"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre à quatre voix et peut-être un livre pour quatre voies Quatre voix qui s'entrechoquent, s'entremêlent Quatre voies qui se tissent pour se perdre Quatre voix qui s'étreignent et s'éteignent Chaque voix trace sa voie. Chaque voie porte une voix Chaque voix vibre à l'écoute des vents, des nuages, des pluies Chaque voie s'égare dans la nuit des souvenirs C'est ainsi que l'auteur ébaucherait une présentation de son roman. Comme à bout de souffle devant l'incommensurable silence qui se dégage de son propre ouvrage. Autour du viol d'un enfant, David, à sauver, à aimer. Quatre personnages nous parlent de son histoire. Axel, l'homme qui, le recueillant, va le sauver, au-delà de sa vie. La fille de cet homme, Claire, elle-même survivante, qui, le recueillant, va l'aimer au-delà de sa vie. La meilleure amie de Claire, Palmyre, celle qui est faite pour l'amour, pour la vie, et qui reste, elle, et témoigne. Et lui, David, il l'écrit dans son cahier, son histoire, et peu à peu, on ouvre ce cahier. Toute sa vie, David la dit avec ses mots, avec son orthographe et sa grammaire de dyslexique, à l'encre de ses peurs, de ses incompréhensions, de ses émerveillements, de ses curiosités, de ses joies, de sa détresse d'orphelin, de sa douleur insurmontable, de sa colère aussi. Une sourde colère. Et un amour immense. Mais une immense colère.
David Apolli était hébergé par le curé du village, peut-être son père après le viol de Jeanne, sa mère, assassinée ensuite par son mari. Un prêtre qui aurait également abusé de l'enfant ?
David est recueilli par Axel, le médecin alcoolique du bourg. Il remplit ses carnets de mots, qu'il signe du nom de Jannapolli, contraction de "Jeanne" et "Apolli". Des mots frappés par son handicap, une très grosse orthophonie.
Chez Axel, David va peut-être trouver l'amour, celui de Claire, la fille du toubib. Mais est-ce encore possible quand on a vécu un tel passif ?
Voilà une histoire qui aurait pu être aussi belle que douloureuse. En la lisant, j'ai pensé à "Le garçon", d'un Marcus Malte beaucoup plus énigmatique sur l'origine du handicap de son héros.
Si l'on hait facilement le curé, on s'attache volontiers à David, Claire et Axel, à un environnement plus rassurant.
Malheureusement; le roman est gâché par son écriture. Certes, David, principal narrateur de son histoire, souffre d'un handicap, plutôt lourd, par rapport à l'écrit. Mais était-il utile de nous le montrer au travers d'un bon tiers du livre ? Cela alourdit considérablement la lecture, au point de me pousser à sauter un nombre important de pages à plusieurs reprises...
J'aurais certainement préféré que l'écriture suggère davantage le handicap, sans tenter de l'imiter à longueur de pages.
Dans "Mes dix règles d'écriture", Elmore Leonard écrit notamment "qu'il ne faut pas abuser des mots d'argot" (je cite de mémoire). Je dirais qu'ici l'auteur a abusé des défauts liés au handicap de son héros, et que cela nuit fortement à son œuvre. Dommage !
Merci à l'éditeur et à Babelio de m'avoir fait découvrir ce roman et son auteur.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/27/le-cahier-de-david-jannapolli-de-jean-marc-turine-chez-metropolis-une-bonne-idee-mal-traitee/
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