"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lazare Vilain, philosophe de formation et dialecticien de vocation, se voit proposer d'enseigner son noble art devant un public de taulards. La chose se passe au mieux : troublé et séduit, le public répond présent. Mais peu à peu, Vilain se familiarise, copine et devient partie prenante d'un milieu qu'il importe de ne fréquenter qu'armé de méfiance.
Se basant sur son vécu mais en y ajoutant beaucoup de fiction, Alain Guyard a réussi un récit haletant, intriguant et passionnant- jusqu’au bout.
Pour bien mettre le lecteur dans l’ambiance, il offre, en guise d’introduction , « L’Épitaphe de Villon en forme de Ballade », plus connue sous le nom de « Ballade des pendus ».
La Zonzon nous entraîne sur les traces de Lazare Vilain qui va être amené à enseigner la philosophie à la maison d’arrêt de Nîmes puis jusqu’aux Baumettes, à Marseille. L’auteur se sert de sa propre expérience pour décrire le milieu carcéral. C’est cru et direct. D’emblée, il reconnaît que ses copains d’enfance sont devenus gendarmes ou militaires pour échapper à la misère ou au chômage. Quant à ceux qui sont rétifs au képi, ils sont … taulards !
Une bonne partie de l’histoire se passe derrière les murs où Lazare Vilain rencontre des gens, souffre du bruit et des odeurs tout en supportant la tchatche… Pour respirer un peu mais aussi pour commencer à nouer l’intrigue, l’auteur nous emmène dans un club de boxe nîmois. Les expressions fleuries agrémentent le récit qui voit notre prof de philo pris dans une histoire bien périlleuse. « Il y avait du mou dans la boîte à gamberge » et l’enseignant n’arrivait plus « à supporter l’entrouducutage très glandilleux des corps d’inspection ». Il faudrait citer beaucoup de pages, morceaux choisis ne rendant compte, finalement, que de la triste réalité d’administrations qui se sclérosent toutes seules.
Avec talent, Alain Guyard rend bien compte des tourments qui agitent les personnes détenues sans se départir d’un humour salvateur. C’est alors qu’arrive Leïla qui intervient aussi en prison et qu’il n’a de cesse de vouloir retrouver. Au fur et à mesure que se déroule l’histoire, l’auteur nous raconte Socrate qui inventa la philosophie en prison. Il note aussi cette réflexion si vraie : « Ici, en zonzon, y a plus que l’amitié qui tient. » Plus loin, lucide, Lazare Vilain constate : « J’étais le Facteur Cheval du crime… » Les discussions en cours de philo sont passionnantes et peuvent entraîner loin avec Redouane qui parle des bordels d’Alger. Une bonne séquence décrit aussi la fameuse corrida annuelle, sans mise à mort, organisée sur le stade de la maison d’arrêt de Nîmes. L’histoire s’emballe et se révèle être un vrai polar.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
La verve argotique de l'auteur n'est pas s'en rappeler du Audiard, du Dard ou du Boudard, le tout donne un polar cocasse et bien ficelé dans lequel le milieu carcéral est particulièrement bien rendu. Ce roman a reçu le Prix Georges Brassens 2011
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