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"Le temps : tout étais là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger mes mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer." De l'inaccessible Tombouctou à la mélancolique Tallinn, entre une partie d'échecs fatale quelque part dans un hôtel russe et un barbecue incongru à Kaboul, des clameurs de la place Tahrir au fond d'un trou, dans l'Aveyron... C'est le roman d'une vie et de notre monde que raconte Nicolas Delesalle, le temps d'une croisière en cargo.
Après le formidable succès d'Un parfum d'herbe coupée - finaliste du prix Relay des voyageurs 2015 -, Le Goût du large embarque le lecteur pour un voyage passionnant, plein d'humour et d'esprit, de couleurs et de saveurs, et réveille notre irrésistible envie d'ailleurs.
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A découvrir cette semaine : la critique de « Le goût du large » de Nicolas Delesalle (Prélude)
Chroniques, fragments, carnets d’un homme intranquille. Il lui faut la solitude et le temps de l’ennui pour ouvrir petit à petit ses boites intérieures au risque de ne plus pouvoir les refermer.
Ecrivain voyageur il va partager la vie de l’équipage d’un grand cargo porte-conteneurs pendant 9 jours d’Anvers à Istanbul. 1629 « boites » s’empilent dans le MSC Cordoba ; dans certaines, des citrons vont de Belgique en Turquie… absurdité de la mondialisation.
Profession reporter : Nicolas Delesalle est correspondant de guerre. Ce métier qui n’en est pas un, où l’on joue sa vie tous les jours au casino des combats pour que l’information parvienne au monde et parce que le risque est une drogue dure.
« Le goût du large » alterne avec humour et bonne distance la découverte d’un monde à part, celui des marins de marine marchande. Les siens sont Philippins. L’auteur fait le récit de la vie, du bord, au plus près et au plus respectueux d’un métier où chacun a sa place et où l’à-peu-près n’existe pas. Citant Aristote « il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer ».
Et dans le même temps, il ouvre ses propres « boites » : comme un torrent d’horreur : c’est Gaza, Banda Aceh, Moscou, Kaboul et Bagdad, la famine au Niger, Tombouctou, la Lybie, la place Tahrir, la Tunisie, Kobané … j’en oublie et lui aussi n’ouvre pas toutes ses boites. Il se déleste de quelques unes.
Respirations : inénarrable passage où Nicolas emmène sa mère à Moscou en guise de traductrice.
Les conflits ne sont pas des abstractions. Ce sont des individus broyés, tués, disparus, mutilés, blessés, au mieux condamnés à la fuite, l’exil et la solitude. Nicolas Delesalle fait de chacun un portrait singulier qu’on ne peut oublier.
Le goût du large de Nicolas DELESALLE
L’auteur nous raconte ses rencontres lors de sa vie de journaliste, le temps d’une croisière sur un cargo rempli de containers.
Cela pourrait s’appeler “traversée en enfer”. Au travers ses récits, j’ai découvert les horreurs de certaines contrées lointaines, mais aussi senti des odeurs et des saveurs d’ailleurs.
C’est un livre passionnant, très instructif, où j’ai appris beaucoup de choses. Il est écrit magnifiquement bien et l’auteur nous embarque dans un voyage plein de surprises, bonnes ou mauvaises.
J’ai aimé ce livre que j’ai lu d’une traite.
Extraits :
Elles portaient le voile obligatoire dans cette région du nord de Sumatra. Charia. Police des moeurs et tout le fatras habituel. le flirt est ici jugé délictuel et on a longtemps rasé les cheveux des femmes qui osaient ne pas porter le voile.
J’ai pensé à tous ces marins philippins déracinés. A Ruben, l’éternel célibataire, à Ramis, le steward de 22 ans qui m’a accueilli à bord et m’a donné quelques rudiments de philippin - je sais dire, bonjour, délicieux, merci et je t’aime. Ils sourient toujours, rien ne semble les atteindre, ils gravitent loin de notre univers de citadins grincheux et cet air enjoué malgré la solitude et la rudesse du quotidien m’a rappelé d’autres visages aux yeux aussi bridés que les leurs, croisés très loin de la mer, loin d’ici.
