Son dernier roman était dans la sélection du Prix Orange du livre 2017, mais quelle lectrice est Blandine Rinckel ?
« Qu'est-ce qu'une vie réussie ? » Au bic, Jeanine recopie la question sur un post-it, puis, comme chaque jour, part marcher. Croisant, au cours de ses dérives, divers visages : un architecte syrien fuyant son pays, un danseur étoile moscovite, une mythomane espagnole...
Ne sous-estime-t-on pas, d'ordinaire, l'amplitude des voyages intérieurs suscités par ces rencontres fortuites ?
Sans doute fallait-il, pour en prendre la mesure, le regard d'un proche. C'est sa fille qui dresse le portrait de cette femme de soixante-cinq ans, en autant de fragments, composant un kaléidoscope où se confondent le monde et une mère.
Son dernier roman était dans la sélection du Prix Orange du livre 2017, mais quelle lectrice est Blandine Rinckel ?
Et si on composait un texte nous aussi ?
Et vous, quels sont vos coups de cœur dans la liste ?
Revue de presse livres de janvier
Biographie touchante de Jeanine, et en négatif autobiographie de l'auteur qui se définit a contrario de sa mère.
J’ajouterai que ce roman me fait penser à L'affaire du siècle dont la critique est présente à l'adresse suivante: http://chrisylitterature.jouglar.eu/laffaire-du-siecle-marc-reveillaud/. Les deux adultes ont grandi dans une société de l’image exacerbée. Les parents, tous deux ayant subis un divorce font figure d’une autorité bâclée, et l’enfant devient adulte très jeune dans l’espoir de s’émanciper de cette enfance qui l’a déçue. Des sentiments tels que le ressentiment, le mépris affrontent l’admiration et l’envie. Le sentiment d’amour se trouve gangrené, l’individu névrosé. Les deux tons sont toutefois différents : celui de Blandine Rinkel est très rosé alors que celui de Marc Réveillaud est plutôt gris.
Pour une critique complète : http://chrisylitterature.jouglar.eu/labandon-des-pretentions-blandine-rinkel/
Derrière ce titre d'essai politique, se cache un premier roman ( mais est-ce vraiment un roman? ) qui, pour moi, fait l'effet d'une bombe. En peignant le portrait de sa mère, Jeannine, 65 ans, prof d'anglais à la retraite et vivant à Rezé (Loire Atlantique), rien d'explosif apparemment. Et pourtant, au fil des pages, naît une écrivaine, une vraie et, j'en prend le pari, une future grande !
Le sujet, labouré mille fois par tant d'autres et avec talent ou pas, n'a rien de bien attrayant au départ. Jeannine est une mère lambda, pas une tyrannique, pas une toxique, pas une foldingue ni une figure maternelle nimbée d'amour pour sa progéniture, ni une pauvre femme humiliée qui souffre en silence. Jeannine ne possède aucun de ces éléments qui donnent un relief touchant à un récit. Elle est, comme beaucoup de mère, attachée à sa fille unique tout autant qu'à sa liberté, prévisible dans ses points de vue, trop parfois, agaçant normalement son entourage de ses histoires trop ressassées et de ses petites habitudes qui peuvent devenir insupportables. C'est sur ce terreau aux apparences bien anodines, que Blandine Rinkel va poser son regard et nous faire rencontrer une femme, qui comme tout humain de par le monde possède une histoire, une vie qui mérite d'être racontée. Oui Jeannine fait ses courses chez Lidl, vit seule dans une grande maison, promène un chihuahua et adore manger des crêpes avec une bolée de cidre, réflexe atavique breton. Derrière cette apparente banalité, se cache aussi une femme libre. De ses courses dans ce hard discount, elle en ramène des biscuits qu'elle partage avec des inconnus rencontrés dans sa petite ville, surtout étrangers et dans le désespoir. Dans sa grande maison, elle a aménagé un petit appartement qu'elle loue sans façon ni bail de vendeur de sommeil, à des marginaux de tout poil. De ses promenades avec son chien, elle rapporte, en plus de quelques désespérés, les histoires qu'elle invente en regardant les gens qu'elle croise, repérant mieux que personne une beauté pas toujours visible par qui a du mal à se soucier de son voisin. De sa gourmandise pour les crêpes, elle en fait un instrument de réconfort pour tous ceux dans le besoin qu'elle accueille simplement dans sa cuisine repeinte en rose lorsqu'elle dû renoncer aux voyages.
La simplicité n'est évidemment qu'apparente. La vie de Jeannine recèle une infinité de petits récits, de petites anecdotes que l'auteure ne manque pas de partager avec son lecteur. Le récit sautille comme cette dame lorsqu'elle court accueillir des marins étrangers au sein d'une association d'aide bénévole.
Seulement, le livre ne se résume pas à une succession de petits faits croquignolets, Blandine Rinkel va bien au-delà. Avec une écriture fine et d'une précision sociologique ( j'ose le mot même si certains peuvent y sentir un peu de lourdeur), avec un recul impressionnant, le portrait devient d'une précision quasi entomologique et l'ont est troublé par l'extrême sensibilité qui se dégage de ce texte.
