Episode 2 : Des conseils de lecture en tout genre, pour un maximum de plaisir !
Quand un soir elle a remplacé au pied levé Pogorelich à Wigmore Hall, la salle de concert londonienne, celle qui allait devenir la grande pianiste Viviane Craig ne savait pas encore que sa gloire soudaine ne serait pas son défi le plus difficile à relever. Si sa vie tranquille de professeur de piano, mariée au directeur du service culturel de la BBC, a certes changé après ce succès inaugural, sa rencontre avec James, l'évidence avec laquelle elle a cédé au désir de ce charismatique critique musical, boxeur à ses heures, a profondément bouleversé son équilibre intime.
Des années plus tard, alors que leur passion va grandissant, Viviane apprend, par un appel de son exécuteur testamentaire, le décès brutal de James. Sans mesurer le sens ni la portée de la requête posthume qu'il transmet, l'homme invite la pianiste, retirée depuis cinq ans déjà de la scène musicale, à jouer une dernière fois lors de la messe de funérailles.
Pendant le long trajet en métro qui va la conduire de sa demeure de Wimbledon au quartier de Holborn, Viviane, elle-même stupéfaite d'avoir accepté sans réfléchir cette épreuve, laisse libre cours aux émotions qui l'assaillent. L'église choisie par James, minutieux ordonnateur de la cérémonie, est voisine de son appartement, refuge de leurs amours, de leurs conversations, des après-midi pendant lesquelles Viviane répétait ses concerts sur le Yamaha ou le Steinway dont elle se demande ce qu'il va bien advenir.
L'angoisse de ne réussir à dissimuler son violent chagrin, voué lui aussi à la clandestinité, le ressac des souvenirs heureux, les confidences arrachées à l'homme secret qu'était James - et notamment les raisons de sa fascination pour le tableau de Cézanne représentant le lac d'Annecy, le bleu du lac - cohabitent, à mesure que défilent les stations de la Piccadilly line, en un fiévreux et hypnotique monologue intérieur.
Beau chant d'adieu et bel hommage au pouvoir de la musique que ce nouveau roman, parfaitement maîtrisé, de Jean Mattern, subtil interprète du trouble amoureux et de la complexité des sentiments.
Episode 2 : Des conseils de lecture en tout genre, pour un maximum de plaisir !
Vêtue d’une robe noire trop chaude et qui la gratte, Viviane Craig, concertiste de renommée internationale « La Greta Garbo du piano » se rend aux obsèques de son amant James Fletcher, critique musical. L’exécuteur testamentaire lui annonce sa mort et lui demande, requête du défunt, de jouer lors de ses funérailles. « J’ai raccroché et j’ai laissé la bombe éclater en moi, silencieusement, la douleur se diffuser, atteindre mon cœur, ma poitrine, mon bas-ventre, mes jambes, mes orteils, mon cerveau, le dernier membre de mon corps, me dire que c’était fini, qu’il n’y avait rien à faire » Son ultime rendez-vous avec James où elle doit jouer, l’intermezzo en si bémol mineur de Brahms, devant une assistance non informée de ses relations. Elle doit feindre l’indifférence alors qu’elle n’est que chagrin.
A sa première rencontre il lui dit « avec le plus grand naturel qu’il avait ruiné deux pantalons en deux sorties à cause de moi ». Elle sait qu’elle ne résistera pas.
Le voyage en métro sur la Piccadilly Line jusqu’à l’église est le moment pour elle, de se souvenir, de revenir vers James, de se rappeler le peu de nuits d’amour, tous ses rendez-vous clandestins chez lui. Leur liaison fut à la fois torride et tendre. Personne n’est au courant de leur relation et elle ne peut se reposer, de ce fait, sur l’épaule de personne et doit contenir en elle le Niagara de son chagrin. « une femme qui ne sait comment garder pour elle le chagrin qui lui déchire la poitrine »
Le trajet en métro est son chemin vers l’enfer, la petite robe noire trop chaud et qui gratte son cilice, le morceau de musique, qui les a uni, son chant d’amour.
Mariée à Sebastian, elle ne l’oublie pas qu’elle aime d’un autre amour. James, c’était le sexe, les rencontres qui devaient rester cachées. Sebastian, c’est le pilier, ce qui est tangible, toute une vie qu’elle ne veut pas rompre.
