"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s'agit d'un des livres les plus célèbres de la littérature grecque moderne. Publié à Mytilène en 1924, réédité à Athènes en 1930 et remanié plusieurs fois par l'auteur jusqu'en 1956, La Vie dans la tombe a été traduit dans une dizaine de pays, dont la France (1933). Cette première version française, intitulée De Profundis, établie d'après l'une des premières éditions grecques et amputée de plusieurs chapitres ne rendant pas compte de cette oeuvre majeure, une nouvelle version, fidèle au dernier état du texte, s'imposait.
La « vie dans la tombe » est, dans la liturgie orthodoxe, l'hymne du Vendredi saint, déploration funèbre dans l'attente de la Résurrection. Pour Myrivilis, c'est l'Enfer des tranchées durant la Grande Guerre, au-delà même de son expérience personnelle.
Le livre se présente comme le journal intime d'un jeune Grec de Mytilène (Lesbos), Antonis Cotsoulas, engagé volontaire sur le Front d'Orient dans la Division de l'Archipel (les îles libérées du joug turc à l'issue des Guerres balkaniques). Il retrace ses épreuves et son évolution intérieure, de l'élan juvénile initial à la désillusion d'un patriotisme lucide teinté d'antimilitarisme, entre son départ de Lesbos en 1917 et sa mort au cours d'une grande offensive alliée contre les positions germano-bulgares de Macédoine, aux environs de Monastir. Bien que le lieu ne soit pas expressément nommé, cet épisode final peut être identifié avec la seconde bataille du Skra di Legen (mai 1918), victoire remportée par les Alliés au prix d'un lourd tribut grec (près de 3 000 tués ou blessés) et prélude à la percée qui allait déterminer le renversement du rapport des forces. Si l'auteur, pour ménager sa liberté d'expression, recourt aux artifices de la fiction, il n'emploie jamais le mot « roman ». Son livre est avant tout un témoignage d'un réalisme extrême sur la vie quotidienne dans les tranchées. Les 55 tableaux qui jalonnent ce chemin de croix forment une unité narrative autonome, à la progression dramatique rigoureuse. On y trouve tous les ingrédients des classiques récits de guerre, marches harassantes, corvées quotidiennes mais aussi scènes d'horreur et d'apocalypse. On y croise tous les desservants de cet « abattoir international en folie » (Céline), gradés arrogants ou humbles héros, déserteurs ou victimes résignées dont la vie intime est dévoilée sans complaisance. Ce Monde d'En Bas a pour contrepoint rêvé le Paradis Perdu de Mytilène, avec sa lumière, les parfums de sa flore, ses couleurs et ses rivages. Imprégné de traditions ancestrales, Myrivilis fait alterner le réalisme le plus cru avec le lyrisme le plus délicat. Le ton de l'épopée ne lui est pas non plus étranger. Il fait sentir avec éloquence le déchaînement des forces guerrières. Au service de son oeuvre il forge une langue neuve, un « démotique » proche de la langue orale, ponctué de régionalismes expressifs, de créations verbales pures qui, par son sens du rythme, s'élève à la hauteur d'une prose d'art. Cet irrécusable document est aussi un manifeste littéraire.
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