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« Policier depuis plus de trente ans, en première ligne sur les attentats de 2015 à l'Hyper casher et au Bataclan, en tant que chef adjoint et chef des opérations sur le terrain à la BRI, j'ai été confronté à la violence et l'horreur du terrorisme. Avec le recul, j'ai constaté l'étonnant degré de similitude entre les organisations terroristes actuelles et celles des années 60 durant la guerre d'Algérie.
J'ai toujours entendu mes parents évoquer l'Algérie. J'ai très tôt compris que ce pays leur manquait, qu'ils y avaient leurs souvenirs mêlés aux nombreuses polémiques soulevées par cette guerre. Mon père était dans les forces spéciales, à Oran, et a affronté, parfois au péril de sa vie le terrorisme de cette guerre. Aujourd'hui, la France est sous tension constante face au terrorisme. Elle a oublié que durant la guerre d'Algérie, atrocités et attentats se commettaient en permanence sur le sol algérien mais aussi à Paris. La douleur se réveille à nouveau.
L'action des militaires et des Algériens du FLN a souvent été traitée et analysée alors que l'histoire a fait l'impasse sur l'implication des policiers. Ce qui m'a paru important, car jamais traité, c'était de témoigner de l'action forte de l'un d'eux, lui-même pied noir. Sa perception globale de l'Algérie Française, sa fuite et sa réadaptation en France, ainsi que le regard des métropolitains m'ont semblé autant de sujets intéressants à raconter. Le point de vue de terroristes repentis ou toujours en action me paraissait essentiel. » Les hommes s'estiment, s'affrontent, se déchirent au nom d'idées parfois peu claires.
Le chat d'Oran raconte l'histoire d'hommes et de femmes emportés dans un conflit dont ils ne maîtrisent pas toujours la finalité. Ils sont les acteurs impuissants d'un jeu politique cruel. Inspiré de faits réels, ce polar d'une grande noirceur mais aussi d'une grande humanité plonge le lecteur dans les coulisses de la guerre d'Algérie. Entre combat pour ses idéaux, sacrifice et sens du devoir...
Polar sur fond de guerre d'Algérie, un thème qui commence à prendre de l'ampleur dans la littérature française, entre 50 et 60 ans après la fin du conflit. Dans ce roman, on suit Antoine Delarocha, pied noir, et donc sa vision des faits. Même s'il n'est pas un jusqu'au-boutiste, qu'il n'aime pas plus l'OAS que le FLN, il est forcément partisan puisque pour lui l'Algérie doit rester française et que les gens comme Ahmed sont des terroristes ; et puis, il est flic et obéit aux ordres. C'est le point de vue d'un pied-noir qui sent qu'il va devoir bientôt quitter ce pays qu'il aime pour un autre qu'il ne connaît pas. C'est forcément une lecture tronquée, on ne lit rien sur la torture, presque rien sur la vie des Algériens considérés comme des terroristes. Jusqu'à quel point, lorsqu'on défend son pays occupé, est-on un terroriste ou un résistant ? Jusqu'à quel point est-on un occupant, un tortionnaire ou un homme qui défend le pays dans lequel il est né, son mode de vie, sa famille menacée ?
Toutes ces questions m'ont accompagné pendant ma lecture de ce roman policier, écrit par Georges Salinas, ex-chef-adjoint de la BRI, intervenu avec son équipe, notamment au Bataclan et à l'Hyper Cacher.
Pour le reste, eh bien, c'est un roman qui file vite, qui ne laisse pas de temps mort et qui dresse des portraits d'hommes et de femmes en plein doutes quant à leur proche avenir. Si le travail d'Antoine Delarocha lui prend beaucoup de temps, il n'en oublie ni sa femme ni ses garçons qui sont menacés et qui vivent mal la violence quotidienne. Son enquête prend une nouvelle tournure lorsqu'il est question d'un futur terrible attentat qu'il va tout faire pour déjouer. C'est un roman mené tambour battant, qui m'a tenu compagnie pendant un long voyage en train entre Nantes et Clermont-Ferrand, de presque 7 heures de rail, qui sont donc passées vite. Plutôt une bonne surprise.
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