Les répétitions, comme la petite robe noire trop chaude et qui gratte, l’amour caché, sans voir personne,… scandent le récit, comme des refrains toujours aimés. Le bleu du lac d’Annecy ramène vers James qui adorait tant y aller et plonger nu dans les eaux… bleues. Les phrases longues, bien rythmées, accompagnent le monologue de Viviane
Un livre court, un seul chapitre, mais si dense, si beau dans l’intensité progressive au fil des stations de métro, jusqu’à une fin... quelque peu inattendue.
Jean Mattern a su pénétrer l’âme de Viviane, nous faire toucher du doigt sa peine (le mot est faible), ses émotions en peu de mots.
Coup de cœur
J’ai noté ce livre sur le site de Geneviève et je l’en remercie pour cette bouleversante lecture.
https://zazymut.over-blog.com/2022/07/jean-mattern-le-bleu-du-lac.html
Le temps d'un (long) trajet sur la Picadilly Line du métro londonien, Viviane Craig, pianiste reconnue, revient sur sa rencontre avec celui qui fut son amant durant de longues années, James Fletcher, compositeur et musicologue.
Cet amour, ils le vécurent à l'abri des regards, cachés de tous. Aujourd'hui, dans cette rame de métro qui se traîne, elle se sent bien seule. Elle n'a personne avec qui partager ce deuil, cette amputation d'une moitié d'elle-même. Comment James a t'il pu disparaître aussi rapidement sans la prévenir, en n'omettant pas de laisser ses instructions à son exécuteur testamentaire, en charge notamment de l'organisation de cette cérémonie où elle va jouer l'Intermezzo en si bémol mineur de Brahms. En sera-t-elle capable d'ailleurs ?
C'est durant ce trajet, engoncée dans sa robe noire trop chaude qui la gratte, que Viviane se lance dans un long monologue dans lequel elle s'enfonce, plonge avec un côté obsessionnel afin ne pas oublier ces moments passés ensemble.
L'arrivée à Holborn est proche. L'église Sainte-Cécile et Saint-Anselme est là ... mais quelle fin !!
L'écriture est dense ; il y a peu de ponctuation, les phrases sont longues, on a du mal à reprendre notre respiration mais quelle force à nous tenir en haleine là où d'autres écrivains nous auraient perdus depuis longtemps.
Court récit de 94 pages des plus éloquents et sensibles qui m'ait été de lire ces dernières semaines.
Un parcours de métro de Wimbledon au centre de Londres, une femme, immense pianiste ; Viviane se rend à la plus triste des cérémonies ; les funérailles de James (un compositeur et musicologue), l'homme qui bouscula sa vie de femme en retrait du monde musical qui l'adulait.
Viviane, cette femme mariée à Sébastian, désormais plutôt rangée, aux blessures intimes certes mais qui ne s'imaginait pas pouvoir devenir cette femme passionnée que James va initier et révêler à une sensualité inédite, ironie du sort, obligée de faire le trajet qui, il y a peu, était celui de leurs rencontres secrètes et de leurs passions physiques pour accomplir la dernière des volontés de James, emporté par une crise cardiaque fatale .... celle de jouer le morceau de piano qui les a uni pour ses funérailles.
Une mort inattendue, un corps qu'elle ne peut pas imaginer sans vie, qu'elle aurait tant voulu voir avant sa mise en bière et au dessus duquel elle n'a pas pu se recueillir dans l'anonymat et seule. Viviane va nous faire partager ses doutes, ses regrets, la chronique de leur passion physique explosant de sensualités, d'une histoire unique que peu de lecteurs ont pu connaître.... tout cela dans une écriture simple, forte et imagée. Nous allons aussi découvrir par ailleurs les dessous de son couple, des blessures intimes de parent mais aussi ses doutes à pouvoir assurer ce dernier hommage pour maintenir cette histoire passionnelle secrète...
Eblouissant récit, lu et relu .
"Le bleu du lac", un petit roman d’à peine cent pages de Jean Mattern, lu en un souffle, non deux, et c’est dommage, met en musique une très belle histoire d’amour clandestine, celle de Viviane et James.
Un seul chapitre, sans même d’alinéa, des phrases longues comme un jour sans pain, un infini monologue intérieur au rythme des bruits souterrains du métro sur la Picadilly line… Viviane Craig, célèbre pianiste concertiste, "la Greta Garbo du piano" selon un critique, se rend aux obsèques de son amant, James Fletcher, critique musical. Elle a appris son décès par l’exécuteur testamentaire de ce dernier. Et, pour respecter les dispositions prises par le défunt, a accepté de jouer l’intermezzo en si bémol mineur de Brahms lors des funérailles. James aimait beaucoup ce musicien qu’il qualifiait de "sexy".
