"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour atteindre l’inaccessible étoile
Chine, début XXe siècle, Lin Xiangfu enfant orphelin de père, est élevé par une mère aimante qui veille à lui inculquer de belles valeurs. Mais celle-ci disparaît à son tour. Lin Xiangfu vit seul comme un propriétaire terrien et menuisier talentueux, un art qu’il a perpétué en hommage à son père.
Ses terres prospèrent grâce à l’aide de la fratrie Tian. Les frères Tian seront dévoués au jeune maître toute sa vie. La réciprocité est vraie entre eux il y a plus qu’un lien de travail, il y a le respect de part et d’autre, l’amitié, la bienveillance, un lien indéfectible qui est un fil conducteur de l’histoire très important, et personnellement ce lien m’a subjuguée.
Comme tout bon parti Lin Xiangfu se voit sollicité par la marieuse, mais toutes les jeunes filles qui lui sont présentées le laisse indifférent.
Un soir, un couple se présente à sa porte et lui demande l’hospitalité, Xiaomei et Aqiang se disent frère et sœur. La soirée est joyeuse et bavarde, Lin Xiangfu heureux de converser avec des jeunes de son âge venus d’ailleurs. La lendemain Aqiang prétexte un problème familial pour partir en demandant à Lin Xiangfu d’accepter que Xiaomei reste jusqu’à son retour.
Lin Xiangfu tombe amoureux de Xiaomei, le frère ne reviendra pas.
Après quelques mois de vie commune Xiaomei s’enfuit.
Elle reviendra, porteuse de son enfant, il lui pardonnera, l’épousera.
Quelques mois après la naissance Xiaomei s’enfuira sans retour en laissant sa fille .
Alors chez cet homme amoureux germe l’idée de traverser le pays du Nord au Sud pour aller à sa recherche, avec un nom de ville introuvable.
Il confie ses terres aux frères Tian, et part avec son bébé et un ballot qui fait dire qu’il transporte sa maison avec lui.
Il devra affronter la traversée du Yang-Sté-Kiang et un ouragan.
Cette quête va entraîner les lecteurs dans une vie faite de coutumes, de solidarité, et l’auteur nous donne des détails qui permettent de visualiser cette vie.
Partout où il ira il fera de belles rencontres. Arrivé à Xizhen(il comprend que le nom de ville donné par Aqiang n’existe pas) il s’y installera et s’associera à Chen Yongliang pour créer une menuiserie qui permettra à chaque villageois de reconstruire ce que l’ouragan aura détruit. Comme il est talentueux et travailleur là aussi il prospérera sans oublier son objectif : retrouver Xiaomei.
« Le temps s’écoulait sans bruit, en un clin d’œil dix ans étaient passés. Durant ce temps, Lin Xiangfu n’avait cessé de chercher Xiaomei. Il se souvenait de ces maisons vides de Xizhen dont les propriétaires étaient partis pour ne plus revenir. Il s’était mis en tête qu’une de ces maisons vides appartenait à Xiaomei et Aqiang, et il attendait leur retour. »
Il nommera sa fille Lin Baijia, ce qui veut dire Lin des cent familles.
Cette période de la Chine voit la fin de la dynastie Quing, et les temps troublés qui vont suivre.
En particulier le pillage par des bandes de brigands d’une barbarie sans nom, cette partie du livre est assez insoutenable mais notre actualité nous montre que la violence est quelque chose de difficile à éradiquer, car il y a des suiveurs et des qui laissent faire.
Certains au contraire vont lutter jusqu’au bout.
L’histoire de ce roman est une belle histoire d’amour, il y a du souffle comme sait si bien le faire Yu Hua, de la veine de Brothers.
La maîtrise de la construction est parfaite car elle maintient le mystère et éclaire par les petits cailloux semés entre Lin Xiangfu et Xiaomei.
L’écriture vous offre des images fortes, des émotions puissantes, vous êtes totalement immergés dans cette époque avec les personnages principaux, mais comme autrefois dans les bons films, les rôles secondaires sont puissants.
Dans cette quête d’un homme qui se révèle tout de même exceptionnel ; il y a en creux l’Histoire de la Chine, le terreau sur lequel a été édifié la Chine contemporaine.
Le dernier quart sera consacré à Xiaomei, je ne vous dirai pas pourquoi, mais vous verrez combien l’auteur est malicieux et fait preuve de poésie aussi.
Totalement différent de Brothers mais un livre aussi grand, aussi épique et talentueux.
C’est le livre de la rentrée que j’attendais le plus et j’ai été passionnée par cette histoire de bout en bout.
