"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jmiaa, prostituée de Casablanca, vit seule avec sa fille. Femme au fort caractère et à l'esprit vif, elle n'a pas la langue dans sa poche pour décrire son amoureux Chaiba, brute épaisse et sans parole, ou Halima, sa comparse dépressive qui lit le Coran entre deux clients, ou encore Mouy, sa mère à la moralité implacable qui semble tout ignorer de l'activité de sa fille... Sa vie bascule quand elle rencontre Chadlia, dite « Bouche-de-Cheval », qui veut réaliser son premier film sur la vie d'un quartier populaire de Casa et cherche des actrices. Très vite, Chadlia est séduite par la personnalité détonante de Jmiaa. Mais celle-ci n'est pas facile à manier : bien qu'elle soit totalement inexpérimentée, rien ne l'impressionne et elle a un avis sur tout...
Jmiaa nous offre une peinture haute en couleurs de la vie quotidienne dans un Maroc populaire où chacun fait face aux difficultés à force de vitalité et de débrouillardise.
Ce premier roman de Meryem Alaoui est une belle réussite.
Il s'agit de nous raconter l'histoire originale et aussi dramatique qu'amusante de Jmiaa, prostituée de Casablanca.
C'est donc depuis l'intérieur de l'esprit de cette femme que nous découvrons un Maroc populaire, loin des cartes postales touristiques.
Jmiaa vit chichement dans un quartier animé de la capitale marocaine. Elle a une fille, des collègues prostituées plus ou moins sympathiques, et elle enchaîne les passes entre deux soap passant à la télévision.
Le père de sa fille a émigré en Espagne, mais elle ne manque pas de partager avec lui ses bénéfices.
Un jour Jmiaa va rencontrer « bouche de cheval », venue de hollande pour interroger des prostituées afin de réaliser un film.
Va s'en suivre pour notre héroïne une carrière d'actrice qui la conduira jusque de l'autre côté de l'Atlantique.
Une des grande force de ce roman c'est d'arriver à restituer l'ambiance du Maroc populaire.
Les référence musicales, les mots de la langue, nous transportent sur les lieux et nous font vivre une expérience chaude et lumineuse.
Ce qui est intéressant également, c'est cette « misère heureuse » qui est exposée. Jmiaa ne se plaint jamais de son sort et fait face aux difficultés avec une grande force de vie.
La confrontation de son caractère populaire avec le monde du cinéma et ensuite avec la profusion matérielle qui règne aux Etats-Unis est aussi une expérience sociale pertinente.
Ce livre ne fait à aucun moment dans le misérabilisme et est très souvent drôle alors que le sujet est parfois grave ou glauque.
Meryem Alaoui maîtrise de bout en bout la gouaille de son personnage, mais on sent une grande dextérité littéraire en arrière plan.
Un très bon livre, allez-y !
'La vérité sort de la bouche du cheval'... Mais quel drôle de titre intrigant ! Et quelle surprise ce roman ! Au début, j'ai été quelque peu rebutée par le langage cru pourtant si adapté à l'histoire. Jmiaa est une prostituée qui vit à Casablanca. Raconté de son point de vue, le récit nous plonge dans sa vie a priori plutôt glauque. Pour autant, Jmiaa ne se laisse jamais abattre et n'est pas du genre à se lamenter sur son sort. Son franc-parler a fini par me séduire et je me suis attachée à son personnage. On apprend comment elle est devenue prostituée et comment une rencontre va totalement changer sa vie. On se retrouve plongé dans les senteurs et l'ambiance du Maroc et cette lecture s'avère totalement dépaysante ! Je recommande ce livre aux personnes qui n'ont pas peur du langage osé d'une prostituée. Ca en vaut la chandelle !
Pourtant intriguée par ce titre " La vérité sort de la bouche du cheval ", je reste sur une sensation mitigée après cette lecture. Premier roman de Meryem Alaoui, il est paru au moment de la rentrée littéraire de septembre 2018, aux éditions Gallimard.
