Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
David Apolli était hébergé par le curé du village, peut-être son père après le viol de Jeanne, sa mère, assassinée ensuite par son mari. Un prêtre qui aurait également abusé de l'enfant ?
David est recueilli par Axel, le médecin alcoolique du bourg. Il remplit ses carnets de mots, qu'il signe du nom de Jannapolli, contraction de "Jeanne" et "Apolli". Des mots frappés par son handicap, une très grosse orthophonie.
Chez Axel, David va peut-être trouver l'amour, celui de Claire, la fille du toubib. Mais est-ce encore possible quand on a vécu un tel passif ?
Voilà une histoire qui aurait pu être aussi belle que douloureuse. En la lisant, j'ai pensé à "Le garçon", d'un Marcus Malte beaucoup plus énigmatique sur l'origine du handicap de son héros.
Si l'on hait facilement le curé, on s'attache volontiers à David, Claire et Axel, à un environnement plus rassurant.
Malheureusement; le roman est gâché par son écriture. Certes, David, principal narrateur de son histoire, souffre d'un handicap, plutôt lourd, par rapport à l'écrit. Mais était-il utile de nous le montrer au travers d'un bon tiers du livre ? Cela alourdit considérablement la lecture, au point de me pousser à sauter un nombre important de pages à plusieurs reprises...
J'aurais certainement préféré que l'écriture suggère davantage le handicap, sans tenter de l'imiter à longueur de pages.
Dans "Mes dix règles d'écriture", Elmore Leonard écrit notamment "qu'il ne faut pas abuser des mots d'argot" (je cite de mémoire). Je dirais qu'ici l'auteur a abusé des défauts liés au handicap de son héros, et que cela nuit fortement à son œuvre. Dommage !
Merci à l'éditeur et à Babelio de m'avoir fait découvrir ce roman et son auteur.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/27/le-cahier-de-david-jannapolli-de-jean-marc-turine-chez-metropolis-une-bonne-idee-mal-traitee/
Magistral, « La Théo des fleuves » de Jean-Marc Turine est le survol d’un ricochet sur le fleuve des insoumis. On ouvre ce roman comme on retient son souffle. Tragique, puissante, cette histoire mémorielle est poignante. Théodora est Tsigane. Emblème de ce peuple à la dérive, dévoré par la haine, le racisme, l’intolérance, venus du monde d’en haut. Leurs chants langoureux renforcent encore plus l’habitus des Tsiganes en îlot de survie. Théodora symbolise l’idiosyncrasie de ces êtres qui vivent à l’orée des frontières à l’instar de champs de fleurs. Majestueuse, libre, forte et altière on aime l’écho de sa voix contre les parois des destins qui s’effritent en larmes de torture. « Il est temps de partir… Pour partir où ? Elle hausse les épaules….. Elle réfléchit à sa demande… Ailleurs, quelque part. Sortir de l’existence pour rencontrer la vie… Le jeune garçon ne répond rien. »Théodora devenue âgée conte sa vie à la petite fille venue de nulle part. Est-ce son double ? Le rebours des années sonne le glas de cet entre-monde où Théodora risquait son destin dans un face à face musical avec l’accordéon d’Aladin. « Une arme peut détruire un accordéon. Mais aucune arme, aucune flamme ne peuvent faire taire le dévoilement de la musique, sa palpitation. » Théodora sait lire et écrire. Combattante, elle pousse la porte des diktats sociétaux. Enclenche la montée des eaux et risque sa vie pour s’affranchir. Tant de nobles et valeureux sentiments, de beautés enfouies dans ces lignes déployées en summum verbal, subrepticement comme si les mots de l’auteur habitaient le culte dès son apogée. L’écriture est douce, discrète, douée, elle coule de sens et de devoirs. Respectueuse envers Théodora « Instruite d’une géographie intérieure avance vers un lieu où personne ne la connaît, estimant l’anonymat essentiel à la réussite de son aventure. » La teneur de ce récit est à l’instar de ce qui ne meurt jamais. Sa gravité, sa fraternité, sa tristesse empreinte de cette compassion pour les Tsiganes est une délicatesse respectueuse. « Tous les fleuves, ne vont –ils pas à la mer ? Toutes les Théodora ne vont- -elles pas sur les fleuves ? »Le lecteur achève ce roman des rois, grandit en humanité. Publié par Les Editions & Esperluète « La Théo des fleuves » est majeur. Son exemplarité rare. Le sceau de l’auteur sera le témoignage perpétuel hors du temps et de l’espace. A lire d’urgence.
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