Je remercie les traducteurs sans qui…
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/11/30/la-ville-introuvable/
Roman d'amour et d'aventures
C'est une belle histoire d'amour: la bataille d'un père pour élever sa fille et retrouver sa maman dans une Chine qui transite entre la disparition de la dynastie Qing et l'instauration de la république.
C'est en même temps un beau récit qui s'apparente à un conte de fées mais aussi une histoire où se succède une série d’événements violents où des bandits commettent à chaque fois
les pires atrocités.
Le roman se divise en deux grands chapitres: L’histoire de Lin Xianfu, qui occupe les trois quarts du roman, et L’histoire de Xiaomei, qui le clôt.
Le premier gros chapitre nous décrit Lin Xianfu qui vit au nord du fleuve Jaune. Né dans une famille très riche et instruite, il possède des terres, des livres et devient menuisier. Il s’entend très bien avec son régisseur Thian L'Ainé, qui le conseille et l’aimera toute sa vie, en gérant ses biens. Lin Xianfu rencontre beaucoup de jeunes femmes. Néanmoins il s’entête à vivre seul et n'en épouse aucune.
Mais un jour, une magnifique jeune femme, vêtue d’un qipao à petites fleurs, accompagnée d’un jeune homme, frappe à sa porte et lui explique qu’une des roues de leur voiture à cheval, dans lequel ils voyagent, a lâché. Ils ne savent pas où aller. Ici commence un conte de fées, une belle histoire d’amour. Malgré ses doutes concernant cette jeune femme et ce jeune homme, qui heureusement finira par s’en aller, il tombe amoureux de Xiaomei. Ils vivent heureux jusqu’au jour où la jeune femme disparaît. Lin Xianfu se rend compte qu’elle lui a volé quelques lingot d’or. Désespéré, il ne lui reste rien à faire que d’attendre son retour. Effectivement, elle reviendra. As-tu rapporté les gros poissons jaunes (lingots d’or) et le petit poisson jaune que tu vas volés ? Non ? Alors pourquoi tu es revenue ? Il n'a pas de réponse. Ils continuent à vivre heureux, elle tisse même de jolis tissus sur le métier de la mère de Lin Xianfu. Un jour Xiaomei lui apprend qu’elle est enceinte et implore Lin Xianfu de la laisser accoucher chez lui. Mais coup de théâtre, peu après la mise au monde de la petite fille, Xiaomei disparaît de nouveau, en les abandonnant. Lin Xianfu la soupçonne d’être partie rejoindre Aqiang, le jeune homme avec lequel elle voyageait, même si elle disait que c’était son frère, Lin Xianfu ne les croyait pas beaucoup. Lin Xianfu décide alors d’hypothéquer ses terres et confie sa maison et toute sa fortune à Thian l’Ainé et à ses frères, il part avec sa fille à la recherche de Xiaomei. Il prend la route du Sud pour trouver Wencheng, la ville dont parlait Xiaomei et Aqiang. Sur son chemin il demande à tout le monde où se trouve cette ville mais personne ne la connaît. Un jour il reste pourtant dans une ville car il lui semble que cet endroit correspond à ce dont Aqiang parlait et de plus il reconnaît l’accent et le dialecte qu’il a entendu quand ce couple venant du Sud est arrivé chez lui.
Après des jours d’errance, une famille finit par les accueillir. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Chen Yongliang, chez lequel il continuera la menuiserie et de Li Meilian, qui deviendra la mère nourricière de la petite Lin Baijia, qui veut dire Lin des Cent Familles, car jusqu’à lors elle a bu du lait chez tout le monde. Chen Yongliang connaît très bien Gu Yimin, président de la Guilde des commerçants, qui se bat contre les brigands. Il s’installe donc dans cette ville où une histoire compliquée et très violente se déroule. S’en suivent des batailles féroces lors desquelles des bandits vandalisent et tuent à tout-va.
C’est une belle histoire d’amour mais aussi un roman d’aventure où l’on suit les errances de Lin Xianfu mais où l’on subira aussi la violence des brigands qui n’hésitent pas à semer le trouble et a massacrer tout sur leur passage.
Dans le chapitre deux on découvrira l’histoire de Xiaomei et ses agissements.
L’histoire de ce roman qui se passe dans le la période de transition entre la disparition de la dynastie Qing et les débuts de la République de Chine révèle l’empreinte des traditions très présentes encore comme raser les sourcils des bébés, par exemple ou porter le qipao, ce vêtement matelassé indispensable.
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