C’est l’histoire d’un camion russe et d’un camion afghan qui se font face sur une étroite piste de montagne. ils ne peuvent pas passer. Quelqu’un doit reculer. Personne ne bouge. Le temps passe. Les chauffeurs coupent leur moteur. Ils attendent, orgueilleux, le dénouement de ce bras de fer psychologique. Soudain, ostensiblement, le Russe sort d’une sacoche un livre. La guerre et la Paix de Tolstoï. Il entame sa lecture, à la page une, bien en vue de l’Afghan. dans sa cabine, l’Afghan jauge la scène, puis ouvre la porte et descend de son camion. il marche nonchalamment jusqu’à la fenêtr du chauffeur Russe et lui dit d’un ton piqué de curiosité : “ça à l’air bien. Tu me le prêteras quand tu l’auras fini ?
En première ligne, les manifestants se couvrent le crâne avec des chiffons, des chèches, des casseroles, des couvercles de poubelles, armures symboliques et dérisoires ; quand les pierres s’abattent, elles brisent les crânes et font voler les chiffons dans des gerbes de sang.
Nous faisons demi tour parce qu’on ne sait pas où l’on est ni où l’on va. Dans un désert, c’est ennuyeux. Dans un désert hanté par des islamiques qui n’aiment pas les gens qui aiment le saucisson, c’est pénible. On a croisé un village abandonné, rien pas un rat, que des maisons de terre cuite, le vent dans les buissons, des ânes et la sable partout.
Après Un parfum d’herbe coupée qui m’avait beaucoup plu, le sujet du nouveau roman de Nicolas Delesalle m’a immédiatement interpellée.
L’auteur y évoque des scènes vécues en tant que grand reporter au cours d’une semaine de déconnexion totale, sur un bateau. Ce voyage en Cargo, de la mer du Nord à Istanbul, est l’occasion d’une totale décompression, de se retrouver face à lui-même et aussi face à la page blanche.
Il égrène les souvenirs de lieux, de rencontres, essentiellement des environnements de conflit, de guerre ou de chaos, dans des pays le plus souvent en crise, aux 4 coins de la planète.
Comme ses mots convoquaient des images délicieuses, souvenirs d’enfance et autres madeleines de Proust dans Un parfum d’herbe coupée, la langue de Nicolas Delesalle dans ce roman a le pouvoir de rendre terriblement vivants et proches les événements évoqués, dans toute leur horreur le plus souvent mais avec un détachement du au temps, à la distance peut-être. Sans doute aussi parce que tout un chacun a déjà vu, au détour d’un journal télévisé ou d’un documentaire, ces scènes choquantes de famine, pauvreté, guerre et exactions qui à force se banalisent. En tous cas les mots frappent juste, et j’ai aimé ce regard du journaliste professionnel, qui contraste avec les images sans filtre auxquelles on est fréquemment confronté.
A cheval entre roman et documentaire, ce récit est aussi celui d’une aventure intérieure, d’un moment pris pour être face à soi, changer le cours du temps, ralentir l’action et privilégier la réflexion.
Cette expérience du voyage en cargo me fascine en même temps qu’elle me rebute. Nicolas Delesalle en tire un très beau texte, qui m’a beaucoup touchée.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2016/06/29/le-gout-du-large-de-nicolas-delesalle/
Je n’ai pas du tout accroché à cette lecture. Son précédent roman Un parfum d’herbe coupée m’avait déjà moyennement convaincu, je l’avais trouvé trop haché.
C’est le même travers que je retrouve ici : des histoires qui se suivent sans liens, une narration trop chaotique pour me plaire.
