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Igor Sevken, écrivain slovène d'une soixantaine d'années, partage son existence entre Trieste et Duino. Dans ses écrits, il se bat pour faire reconnaître la langue et la littérature slovènes comme des éléments à part entière de la culture et de l'histoire italiennes. Il effectue régulièrement de courts séjours à Paris afin d'y retrouver Lucie Huet, une jeune femme d'une trentaine d'années. Ils se sont connus autour d'un texte écrit par Igor Sevken sur l'expérience qui a été la sienne dans les camps de la mort, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces rencontres amoureuses, à la fois sensibles et intellectuelles, sont celles de deux êtres que l'existence a meurtris. En effet, si Igor Sevken a livré le récit de ce qu'il a vécu en déportation, Lucie, de son côté, reste à jamais marquée par la relation incestueuse à laquelle son père l'a contrainte autrefois. C'est grâce à leur amour que Lucie trouve, peu à peu, l'apaisement et l'épanouissement de son corps de jeune femme. Cependant, ressentie vivement par elle comme un obstacle à leur amour, leur différence d'âge s'impose bientôt comme un thème récurrent, au point de brouiller parfois la tendre atmosphère de leurs rendez-vous. En lisant ce roman, on pense au magnifique Au-delà du fleuve et sous les arbres d'Hemingway, d'ailleurs évoqué. Une fois de plus, Boris Pahor aborde les grands thèmes de la littérature, l'amour, le temps et l'histoire. Il le fait de cette voix si personnelle que les lecteurs ont appris, au fil de son oeuvre, à reconnaître entre toutes : douce et tendre quand il parle des relations humaines, lucide et rageuse quand il évoque les combats de l'histoire. C'est cette capacité à juxtaposer ces deux registres sans en renier aucun qu'on retrouve ici de façon magistrale. Considéré en Slovénie comme l'un des écrivains les plus importants de sa génération, Boris Pahor est né en 1913 à Trieste où il vit actuellement. Parmi ses oeuvres récemment traduites en français : Arrêt sur le Ponte Vecchio (Les Syrtes ; 1999; réédition en 10/18, 2006), Jours obscurs (Phébus, 2001) et La Porte dorée (Le Rocher, 2002).
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