Eliminant tous les bons et mauvais sentiments faciles que peuvent véhiculer ce genre d'évocation, nous découvrons ému, une femme d'une humanité réelle et une fille, qui en la décrivant sans concession, lui adresse une magnifique ... non pas déclaration d'amour (quoique)... mais l'extrême beauté d'un texte intelligent et tendre qui par son regard précis la porte bien au-delà d'un simple portrait de mère.
"L'abandon des prétentions" devient sous la plume de son auteure, la représentation parfaite d'un membre de cette classe moyenne si difficile à définir, un membre qui " ne pourrait jamais être l'égale de ses modèles" mais qui possède un " penchant pour la liberté qu'offre l'abandon des prétentions." Et en cela, ce premier roman magnifique devient aussi un livre politique.
Malgré une écriture actuelle et une thématique qui aurait pu m'embarquer, je suis restée sur le bord de la route de ce roman un peu répétitif.
A Rézé Jeanine accueille dans sa cuisine rose les réfugiés et éclopés qui lui racontent leurs histoires entre deux crêpes.
Une vie à l'écoute des autres pour remplir le vide de son existence ou pour faire résonner les histoires de tous.
Dans la banlieue nantaise, Jeanine écoule sa retraite à écouter les histoires des autres, se remplir de leurs vies de réfugiés et d'immigrés. Attirée par les sonorités des autres langues avec candeur elle accueille sous son toit des personnalités éclectiques quitte à bousculer sa paisible vie de quartier.
Utopiste au regard curieux, l'hommage de sa fille qui décrit cette vie simple en écho à la société est un hommage touchant pour raconter cette vie de femme indépendante et attachante.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/04/labandon-des-pretentions-de-blandine_10.html
"Qu'est-ce qu'une vie réussie?"
Blandine Rinkel nous brosse ici le portrait intime de sa mère Jeanine.
Jeanine, femme brune et ronde de 65 ans, vit seule depuis le départ simultané de sa fille et de son mari. Professeur d'anglais retraitée, elle habite dans une banlieue sans grand intérêt près de Nantes.
Jeanine note ses pensées, des phrases attrapées au vol, des citations sur des post it roses qui ornent son frigo, les portes de placards de sa cuisine...
C'est une femme curieuse qui aime aller à la rencontre des gens "aimantée par tous les étrangers qu'elle croise." Pour découvrir le monde elle s'est depuis toujours intéressée aux individus étrangers à son monde, elle maîtrise de nombreuses langues et "aime fantasmer la vie des autres"
Elle a toujours fait preuve d'empathie pour les marginaux et le jour où elle a arrêté ses voyages à la rencontre des autres elle a transformé sa cuisine en "un lieu d'écoute sociale, en une salle des confidences." Sa porte est toujours ouverte pour accueillir autour d'un verre de cidre toutes sortes d'individus, émigrés, réfugiés... A une période elle va même jusqu'à héberger des ex-détenus.
C'est une femme généreuse qui économise pour pouvoir donner, avec" une générosité naturelle sans orgueil ni attente" elle va au secours de ceux qu'elle sent en difficulté mais n'aime pas par contre qu'on lui demande de l'aide.
Au fil du récit on découvre les failles de cette femme qui, issue d'un milieu rural et pauvre, a abandonné très vite ses prétentions de réussite et de reconnaissance sociale et a toujours souffert d'un gros manque de confiance en elle. "Contre la tyrannie des ambitions, elle a préféré affiner sa part sensible", c'est donc le portrait d’une mère "empêchée" que nous livre Blandine Rinkel.
Avec ses 65 courts chapitres qui reprennent des fragments de vie de sa mère, le récit est dynamique et vif porté par une bien jolie écriture. Blandine Rinkel nous fait découvrir une femme à la personnalité très attachante, insatiable de rencontres et de partage.
J'ai aimé cette femme aux belles qualités, j'ai aimé son humour, sa fantaisie mais j'ai aussi aimé la façon qu'a eue sa fille de s'approcher tendrement de ses forces et des faiblesses.
Elle analyse avec pudeur ce qui a un temps rapprocher ses parents si différents avant de les séparer, elle pointe ce qu'elle doit à sa mère dans la femme qu'elle est devenue et n'hésite pas à évoquer son agacement face à la sainteté de sa mère.
Blandine Rinkel a su trouver la juste distance pour brosser avec beaucoup de finesse ce portrait que j'ai trouvé juste, doux, grave et tendre.
Ce roman est en lice pour le Goncourt du premier roman avec Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Un collectionneur allemand de Manuel Benguigui et Looping d'Alexia Stresi.
Un portrait de femme, une réflexion sur le rôle de la littérature, un plaidoyer pour davantage de fraternité et d’ouverture vers les autres : les différents niveaux de lecture du premier roman de Blandine Rinkel en font sa force et sa richesse.
Au soir de sa vie, Jeanine n’a rien de l’aventurière, n’est pas victime ou coupable d’un quelconque crime et n’a pas davantage vécu un épisode hors du commun. Une femme ordinaire à la vie banale qui a choisi cette vie rangée, avec «un penchant pour la liberté qu’offre l’abandon des prétentions.»
