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La prédiction la plus étonnante et la plus significative de L'Avenir de l'anglais est la possible disparition de l'anglais, trop parlé dans le monde pour son propre bien. Il semble absurde d'imaginer que l'anglais, langue souveraine de la mondialisation, puisse péricliter: son succès est précisément cause du déclin de la diversité linguistique. Pourrait-il disparaître en triomphant partout? Mais la vie d'une langue ne se mesure pas simplement au nombre de ses locuteurs, et Sélincourt craint pour l'anglais une mort d'un autre genre, par dilution de sa substance: à l'accroissement quantitatif de ses locuteurs correspondrait la perte inévitable de sa qualité propre.
Cette qualité se définit, aux yeux de notre auteur, par l'appartenance de la langue à la nation britannique: l'esprit de la langue est consubstantiel à l'esprit du peuple.
En s'étendant sur le globe, l'anglais est voué à se détacher de son esprit originaire. Mais, le génie de l'anglais étant de s'adapter à tous les lieux et de se conformer à toutes les cultures, il est encore légitime de voir dans son ouverture mondiale la possibilité de développements nouveaux et féconds - son ancrage dans la vie populaire et littéraire avant tout. Le risque d'une dénaturation de l'anglais se situe fondamentalement ailleurs, dans sa transformation en un système communicationnel arraché à la vie et de plus en plus soumis à ce que Sélincourt nomme la «machinerie».
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