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C'est la première fois qu'un procès en révision a lieu après une double condamnation, en première instance et en appel.
Novembre 2000. Police et justice s'abattent sur Loïc Sécher. Une jeune fille de 14 ans se déclare victime d'un viol. La description de l'agresseur correspond à Loïc et il est son voisin. Une enquête et un jugement sans preuves réelles, sans ADN, sans aveux et sans faisceau de présomptions autre que les déclarations de la jeune victime : il n'en faudra pas plus pour le jeter derrière les barreaux pendant sept longues années, dans les conditions de détention que les autres prisonniers réservent aux violeurs.
Il faudra attendre 2008 pour que Me Dupond-Moretti obtienne que s'ouvre un procès en révision à la suite des rétractations de l'accusatrice, qui ne supportait pas d'avoir chargé un homme n'ayant, en fait, jamais posé les mains sur elle.
C'est la première fois qu'un procès en révision a lieu après une double condamnation, en première instance et en appel.
Et il a fallu ensuite un combat acharné pour que la justice accorde à Loïc Sécher une indemnité de compensation pour le préjudice subi par celui qui est enfin, non pas acquitté, mais INNOCENTE.
Mais un chèque, si important soit-il, peut-il tout effacer quand un innocent a perdu sept années de sa vie en prison ?
ET SI CELA VOUS ARRIVAIT, A VOUS ?
« Aux yeux de la justice, je suis une erreur. » Ainsi débute le texte poignant de Loïc Sécher, celui qui est « le septième condamné officiellement blanchi depuis 1945. » Condamné à 16 années de prison, il est sorti après 7 ans de cauchemar : « On a cru que j’avais violé. En cela, je suis un cas unique, une sorte de spécimen né de la malheureuse rencontre d’une victime fabulatrice et d’une justice trop crédule… D’autres s’en sont moins bien sortis. »
Loïc Sécher affirme un peu plus loin que la justice qui se veut impartiale et donc aveugle, a été sourde, dans son cas et dans bien d’autres cas aussi. Cet homme brisé par tant de souffrance et d’incompréhension écrit et répète ce qu’il n’a cessé d’affirmer, cette phrase qui reste toujours la mienne : « je ne pouvais pas reconnaître un crime que je n’avais pas commis. » Plus loin, il précise : « mon accusatrice a finalement avoué avoir menti. Huit ans plus tard. » S’il est officiellement blanchi depuis 2011, il reconnaît être toujours hanté par ce qu’il a vécu. Comment pourrait-il en être autrement ?
L’intérêt de ce livre est double puisqu’il livre le vécu de Loïc Sécher ainsi que les impressions de Maître Dupont-Moretti, son avocat qui n’intervint que lorsque la demande de révision fut mise en route. Très justement, il décortique le cheminement des magistrats et des jurés qui condamnent : « … parce que acquitter au bénéfice du doute, reconnaître qu’on n’a pas suffisamment d’éléments et qu’on va peut-être relâcher un coupable, demande davantage de courage. » Il cite enfin Voltaire qui affirmait si justement : « Mieux vaut cent coupables acquittés qu’un innocent en prison. »
Commence alors le récit du cauchemar vécu par Loïc Sécher qui a 40 ans et vit dans un petit village de Loire-Atlantique, à La Chapelle-Saint-Sauveur. Gardé à vue pour agression sexuelle, il détaille l’enchaînement des événements : la peur, l’angoisse, les trois gendarmes interrogateurs, chacun dans un rôle différent, la nuit, la cellule sordide et froide, les menaces à 3 h du matin : « Tu es un violeur, il faut avouer ! »
Son avocat décrit bien « une escalade angoissante d’insinuations » et parle des procès : « Revoilà donc le gendarme Rouault drapé dans son uniforme et dans sa bonne conscience qui s’avance d’un pas décidé à la barre. » Il ajoute ce qu’avait déclaré un président de cour d’assises : « Quand une enquête est mal faite, dans la police c’est par défaut et chez les gendarmes, c’est par excès. »
Loïc Sécher se confie avec beaucoup de franchise et de sincérité, parle du cauchemar de la prison où l’on traite les violeurs de pointeurs plus les sévices corporels qui suivent. Pourtant, il précise : « Au fond, la véritable peine, c’est peut-être la disparition du silence. »
Il faut lire "Le calvaire et le pardon" car il est impossible de détailler tout ce qu’il révèle du « fiasco de la dictature de l’émotion » comme l’écrit Maître Dupont-Moretti qui ajoute : « L’affaire Sécher montre que les psychiatres sont devenus les nouvelle pythies judiciaires. À partir du moment où ils établissent qu’une plaignante est crédible, c’est un verdict de culpabilité… cela arrange tout le monde : ils se délectent de leur puissance. »
Laissons enfin la conclusion à Loïc Sécher parlant du procès en révision : « Ce procès m’a rendu l’innocence, pas l’insouciance… Je suis un chanceux, il y a des centaines d’innocents qui continuent à crier derrière les murs des prisons. »
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