Un mari dont elle va finir par divorcer, une famille, un poste d’enseignante qui voit défiler des volées d’élèves jusqu’à la retraite, un pavillon à Rezé dans la banlieue de Nantes : fini l’adrénaline de l’ambition ! On pourrait résumer ainsi son existence, en y ajoutant une pratique que la narratrice – sa fille – appelle le «rosissement d’argent» et qui consiste «à faire disparaître ses fonds propres pour financer les causes les plus bizarres». Mais elle ne donne pas seulement son argent, mais aussi son temps et son logement, de préférence à des marginaux de tout poil.
C’est ainsi que sa route va croiser des réfugiés, des repris de justice, des immigrés ou plus simplement des compatriotes qui suscitent son intérêt. Attardons-nous sur deux d’entre eux, à commencer par Moussa qui a quitté la Syrie via la Tunisie pour débarquer en France. Accueilli et aidé par Jeanine, il va brusquement disparaître. Alors qu’il semble évident qu’il s’est radicalisé et a rejoint l’armée islamique, Jeanine pense que «c’est une allégeance dans laquelle il a dû se laisser entraîner» car «c’était un gentil garçon.» Ce que l’on peut appeler de la naïveté est bien davantage une philosophie de vie, une «sorte de pouvoir magique vous permettant, en dépit d’un réel ou d’un virtuel décevant, de régénérer votre innocence à l’infini.»
Toutefois, et sans manichéisme, on va découvrir que cet optimisme n’est qu’ne façade. Les nuits de Jeanine, ponctuées de crises de somnambulisme, révèlent l’empreinte profonde laissée par ces expériences. «C’est comme si toutes les angoisses qui ne la visitaient pas le jour, face aux repris de justice, aux femmes battues et autres soldats de Daech, se déchargeaient en elle pendant la nuit.»
Autre rencontre, autre exemple. Barnabé s’amuse à récolter des photos d’identité déchirées ou encore des lettres ou petits mots tombés des poches. Ce collectionneur, «sorte d’Amélie Poulain viril de la Bretagne», répond à sa manière à la question que pose la romancière sur son rôle et sur celui du roman qu’elle écrit. Elle a la «conviction que chaque vie, même et surtout la plus anodine en apparence, vaut d’être écrite et pensée; chacun de ceux qui ont honnêtement traversé ce monde est digne qu’on lui construise, à tout le moins rétrospectivement, une destinée, et non seulement car celle-ci confère du poids aux gestes, mais aussi parce qu’elle renseigne sur la manière dont chacun, mis en confiance, peut être aimé. Il nous faudrait écrire un livre sur chacun de nos proches, pour apprendre, au gré des pages, combien, comment, nous les aimons. »
Avec beaucoup de délicatesse et au-delà des destins qui un jour croisent la route de Jeanine, ceux de Brenda l’Américaine, de Vincent le Péruvien, de Bernard, d’Adarsh, de Kareski, d’Hortense et de tous les autres, Blandine Rinkel nous montre ce que pourrait – ce que devrait – être une mise en pratique au quotidien de la devise qui figure sur tous les frontons de nos mairies. Voilà comment un portrait de femme ordinaire devient un programme politique. Sans doute aussi déstabilisant que salutaire ! http://urlz.fr/4TLx
Jeanine est une femme dans la soixantaine. C’est une femme surprenante, qui a une très grande empathie et un profond intérêt pour autrui. Elle s’intéresse énormément à l’histoire personnelle de chaque homme et chaque femme qu’elle rencontre, avec un intérêt encore plus développé pour ceux qui ont souffert et notamment pour les migrants syriens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle apprend l’arabe.
« C’est que Jeanine possède cette sorte de pouvoir magique vous permettant, en dépit d’un réel ou d’un virtuel décevant, de régénérer votre innocence à l’infini. Certains appellent cela la naïveté mais peut-on ainsi réduire le phénomène ? »
La fille de Jeanine décrit la personnalité de sa mère, raconte des anecdotes sur ses « amis » et sa vie de femme à la retraite. A travers de très courts chapitres indépendants les uns des autres, elle la peint de la manière la plus complète qu’il soit, sans porter de jugement ses défauts et qualités.
« De toutes les activités du monde, la préférée de Jeanine consiste à fantasmer la vie des autres. »
Le projet de Blandine Rinkel à travers ce roman est intéressant : dresser le portrait d’une femme dont la vie personnelle et professionnelle fut modeste, tout en racontant l’extravagance de sa personnalité. L’abandon des prétentions est un roman dont la simplicité de l’écriture fait partie de ses qualités.
Néanmoins, il lui manque un réel souffle, un vrai dynamisme. Le style trop fade et le rythme trop plat du récit ont fini par venir à bout de ma persévérance. C’est un roman dont on se lasse vite. Bien que Jeanine soit un personnage intéressant, on ne s’y attache pas et rien n’est fait dans la narration pour maintenir le lecteur éveillé.
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