, le tout entrecoupé de fables, de chansons qui s'accordent différemment au fil conducteur et constituent ainsi des incursions dans l'absurde. Pourquoi un journal ? C'est que la lumière n'est pas un élément immatériel : elle a la langue bien pendue, comme Schéhérazade, et ne cesse de raconter son mode de vie et ses tribulations. Le poète en fait l'inventaire. Comme il procède à celui de l'ombre haut parlante qui exerce un dur métier : être et ne pas être. Ce qui circule entre ces deux faces, l'utopie, l'entropie, et leurs incessantes mutations, c'est le flux à vif de l'humour. Il déplace les notions communes en y provoquant des télescopages qui font chavirer l'ordre du visible. Dans l'oeuvre du poète Charles Dobzynski s'inscrit ici un embranchement inattendu de son « arbre d'identité », « jamais cet abîme au-dessous des ailes qu'on s'invente ».
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