L'histoire démarre en 2010 où Jmiaa, la narratrice, est prostituée dans un quartier populaire de Casablanca. Dotée d'un caractère bien trempé et de courbes généreuses, elle se voit confier la responsabilité d'une nouvelle recrue, Halima.
p. 14 : " [...] j'allume une cigarette et je tire rapidement dessus pour continuer à lui raconter mes journées en insistant bien sur l'essentiel : la quantité. Parce qu'il faut en voir ,des hommes, pour vivre. Au moins six par jour. Sept ou huit, c'est mieux, mais six, c'est déjà bien. "
Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, Jmiaa se laisse aller aux confidences. Et si elle s'est retrouvée à faire le trottoir pour gagner sa vie, c'est parce que son mari Hamid lui en a suggéré l'idée. En effet, celui-ci est prêt à toutes les magouilles pour se faire de l'argent, et ses mauvaises fréquentations vont avoir raison de leur couple.
p. 74 : " A la paranoïa, aux joints, à ses nerfs et à l'argent qui se faisait de plus en plus rare, il a ajouté l'alcool. "
Mais il a pris ses jambes à son cou lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle était enceinte. Mouy, sa mère, l'avait pourtant prévenu : Hamid n'était pas un homme pour elle, et il allait lui créer des ennuis. Bien qu'elle est acceptée de s'occuper de sa fille pendant ses longues journées de travail, elle ne peut s'empêcher de le lui rappeler.
p. 61 : " Le truc qui me parasite vraiment, c'est que chaque fois que je vais la voir, elle me cuisine pour savoir où j'en suis avec le bâtard de mon mari. Et chaque fois, elle se fait plus insistante que la précédente. "
Sur ce chemin de vie, ou plutôt de survie, il n'y avait guère d'issue favorable, et les espoirs d'une vie meilleure ne restaient que du domaine des rêves. C'est alors que son cousin lui parle d'une femme d'origine hollandaise, venue au Maroc dans l'intention de réaliser un film. Journaliste et réalisatrice, Chadlia cherche donc des femmes issues des quartiers pauvres de Casablanca pour témoigner de leur quotidien. C'est alors que le cousin propose une rencontre entre les deux femmes.
p. 104 : " - Ce film que je veux faire, c'est mon premier long métrage. J'ai presque fini d'écrire mon histoire. Mais je voudrais m'assurer que ce n'est pas à côté de la réalité. C'est pour ça que je voulais rencontrer... "
D'un physique plutôt ingrat, Jmiaa va alors la surnommer "Bouche de cheval". Elles vont se rencontrer régulièrement, mais discrètement. Sans complexe, Jmiaa va lui parler de son histoire personnelle. Touchant de plus en plus la journaliste par son franc parler et sa spontanéité, elle va lui faire une proposition des plus surprenantes.
p. 167 : " Je veux que tu joues dans le film. Et tu as une force qui se dégage de toi qui... qui remplit la pièce. Qui remplit l'écran. "
Passée la surprise, Jmiaa se prête au jeu, et s'astreint à une hygiène de vie et à une grande conscience professionnelle, oubliant presque ses soucis avec l'alcool.
p. 173 : " Peut-être qu'il y a des choses qui arrivent pour rien dans la vie. Et peut-être aussi que tout ce qui se passe, c'est déjà prévu, planifié, tracé, tout. Comme dans un film."
Devenue une célébrité dans son quartier, les habitants lui accordent enfin le respect tant attendu. Mais le tournage du film terminé, le retour à son ancienne vie se révèle douloureux, comme si cette parenthèse étoilée n'avait été qu'illusion.
p. 216 : " Aujourd'hui, on est vendredi. Je suis dans ma chambre, en ville. Et on a fini le tournage. Ils m'ont donné mes trois millions et demi, tous les costumes qu'ils avaient faits pour moi, du maquillage, des sacs et des foulards. Ils ont bien pris soin de moi. "
Mais une surprise aussi incommensurable aux yeux de Jmiaa peut-elle en cacher une autre, toute aussi improbable... ?
