Plongée dans l'univers de la jeune romancière et musicienne, qui évoque son deuxième roman et son groupe Catastrophe
Tu avais l'âge de quitter ton enfance, l'âge où on se sent libre et où, dans le train pour Paris, on s'assoit dans le sens de la marche.
Dès ton arrivée, tu t'es sentie obligée de devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'oserait plus dire « je ne sais pas ». C'était la ville qui t'imposait ça, dans ce qu'elle avait à tes yeux de violent et de désirable : sa culture.
Puis tu as rencontré Elsa.
Elle avait le goût des métamorphoses.
Blandine Rinkel a fait une entrée en littérature très remarquée avec L'abandon des prétentions, paru chez Fayard en 2017. Le nom secret des choses est son deuxième roman.
Plongée dans l'univers de la jeune romancière et musicienne, qui évoque son deuxième roman et son groupe Catastrophe
Des autrices d'exception, talents confirmés ou révélations...
Voilà un ouvrage qui me laisse perplexe!Ne me suis pas laissée accrocher par ce livre,suis toujours restée à l'extérieur.Pourtant,il y a un gros travail d'écriture,l'auteure passe du Tu,Blandine raconte Océane,au "je" après le départ d'Elia,alternance des rythmes de phrases etc...multiplication des sujets ,on passe des candidats de la 1ère Star Academy à l'éruption du volcan Eyjafjöll,des méduses aux changements de prénoms.Plus la narratrice se livre,plus on se sent spectateur ,ses deux "amies" ont l'art de couper les cheveux en quatre!
La découverte de soi,de ce que l'on veut paraître,de son milieu ne m'a guère passionnée;peut-être parce que trop intellectualisée.
"La sensation que tu avais eue,plus jeune,que les gens de la culture,les écrivains par exemple,n'étaient pas de la même espèce que toi mais d'une espèce semi-divine,inatteignable..."
Une lecture très mitigée donc,mais d'autres ont été conquis...
Il en faut du talent pour écrire pareil livre, pareil roman, sorte d’introspection narrative exprimant un mal être, une recherche de personnalité !
Blandine Rinkel se parle à elle-même, se tutoie, et cela donne un style direct qui m’a bien accroché, même si l’intérêt de la lecture n’est pas entretenu artificiellement par quelque suspense que ce soit.
Bac en poche, Océane, 18 ans, se retrouve seule à Paris pour poursuivre ses études. Son père, un homme attentionné, à l’écoute et sachant s’effacer pour laisser sa fille vivre sa vie, lui paie un petit 10 m2 parisien et elle découvre la ville.
Elle dit venir du village imaginaire de Saint-Jean-des-Oies, près de La Roche-sur-Yon, et elle trouve beaucoup de différences entre la capitale et son lieu d’origine. C’est l’été et elle en profite pour s’habituer à sa nouvelle vie.
La rentrée l’amène à Tolbiac, Paris-Sorbonne. Elle rencontre Paul et Aurélien. Ils parlent histoire, culture, politique, sexualité et elle découvre un nouveau vocabulaire, se heurte au snobisme et doit cacher ses manques de références en musique, elle qui adorait la téléréalité.
Elle s’aperçoit même que sa voix change. Cela lui donne l’impression d’être doublée, comme au cinéma. Elle qui avait un blog, n’ose pas en parler et enfin, se lie avec Elia qui a des yeux vairons, l’un vert, l’autre marron. Commence alors une histoire d’amitié profonde, pleine de surprises, certaines très inattendues.
Dans Le nom secret des choses, l’auteure glisse doucement d’un « tu » pudique et sévère vers un « je » plus franc et direct. Elle se permet certaines digressions fort instructives comme lorsqu’elle parle de l’imposture et constate qu’il n’y a pas de féminin à imposteur…
J’ai trouvé aussi très original cette volonté de changer de prénom, l’une comme l’autre. Elia devient Safiah alors qu’Océane privilégie son second prénom : Blandine. Cela donne des chapitres très personnels, de réflexions intimes qui font de ce livre un ouvrage inclassable d’une écrivaine rencontrée aux Correspondances de Manosque où Blandine Rinkel qui est aussi journaliste et chanteuse dans le groupe Catastrophe, a été en résidence d’auteure.
Océane, 18 ans, issue de classe moyenne quitte Saint-Jean-des-Oies en Vendée pour venir poursuivre ses études universitaires à Paris. Elle se retrouve confrontée à un monde différent, à côtoyer la bourgeoise et n'arrive pas à être elle-même. Elle essaie de calquer ses gestes et ses pensées sur les autres, notamment deux étudiants Paul et Aurélien qu'elle essaie d'imiter pour tenter de leur plaire et de s'en faire des amis.
Alors qu'eux ne se posent jamais de questions et ont toujours l'air de savoir, il n'en est pas de même pour elle qui se sent idiote et doute sans cesse. Elle sait pourtant que "les gens préfèrent mentir plutôt qu'avouer qu'ils ne savent pas".
