Une fiction historique glaçante et inoubliable, aux confins de l’Antarctique
Après Enquête sur les domaines mouvants (2007) et Les Degrés de l'incompréhension (2014), Le Grand Veneur des âmes est le troisième livre de Max de Carvalho aux Éditions Arfuyen. Il en avait auparavant publié deux : Adresse de la multiplication des noms (Obsidiane, 1997) et Ode comme du fond d'une autre réalité (L'Arrière-pays, 2007).
Si la revue de Max de Carvalho, La Treizième, est placée sous l'égide de Nerval, les titres de ses livres, marqués d'étrangeté, définissent l'espace qui lui est propre : un espace où les mots sont incertains, où la réalité est chancelante, où les territoires sont mouvants, où l'intelligence se heurte à une croissante perplexité, où la mort est maîtresse du jeu.
Ici deux grandes parties : Le canon des dissimilitudes et La frontière, aux titres d'emblée significatifs de séparation. Dans la première partie, des sous-titres eux aussi hautement suggestifs :
« Scardanelli parle », « Théâtre d'ombres », « La rivière de vif-argent », « Vieilles marines », « Nescience ultime », « L'adoration ténébreuse », « L'ombre des biens à venir ». Dans la seconde, trois subdivisions : « L'été 14 », « Août à l'office des petites heures », « La frontière ».
« Laisse-moi t'approcher, dit l'un des poèmes, / par-delà l'aigue morte / de cette vive mort dont / tu as le visage, trembler / sans dire un mot sur le / seuil de la porte, que / personne désormais / si je frappe n'ouvrira. » Ce poème, « Ma rue morte », dit la blessure béante qui est au coeur de cette écriture.
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