Ecrit à la première personne du singulier, ce roman se fait plus proche du lecteur, telles des confidences. Meryem Alaoui utilise le langage courant, en adéquation avec le cadre du roman,ce qui lui donne une dimension réelle. J'ai apprécié la première partie du roman qui relate le témoignage de la vie d'une femme prostituée à Casablanca, une ville riche en couleurs et en animation, elle l'est aussi de violence et de misère pour cette héroïne. En revanche, la seconde partie me semble bien idyllique, voire utopiste. Jusqu'où le lecteur est prêt à se laisser prendre dans cette happy end à l'hollywoodienne ?
J'ai lu avec beaucoup de curiosité "La vérité sort de la bouche d'un cheval" de Meryem ALAOUI.
Ce roman est comme un feu d'artifice, un mélange plutôt harmonieux de formes et de couleurs qui vous touche par son exotisme, mais aussi pour ce qu'il remue en vous.
Pour l'exotisme, ce sont les descriptions des trottoirs de Casablanca, le langage fleuri de Jmiaa que le glossaire en fin d'ouvrage permet d'éclairer ponctuellement et évidemment son optimisme à toutes épreuves.
Quant aux sujets graves qui émaillent son texte, ils ne sont pas édulcorés, mais au contraire traités avec distance et délicatesse. Ils tournent autour de la prostitution et de ses dommages collatéraux.
Une rencontre permet de relancer la vie de Jmiaa qui stagne entre ses passes sordides et l'éducation bancale qu'elle essaye d'inculquer à sa fille.
Commence alors la deuxième partie du roman où l'histoire s'emballe et prépare au bouquet final qui sonne un peu comme un pétard mouillé, au regard du décor planté au départ.
Pourtant je reste convaincue que l'auteur n'avait pas d'autre choix que de bifurquer vers ce style de récit si elle ne voulait pas tomber dans le pathos absolu.
Mon impression finale reste toutefois très positive, car on y ri beaucoup et aucune longueur ne pousse à vouloir abandonné le roman, ce qui à mes yeux est indubitablement une belle preuve de qualité de composition.
Jmiaa est une femme trentenaire, mère célibataire, qui a échoué sur le trottoir de Casablanca par un malheureux coup du destin. Loin de se lamenter sur son sort, elle mène sa barque tant bien que mal et n’hésite pas à remonter sa djellaba pour subvenir aux besoins de sa fille.
Dans ce roman, c’est par le biais de son franc-parler et à l’aide d’une bonne dose d’humour que Jmiaa nous conte ses tribulations. Celles-ci vont prendre une tournure assez inattendue lorsqu’elle rencontre une réalisatrice hollandaise Chadlia, surnommée « bouche de cheval » par notre héroïne.
Dès les premières pages de ce récit à la plume enjouée et incisive, on se retrouve embarqué dans les rues colorées des quartiers défavorisés de Casablanca où la précarité domine et le poids des traditions persiste.
Une galerie de personnages secondaires prend vie avec justesse grâce à la verve crue et lucide de cette prostituée. Un personnage féminin attachant par son authenticité et son fort tempérament, touchant par sa détermination et son courage.
Mon seul bémol concerne le dénouement qui est venu ternir ma lecture dans les dernières pages avec un happy-end pour lequel j’ai eu des difficultés à adhérer.
À travers le regard tranchant et drôle d’une prostituée, Meryem Alaoui nous livre un premier roman pétillant et touchant avec ce portrait sans concession de la société marocaine d’aujourd’hui. Une immersion réussie dans les quartiers populaires de Casablanca que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.
