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Les mots que porte la voix ne sont vivants que d'être prononcés par une bouche et entendus par des oreilles.
Pas l'un sans l'autre. À cette articulation de la bouche et des oreilles, en nous et entre nous, la voix révèle, dans l'apparente opacité de la chair, la dimension du coeur, celle d'une présence. Le petit d'homme ne fait l'expérience de sa présence que dans la parole qui se présente, qui le met en présence de quelqu'un. Il n'accède à lui qu'en l'autre. Chez l'homme, un sujet est toujours naissant. Le mouvement d'ouverture à la rencontre, et de la rencontre dans l'ouverture de l'autre et du même, est la dimension du présent exigée de la parole en vérité.
Le son de la voix se loge dans l'intimité de la parole à l'entrecroisement des mots et des affects : il devient souffle. Nous l'appelons voix. Être touché par elle au coeur, souffrir, aimer, se réjouir, avoir de la peine, s'offrir, c'est éprouver un corps, c'est donner corps à la parole, c'est être engendré dans la chair de la parole.
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