Vêtue d’une robe noire de deuil trop chaude et qui la gratte, Viviane se souvient de leur vie cachée, leur première rencontre et leurs après-midi d’amour. Elle se remémore chacun des instants, essaie de retenir le temps, de résister à la douleur, et pense aussi à Sebastian, son mari qu’elle n’a jamais quitté. Elle évoque, dit et redit l’amour, le sexe, ce qui devait rester caché, elle parle de son attachement pour ces deux hommes qu’elle a aimés, qu’elle aime différemment.
Même si j’ai pu regretter certaines longueurs et redites, j’ai beaucoup aimé cette histoire pour sa délicatesse, la profondeur de la réflexion, la manière dont l’auteur a su se glisser dans la peau et le cœur d’une femme. J’ai aimé la description de l’attente, l’adoration qui transpire dans chaque phrase, l’interdit dépassé. J’ai aimé la simplicité avec laquelle est abordé le sujet. Et bien évidemment, j’ai aimé le bleu du lac…ce lac d’Annecy adoré par James et source d’une confidence qui "tissait un lien aussi intime entre lui et moi que le sexe…", se souvient encore Viviane.
En un mot, j’ai trouvé ce roman magnifique jusqu’à la chute inattendue et sublime.
https://memo-emoi.fr
Comme son titre ne l'indique pas, ce livre nous baigne dans un univers très musical... Viviane, pianiste virtuose retirée, s'apprête à aller jouer l'Intermezzo numéro 2 de Brahms à l'enterrement de James, qui a été son amant pendant des années...
Sur le trajet, le même qu'elle a tant de fois parcouru pour aller retrouver cet homme, elle repense à tous les moments partagés, follement heureux et intenses. Ces années de fièvre sensuelle et amoureuse, de retrouvailles cachées, de "double vie"...
Ecrit d'un seul tenant, pas de chapitre, des phrases discontinues, pas de dialogue si ce n'est un long monologue intérieur...
Beaucoup d'effet et d'émotions en peu de pages, j'adore !
Le bleu du lac, roman de Jean Mattern, paru aux Editions Sabine Wespieser est une symphonie. Symphonie à l’amour, celui qui unissait Viviane Craig, la « Greta Garbo du piano » à James Fletcher, célèbre critique musical.
James vient de mourir. L’une de ses dernières volontés est que cette femme qu’il a tant et tant aimée, interprète « leur » morceau, celui qui a vu naître cette passion clandestine, adultérine pour elle, épouse comblée de Sébastian, reporter passionné par son métier. Viviane et Sebastian sont unis en outre par un drame effroyable : leur fille Laura est décédée accidentellement un certain 11 septembre.
James laisse derrière lui une femme éplorée, déchirée, dépecée, qui ne peut dire sa peine autrement que par ce long et magnifique monologue qui constitue le roman. Tout au long du trajet en métro, engoncée dans son chagrin et dans cette robe noire qui gratte, en un si douloureux trajet, Viviane va revivre les instants de cette passion amoureuse, charnelle, intense, sensuelle et musicale.
« … ce soir-là, j’appris que le désir d’un homme pouvait me faire chavirer en dehors des limites que je m’étais fixées, me faire aller là où je n’avais jamais pensé m’aventurer ».
Jusqu’à l’église où elle doit interpréter ce qui sera leur dernière étreinte, nous , lecteurs, suivons ses pensées, ses souvenirs. Ceux de leurs moments. Autour de la musique, de la peinture, de la sensualité constamment présente.
« Notre tout dernier rendez-vous sera donc public, je m’unirai à lui. Dans cette église pleine, cependant, personne dans la foule ne saura vraiment pourquoi la grande Viviane Craig a accepté de sortir de sa solitude ».
Le Bleu du lac est une magnifique histoire d’amour, somptueuse de beauté, de simplicité, de notes égrenées.
La langue est somptueuse, la longueur des phrases exprime la souffrance et le désarroi de Viviane. Le style est épuré, va droit au cœur. Il a su, en tout cas, toucher le mien.
« Moi je serai réduite à quelques minutes de piano solo et je dois imaginer le bleu du lac que mon amour aurait aimé connaître comme dernier horizon ».
Vous l’aurez compris je pense, ce Bleu du lac, est un immense coup de cœur pour moi. Je voudrais vous dire LISEZ-LE, LISEZ-LE ! Certains romans méritent d’être mis sur le haut du podium, celui-ci, selon moi, en fait partie…
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