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Dans La vie domino, Azouz Begag nous invite à pousser la porte du Café du Soleil qui n'est pas qu'un abri contre la pluie pour les « chibanis » lesquels viennent y jouer aux dominos avant de regagner leurs garnis.
Une nouvelle où l'on retrouve avec bonheur l'atmosphère de l'inoubliable Gone du Chaâba.
À chaque fois que les petits rectangles blancs heurtent le tapis vert, les commentaires fusent : « Tu le voulais, le 4, tiens prends-le ! Il est là ! », « Vas-y, mange ça ! », exprimant la farouche volonté du joueur de prendre le dessus sur l'autre dans ce jeu, de lui prouver qu'il a un adversaire de poids face à lui, un homme digne qui a des arguments pour se défendre. Plus je regarde ces chibanis s'escrimer aux dominos autour de la table du Café du Soleil, plus je vois clair. Ils prennent leur revanche. Contre la vie, contre l'exil qui les a poussés si loin de leur contrée natale et de leurs attaches familiales, vers les usines de France et les garnis de la Blace Debout. Si nombreux. Si seuls. Ces hommes se battent contre des fantômes. Il y en a pléthore au Café du Soleil. D'ailleurs, j'en vois un au-dessus de l'escabeau assis jambes croisées, et un autre devant le miroir rouillé, d'autres accoudés au bar, en attente. Il y a un rigolo en pyjama blanc qui se cure les ongles en attendant que sonne le glas. Je me demande pourquoi je suis le seul à les voir.Et ils savent que je les vois. Ils font comme si je n'existais pas.
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