Cette période de vie, teintée de souffrance et d'imposture, Blandine Rinkel la nommera L'imposture puis viendra alors La rencontre, la rencontre d'Elia. Océane est subjuguée, dès le premier regard par cette grande séductrice beaucoup plus affirmée qu'elle. Une grande amitié va naître, elles vont vivre une relation passionnée extrêmement forte et tumultueuse et Elia donnera à Océane le goût des métamorphoses. Elle va la convaincre de changer d'identité pour qu'elle puisse avoir ainsi la possibilité de choisir qui elle veut être vraiment, et en fera autant. Blandine Rinkel a elle-même entrepris cette démarche dans le passé en changeant de prénom.
Mais arriveront-elles à se trouver ?
Le nom secret des choses transcrit très bien cette période de la vie où l'on se cherche et le dédoublement qui peut être ressenti, ces contradictions que l'on porte en soi, que l'on retrouve également chez les autres. Il me semble que le "tu" employé par la narratrice pour se parler à elle-même comme s'il s'agissait d'une autre personne renforce ce sentiment de double. De même, Blandine Rinkel aborde cette dualité dès le début de son roman avec Paris, ville terrifiante la nuit par ces bruits, ces cris, ces hurlements, mais grisante et bigarrée le jour.
C’est un roman dans lequel tout est multiple et contradictoire, un roman que je n'aurais sans doute pas connu si je n'avais assisté à sa présentation en septembre aux Correspondances de Manosque par Blandine Rinkel elle-même : une belle histoire d'amitié et de quête d'identité.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
«Tu as dix-huit ans. Tu vis pour la toute première fois sans ton père, sans tes amis, sans la mer. Tu es partie brutalement, laissant ton enfance derrière toi.» Dans une nouvelle version de l’histoire de la provinciale qui découvre Paris, Blandine Rinkel confirme les espoirs suscités par «L’abandon des prétentions». Et nous raconte comment elle est devenue Blandine.
Océane n’est plus la même depuis son arrivée à Paris. Bac en poche et toute la vie devant elle, elle est fascinée par la capitale et ses habitants. Même si elle est encore bien loin d’en apprivoiser tous les codes, elle sent la vibration, l’énergie et les opportunités qui s’offrent à elle: «Les premiers mois, tu habites dans le quartier d’Odéon. Dix mètres carrés, dégotés sur un coup de chance grâce au bagout de ton père. Tu n’as aucune idée de la portée symbolique de ce quartier. Tu n’es pas au fait de l’ancienne rivalité entre rive gauche et rive droite. Tu n’as pas même conscience d’être chanceuse de loger là. Tu trouves ça tout simplement beau.»
Même «la fosse de Tolbiac» ne lui fait pas peur, cette fac où pourtant elle doit se préparer un avenir. Il s’agit, consciemment ou non, de faire quelque chose de cette nouvelle vie, de se transformer, de se métamorphoser. Et pour cela toutes les expériences comptent, y compris sexuelles. «Tu suçais sans y penser. Le sexe te semblant être un moyen comme un autre de te changer en quelqu'un d’autre. Une façon d’accélérer ta métamorphose. C’était comme un processus chimique de transformation de soi. Se faire pénétrer, comme la pâte à laquelle on ajoute un ingrédient, deux cerises, du beurre fondu.»
La route d’Océane va alors croiser une jeune fille qu’elle n’avait jusqu’alors pas vraiment considérée, même si cette collègue semblait venir de loin, comme son regard vairon, le même que David Bowie. Une rencontre comme une évidence, une découverte et la naissance d’une amitié fusionnelle, presque télépathique.
De la seconde personne du singulier, le récit passe alors à la seconde personne du pluriel : «Vous partagiez une amitié incandescente qui, tout extatique qu’elle fût, n’était en rien sexuelle, ne l’avait pas été, ne le serait jamais, et cette impossibilité de toucher, cet interdit tacite entre vous, rendait votre relation d’autant plus dérangeante.»
C’est à ce moment du roman que la romancière nous offre ce moment où tout bascule, ce rite de passage qui fait que toute la vie d’avant se fige et que désormais l’autre vie prend la place. Ce moment, c’est celui où on transforme la réalité pour qu’elle soit conforme à ce que l’on voudrait qu’elle soit. Un mensonge, une imposture dont Blandine Rinkel nous cite les exemples les plus emblématiques comme par exemple avec Jean-Claude Romand. «La mise en branle de l’imposture, c’est une tâche indélébile qu’on étale de plus belle en espérant la résorber. Et l’imposteur ajoute en permanence, de l’eau au moulin de son propre naufrage.»
Pour Elia et Océane, ce dédoublement de leur personnalité doit trouver sa légitimité dans un changement de prénom. Un petit jeu aux conséquences loin d’être anodines, comme vous vous en rendrez compte.
Voilà comment Océane est devenue Blandine. Et voilà comment, après L’abandon des prétentions, Blandine Rinkel confirme son talent.
https://collectiondelivres.wordpress.com/2019/08/29/le-nom-secret-des-choses/
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