Je ne me suis pas sentie en empathie avec le narrateur, et ses histoires n’ont suscité aucune émotion chez moi (suis-je un coeur de pierres ?….)
Un roman qui ne m’a pas donné le goût du large, contrairement à d’autres blogueurs plus convaincus.
http://alexmotamots.fr/?p=1971
Dans ce second roman de Nicolas l'auteur nous fait partager son expérience de reporter à travers un voyage en cargo.
Dans ce voyage peu ordinaire de 9 jours à bord d'un cargo de marchandises qui part d'Anvers à destination d'Istanbul,l'auteur nous livre ses souvenirs de reportages qu'il consigne avec une pureté , une véracité, une émotion palpable et pleins de détails.
On y côtoie la guerre , la misère, l'amitié , la peur et la compassion à travers ses yeux et les yeux des personnes qu'il rencontre. Ce qui m'a le plus touché et affecté c'est la rencontre en Afrique avec les deux bébés prématurés Asma et Asmara , sûrement mon instinct de maman. On se rend compte qu'un fait banal chez nous , la survie de prématurés , est un combat, une course d'obstacles à d'autres endroits de la planète, une sorte d'injustice , une repartion des chances de vivre mal répartie.
Dans ce roman il consigne également sa vie quotidienne sur le cargo avec l'équipage pour la plupart des Philippins qui font des sacrifices de leur vie familiale pour quelques euros de plus...pour quelques jours meilleurs contre tant de temps perdu sans voir grandir leurs enfants , sans partager le quotidien des personnes qui leur sont chères. C'est là le prix d'un avenir meilleur , s'amputer du temps pour se rendre compte à quel point celui-ci est précieux et qu'aucun retour en arrière n'est possible.
Ce livre est une prise de conscience sur la vie , sur le monde, sur le destin et le sort d'autres humains, il nous met en face de réalités relatées par nos médias mais qui à force d'évidentces nous rendent moins empathiques, moins sensibles et concernés.
Le ton du livre est fluide , poétique, véridique, sans pudeur et d'un partage infini, on se sent porter par les flots , les mouvements du cargo.On a des sourires, des larmes, de l'angoisse tant de sentiments qu'on ne ressent plus en même temps.
J'ai adoré ce roman ,j'ai apprécié chaque escale réelle ou virtuelle,j'ai adoré flâné sur le pont et observé ces containers et partagez un peu de temps avec tous ces gens...
Alors embarquez à bord du MSC Cordoba et laissez vous portez par les remous, contemplez les paysages et partagez votre quotidien , un peu de temps avec Angelo, Maité , Ramis, Ruben et les autres membres d'équipage ou les personnages des souvenirs de Nicolas Delesalle.Vous en sortirez grandis sans aucun doute, votre regard sur la vie et votre rapport au temps prendra toute l'ampleur et le goût du large...bon voyage...
A travers ce voyage sur le cargo MS Cordoba, Nicolas Delesalle nous livre ses souvenirs de grand reporter. En observant les nombreux conteneurs transportés, il nous ouvre les conteneurs de sa mémoire : Jakosta en Indonésie touché par le tsunami ; un arbre abattu destiné à la Chine, symbole de la mondialisation et de l’emprise de l’Empire du milieu sur le continent africain ; la Lybie en plein chaos mais peu médiatisée tandis que se produit l’accident de Fukushima.
