"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« En passant de la route au parking, les faisceaux de phares basculent un à un, du ciel qui s'assombrit à la paroi rocheuse qu'ils animent puis, s'éteignent.
Nous sommes au mois de mai. Il ne fait plus tout à fait jour, il ne fait pas tout à fait nuit.
Là-bas, le glacier brille encore aux derniers feux qui a eurent les sommets. Claquements de portières. Un à un ils descendent, pour certains pesamment, suspendent un instant leur geste ou leur pas, pour contempler le temps d'un soupir l'ombre des monts aux lueurs du crépuscule. Puis, éclats de voix et salutations fusent d'une voiture à l'autre, ricochant sur la paroi rocheuse. On se retourne, on s'interpelle, ils se rejoignent. Grandes tapes sur les épaules, bises aux dames et l'on s'engouffre dans le bâtiment trapu adossé au rocher... »
Dans la collection "Témoignages" de la maison d’Edition La Trace, je viens de lire "Le banquet des dinosaures" de Jean-Claude Lefebvre. Médecin de montagne, l’auteur a aussi rempli des missions pour Médecins sans Frontières. Dans ce petit recueil, il nous conte des anecdotes de ses confrères médecins comme lui dans des stations de montagnes.
La Trace, c’est bien de cela dont il s’agit, et l’auteur nous avertit d’entrée sur l’objectif de son récit "Si j’ai imaginé ce banquet fictif où quelques vieux médecins évoquent autour d’une table leurs expériences et souvenirs, c’est pour laisser une trace de ce que fut l’exercice particulier de leur profession dans des villages, vallées et stations de montagne". Et, s’il ne relatait, parfois, des moments pour le moins difficiles, périlleux, voire douloureux, je dirais que ce petit livre est une douceur de fin de repas. C’est en tous les cas un moment hors du temps empli de nostalgie mais aussi une déclaration d’amour à un métier, un retour à la simplicité de la vie, un hommage au dévouement de ces femmes et hommes entièrement dédiés à leur passion et à leurs patients au détriment, parfois, de leurs proches.
L’écriture est belle et limpide, les transitions toujours parfaitement choisies et les interventions tellement bien contées que j’ai eu l’impression d’assister à chacune d’elles. J’aurais même pu me dispenser d’analyser le texte, l’auteur s’en charge à merveille dans son épilogue, sorte de chronique à deux voix. Il y est question de passion, j’en ai parlé, de nostalgie, aussi, celle de tout un chacun devant des changements de pratique.
En un mot, si la médecine a réalisé des progrès considérables, si la sécurité est désormais le maître mot, je me suis surprise à regretter fortement l’humanité et l’empathie de ces médecins d’un autre temps.
Je remercie les Editions La Trace pour cette lecture en avant-première.
http://memo-emoi.fr
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