Il est grand, mince et fort. Elle est folle de lui, toutes les filles du quartier en sont folles. le jour de leur mariage, on a égorgé un mouton. Les joints, l'alcool et les coups qui pleuvent et la déchéance pour gagner l'argent dont son mari a besoin. Elle s'appelle Jmaiaa, elle a trente- quatre ans, une fille, et pour vivre, elle se sert de ce qu'elle a. La narratrice Jmaiaa nous raconte la vie quotidienne des prostituées, on se pose, on se raconte des histoires, on se tortille les fesses pour attirer les hommes, savoir repérer les flics, on regarde allongées des feuilletons mexicains, on boit du vin, on s'adonne aux joints, on se tape des cachets, pour faire ce travail il faut avoir des couilles. Une journaliste venue de Hollande veut rencontrer une fille du marché pour un reportage, il y a peut-être un peu d'argent à se faire. Cette rencontre va changer la vie de Jmaiaa.
Les cent cinquante premières pages sont agréables à lire grâce à l'écriture si vivante de l'auteur, un langage fleuri, imagé et parfois cru, mais qui ressemble tellement aux personnages, c'est un style qui me plait bien le lecteur se sent immergé dans ce quartier populaire haut en couleur de Casablanca. Jmaiaa est un personnage qui m'a été tout de suite sympathique, elle a du caractère, elle est débrouillarde et elle dit tout ce qu'elle pense.
« Et c'est vrai que je marche toujours vite, sauf quand je cherche un homme parce qu'il faut être attirante quand même. Quand j'y pense, je ralentis et je fais comme ça. Je me déhanche lentement, je regarde à droite et à gauche; je m'appuie sur ma jambe gauche, puis sur ma droite, comme un dromadaire. de derrière, ça fait un mouvement lent, mais nerveux. : quand mes fesses montent c'est en saccades. Et quand elles descendent, c'est pareil. C'est appétissant, comme la Danette au caramel que j'achète à ma fille. »
Mais ensuite lorsque Jmaiaa devient actrice le récit s'enlise, seule à la fin du livre la découverte de l'Amérique par Jmaiaa, les immeubles qui montent au ciel, les magasins où tout est à profusion, le gaspillage, les clochards, permet de retrouver la verve qui m'a tant plu dans la première partie du livre.
Prostituée aguerrie, Jmiaa promène ses courbes généreuses et son caractère bien trempé dans les rues de Casa, de la petite pièce où elle vit seule avec sa fille jusqu'à sa place dans l'escalier près du marché où elle alpague ses clients. Le métier n'est pas facile, le quartier est populaire, les affaires se règlent vite, à même le sol, la djellaba à peine retroussée, sans états d'âme ni sentiments superflus. Pour supporter cette vie qu'elle n'a pas choisie, Jmiaa cherche l'oubli dans l'alcool, les cachets, les fous rires avec Samira sa collègue et amie, et les bras de Bouchaïb, son client préféré. Tout change lorsque Hamid, le gardien du parking, lui présente Chadlia, une marocaine qui vit au Pays-Bas. Aussitôt rebaptisée ''Bouche de cheval'' par une Jmiaa circonspecte, la jeune femme lui explique qu'elle veut tourner un film, son premier long-métrage, à Casa, sur la vie du quartier, sur une prostituée...Elle veut des conseils, elle veut du vécu, elle veut une actrice...
Gros coup de cœur pour Jmiaa, sa verve, son langage fleuri, son esprit vif et son courage. A la suite de ce personnage haut en couleurs, nous découvrons Casablanca, la société marocaine, le sort des femmes soumises à la volonté des hommes. Jmiaa est une de ces femmes qui n'a pas eu de chance mais qui prend les choses comme elles viennent, avec pragmatisme, philosophie, fatalisme. Narratrice sans concessions de sa propre vie, Jmiaa n'épargne rien ni personne, les hommes, les collègues, les ''barbus'', les fonctionnaires corrompus, les flics, les bien-pensants et les hypocrites. Si le sort ne lui a pas toujours été favorable, elle saura aussi saisir les opportunités qui s'offrent à elle et changer le cours de son destin.
Un récit plein de couleurs, de chaleur, de piment. De la misère, de la violence, mais aussi de la solidarité, de la débrouillardise et un happy end un peu facile mais qu'on ne peut qu'approuver tant on s'est attaché à Jmiaa au point de lui souhaiter le meilleur. Une lecture pétillante qui donne la pêche.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !