Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
« Je ne me doutais pas que l'histoire de mon père me mènerait à faire équipe avec Ionas, un vampire centenaire et amoureux, Rebecka, sa copine psy divorcée d'un fantôme, et une rabbine. Mais quand c'est arrivé, j'ai trouvé ça normal. Presque.
Ces pages racontent aussi comment mon père a tenté de ne plus être juif, et comment, avec tout ce que l'on me mettait sur le dos, j'ai eu le sentiment d'être le dernier juif d'Europe. » Joann Sfar ressuscite le fantastique et l'humour désespérés de Kafka ou de Malamud dans cette fable où les monstres offrent un miroir hyperréaliste à la singerie moderne.
Complètement barré, ce sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit en refermant ce roman de Joann Sfar. Mais du barré qui me plaît, du barré qui ne se prend pas la tête.
Un vétérinaire homosexuel sur le point de se marier avec son partenaire, son père qui n'en peut plus d'être juif et se fait remettre le prépuce, un vampire en psychanalyse, une psychanalyste de monstres, une rabbine anglaise, tout ce petit monde va se réunir pour combattre le monstre de haine qui menace Paris.
Lecture jouissive et enthousiasmante, même si je me suis parfois perdue dans les nuances de l'histoire.
Le mouvement des gilets jaunes, le mécontentement général des derniers mois, les partis politiques, la haine sous couvert d'humour, Joann Sfar n'épargne rien ni personne. Mais il y a aussi beaucoup de tendresse dans ce roman, de la tendresse pour ses personnages dont on retrouve les portraits crayonnés entre les chapitres.
Il y a également un petit clin d'œil à Mathias Malzieu, que j'ai particulièrement adoré.
Finalement, en lisant Le dernier juif d'Europe, on se demande où on va et quand on y arrive on est bien.
Dans son dernier roman, Joann Sfar introduit chaque chapitre - ils sont au nombre de 29 - par un dessin, portrait du personnage qui prend la parole. Ces représentations des différents protagonistes sont vraiment magnifiques et originales. À vrai dire, cela n'est guère étonnant puisque ce romancier a débuté et excelle dans la bande dessinée. Il est également illustrateur. Je n'ai eu entre les mains que les épreuves non corrigées offertes par les éditions Albin Michel et Babelio que je remercie et n'ai donc pu apprécier la couverture.
Parmi ces personnages, nous trouvons François Abergel vétérinaire, homosexuel, le héros du roman, Gisèle Abergel sa mère, Désiré Abergel son père, Léningrad son fiancé. "C'est une famille où on fait plein de blagues sur les juifs mais assez peu sur les antijuifs, parce qu'on a toujours peur de devoir partir."
Si le roman débute par une réunion de famille pour fêter Pessah, la Pâque juive, il va rapidement nous entraîner dans le Monster World qui n'est autre que le monde où nous vivons : "L'homme contemporain se révolte sans rien voir de ce qu'on lui fait. Il croise des monstres, et il est incapable de les reconnaître."
Le père de notre héros, désirant se créer une nouvelle identité non juive, pour ne plus souffrir d'être juif et pour expérimenter la haine antijuive décide de se faire recoudre son prépuce. Vont alors entrer en action Ionas, un vampire centenaire, Rebecka, sa copine psy et son amie une rabbine londonienne ainsi que Sara Lanterne une performeuse déchaînée.
Je me suis trouvée embarquée dans un univers complètement fou et fantastique avec des personnages déjantés, tous juifs, où je me suis parfois perdue, il faut bien le dire. J'ai beaucoup ri tout au long de ma lecture, alors que j'aurais dû pleurer face à la haine, à l'exclusion, au racisme racontés dans ce roman. le talent et la force de Joann Sfar, c'est de réussir à nous faire prendre conscience de ces horreurs et à nous mettre face à ce monde monstrueux, par le rire.
Le dernier juif d'Europe est un récit délirant, parfois un peu difficile à suivre, mais qui, pourtant, relate une réalité bien trop vraie, une vision de notre monde contemporain crue et sans ménagement, à l'humour désespéré.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Je n'ai rien compris à ce roman. Et je me sens très bête ou plutôt terriblement conventionnelle en mode plan-plan pour n'avoir pas succombé à cette oeuvre inclassable complètement barrée.
J'aurais voulu me glisser dans la peau d'une lectrice rock'n'roll capable de m'éclater en compagnie de Ionas le vampire centenaire skatteur, de Rebecka sa copine psy spécialisée dans les monstres en plein spleen ; j'aurais voulu m'attacher à la famille juive des Abergel. Au début, j'y ai cru. Je me marrais bien des délires échevelés de Joann Sfar qui fait ressusciter Johnny par Macron, invente une France très contemporaine farcie de monstres qui se rencontrent via Monster Tinder. J'ai bien ri à suivre les aventures truculentes du père du narrateur, Désiré Abergel, qui récupère suite à une opération magique son prépuce pour ne plus souffrir d'être juif et tester la haine antisémite en se rendant à un stand up d'un clone de Dieudonné.
Rouch, je te sens perplexe là. Ben oui, moi aussi j'ai frisé l'indigestion à cause d'un trop plein de foutraque. C'est d'autant plus regrettable qu'il y a des saillies vraiment hilarantes et que, surtout, Joan Sfar a des choses à dire sur notre France. Mais y a clairement trop de thèmes qu'il a voulu étreindre sans que la ligne directrice soit évidente à suivre : judaïté, montée de la haine antisémite, homosexualité, Gilets jaunes, Macron, BFM, les réseaux sociaux ... Je finis ce livre fatiguée par le foisonnement des pistes et le délire de ce style psychopathe.
Joan Sfar a l'intelligence et le talent, c'est évident. Je suis persuadée que ce roman, transformée en BD aurait été bien plus réussie. Forcément, il aurait été obligé d'épurer son propos, d'aller à l'essentiel pour dénoncer les travers de notre société avec une fantaisie déliée. Il y a bien, entre les chapitres, quelques dessins comme autant de portraits des personnages loufoques de ce roman. Je me suis raccrochée à eux pour parvenir à finir ma lecture.
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