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Le jeu a joué bien des tours à Montherlant, si l'on en croit les jugements proférés à l'encontre d'un auteur accusé de cacher son jeu et de duper son lectorat. Le personnage Montherlant continue à éclipser une oeuvre multiforme, s'étalant sur une cinquantaine d'années. Mais la part du jeu dans l'élaboration de l'image de l'écrivain ne peut être envisagée indépendamment de la vision des pratiques ludiques qui émane de ses écrits. L'étude du jeu dans l'ensemble de l'oeuvre, y compris dans le paratexte envahissant qui l'accompagne, offre un angle d'approche privilégié pour dépassionner notre rapport à l'auteur et interroger l'inactualité supposée de son oeuvre. Ce travail de contextualisation, qui invite à faire dialoguer les écrits de ce polygraphe avec ceux d'autres auteurs, mobilise des outils historiques et sociologiques, à même d'éclairer la conception du jeu de l'écrivain. Notion malléable que l'auteur interprète à l'aune de ses expériences sportives et tauromachiques, le jeu se présente comme un espace initiatique. Revendiquant son appartenance au milieu nobiliaire, Montherlant s'érige en arbitre du goût. S'ils se conforment pour une part à une logique aristocratique, les choix de cet homme de loisir déjouent parfois les attentes du lecteur. Le ludisme existentiel qu'affiche l'auteur informe non seulement ses pratiques d'écriture mais aussi sa conception du rôle de l'écrivain, laquelle révèle toute sa fragilité durant la période de l'Occupation. Rendre compte de l'impact du jeu sur la réception de l'oeuvre conduit ainsi à faire apparaître les failles des stratégies adoptées par l'auteur, failles dans lesquelles s'engouffrent parfois la critique et les lecteurs.
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