Certaines scènes sont poignantes (par exemple au Niger, lorsqu’il tente de sauver deux bébés prématurés), d’autres terrifiantes, comme celle-ci en Tchétchénie :
« On découvrait les « fagots humains » : des hommes étaient ficelés les uns aux autres et une grenade était lancé au milieu des corps »
Un bon moment de lecture mais pas l’enthousiasme auquel je me « préparais » en lisant d’autres critiques ou encore la quatrième de couverture, peut-être en raison de récits un peu inégaux. Il mérite néanmoins toute sa place dans la sélection du Prix Orange.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/03/03/33462318.html
« Mohamed, le chauffeur, m'a entendu et se transforme instantanément en figue séchée. Il ne sourit pas, non, il me regarde avec terreur. L'idée de convoyer une famille de la brousse avec des bébés qui vomissent dans sa voiture le rend fou. J'hésite. Je sais que je ne suis pas un héros et que je ne vais sauver personne. Je suis reporter. Point. Je sais que des enfants meurent tous les jours ici, que ces petites vies sont probablement condamnées, de toute façon. J'ai compris que la vie ne valait pas grand-chose ici. Qu'en Afrique, les petits idéaux d'Occidental fondaient en flasques de sueur ou de larmes et s'évaporaient aussitôt. »
Nicolas Delesalle nous embarque sur le cargo MSC Cordoba où il effectue une traversée de neuf jours entouré par les conteneurs. Ce voyage incongru – à l'heure où les croisières sur des paquebots de luxe se multiplient – est l'occasion pour le narrateur d'ouvrir les conteneurs de sa mémoire. Il nous raconte ainsi les anecdotes, les rencontres et les événements qu'il a vécus, notamment grâce à son travail de journaliste, aussi bien en Europe de l'Est, en Syrie ou en Afrique.
Aucun pathos, aucun jugement de valeur mais la description des émotions ressenties rendant le récit vivant et profondément humain. Si certains « conteneurs » ne m'ont pas fait rêver ou inviter à la réflexion, la plupart m'ont touchée à l'image de l'histoire des jumeaux Asma et Asmana ou étonnement l'expérience en solitaire dans une grotte pendant plusieurs jours. Nicolas Delesalle nous montre, à travers toutes ses expériences, que l'humain est peu de choses dans ce monde où les conflits sont permanents et où tout va très – trop – vite.
Le grand reporter Nicolas Delesalle embarque sur le MSC Cordoba, porte-conteneurs qui rallie Istanbul au départ d'Anvers. Une manière singulière de voyager, à contre-courant des aspirations touristiques plus en vogue à notre époque. Une façon pour celui qui a vu "l'Histoire s'accomplir sous ses yeux" de donner du temps au temps, de choisir la contemplation et cet ennui salutaire pour stopper, l'espace de quelques jours, la course effrénée du monde. Au fil des milles parcourus, l'auteur imagine les conteneurs embarqués comme autant de boîtes à souvenirs qu'il ouvre afin de les libérer, les égrener, entre fascination et effroi pour ce monde qui change...
Dans la tradition des écrivains-voyageurs "modernes", on pense évidemment, avec une manière d'écrire très différente mais tout aussi hypnotique, à Sylvain Tesson, avec peut-être moins de mise en scène... et de vodka. Et à Julien Blanc-Gras, pour la touche humoristique très prégnante et une certaine irrévérence - le rire comme un remède à la désolation de ces fragments d'Histoire qui mêlent le conflit israélo-palestinien, la guerre en Tchétchénie, un tsunami à Sumatra ou encore les exactions de Daech. Partant d'une idée éminemment poétique, filant la métaphore du cargo en plein océan comme une plage de temps entre parenthèses, Nicolas Delesalle (pour qui la loi de Murphy s'appelle le "syndrome du cerf-volant") compose une ode à vivre l'instant présent dans sa plénitude, qu'une seconde suffit à anéantir. Les hébétudes vécues, les souffrances rencontrées en chemin voisinent avec quelques moments rares - une partie de foot au pôle Nord, un îlot de paix au cœur de l'Afghanistan en guerre, cet amour fou éprouvé pour une fille entrevue dans un hôtel moscovite... On l'accompagne sans réserve aucune sur les coursives et dans ses éclats de mémoire. On peste tout de même, au passage, contre quelques menues maladresses d'écriture et de grosses coquilles qui jurent un peu dans d'aussi belles pages...
Et cette question : notre "terrien contaminé par l'océan" - tel qu'il se qualifie - verra-t-il enfin le rayon vert ?
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