Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Le discours de vérité dans les mémoires du duc de Saint-Simon

Couverture du livre « Le discours de vérité dans les mémoires du duc de Saint-Simon » de Marc Hersant aux éditions Honore Champion
Résumé:

L'indifférence affichée par de nombreux mémorialistes et historiens d'Ancien Régime à l'égard de l'élaboration « artistique » de leurs oeuvres au nom de la vérité, qui peut être trop rapidement réduite à un topos, a ici été prise au sérieux dans le cas particulier des Mémoires du duc de... Voir plus

L'indifférence affichée par de nombreux mémorialistes et historiens d'Ancien Régime à l'égard de l'élaboration « artistique » de leurs oeuvres au nom de la vérité, qui peut être trop rapidement réduite à un topos, a ici été prise au sérieux dans le cas particulier des Mémoires du duc de Saint-Simon qui passent pourtant pour le sommet de ce qu'on considère parfois à tort comme un « genre littéraire ». La vérité affirmée dans l'oeuvre ne saurait en effet dans ce cas particulier être réduite à une rhétorique superficielle et conventionnelle que le commentaire pourrait reléguer au second plan de ses préoccupations. Désignée banalement par l'auteur comme l'âme de ses Mémoires, la vérité apparaît de fait comme le principe et la clef d'une oeuvre immense qui ne se laisse plus absorber par la notion déplacée et anachronique de « littérature » mais exhibe fièrement son ambition d'écrire l'histoire. Obsession du fils légitime hanté par le spectre de l'illégitimité, valeur fondamentale de l'homme d'honneur, centre et principe de la foi du croyant, la vérité s'exprime avec une intensité, un excès qui amènent l'oeuvre aux confins de la folie et pourtant tout aussi bien avec une obstination qui explique ses régularités les plus apparemment méthodiques et rationnelles. C'est à travers son filtre que la diversité et la négligence formelle des Mémoires peuvent se comprendre et que le conflit amoureux entre le langage et le monde qui est au coeur de l'oeuvre prend tout son sens. L'écriture historique apparaît dès lors dans son irréductible spécificité d'acte humain total et original dont le texte conserve de nombreuses traces. La confusion entretenue par la théorie « postmoderne » entre le discours de l'histoire et celui de la fiction est résolument écartée à partir de l'examen attentif d'une oeuvre particulière violemment hostile aux bouleversements de son époque et profondément inquiétée par le triomphe de nouvelles conceptions de la vérité.

Donner votre avis