Une bibliothèque idéale non pas éternelle mais actuelle !
La toile du monde possède le souffle sensuel et l’énergie des grands romans qui plient la réalité aux dimensions du rêve. Rêve de liberté d’une femme venue d’un autre monde, rêve de métamorphose du Paris de 1900, décor de l’Exposition universelle. Après Trois mille chevaux-vapeur et Équateur, Antonin Varenne signe une œuvre saisissante et confirme la singularité de son talent.
Aileen Bowman, trente-cinq ans, journaliste, célibataire, est venue couvrir l’événement pour le New York Tribune. Née d’un baroudeur anglais et d’une française utopiste, élevée dans le décor sauvage des plaines du Nevada, Aileen est un être affranchi de tout lien et de toute morale, mue par sa passion et ses idéaux humanistes. Au fil d’un récit qui nous immerge au cœur de la ville en chantier, du métropolitain naissant aux quartiers des bordels chers aux peintres, la personnalité singulière d’Aileen se confond avec la ville lumière. Un portrait en miroir qui dessine la toile du monde, de l’Europe à l’Amérique, du XIXe et au XXe siècle, du passé d’Aileen à un destin qu’elle n’imagine pas.
Une bibliothèque idéale non pas éternelle mais actuelle !
Alors que l’Exposition Universelle de 1900 s’apprête à ouvrir ses portes, Aileen Bowman, journaliste américaine arrive à Paris pour couvrir l’événement pour le New York Tribune. Aileen est une jeune femme de trente-cinq ans, célibataire, farouchement éprise de liberté et qui revendique son droit à avoir des amants et à porter des pantalons !
Ainsi résumé, ce récit était prometteur. Une héroïne au caractère bien trempé, un Paris du début du XXème siècle à découvrir et une couverture attirante.
Mais au final le lecteur reste sur sa faim. Très vite le personnage d’Aileen devient caricatural, enchaînant les aventures amoureuses comme si sa liberté ne passait que par cette possibilité qu’elle se donne de choisir ses amants et amantes.
J’espérais ainsi beaucoup du fait que la jeune femme est journaliste. A son arrivée à Paris, elle est ainsi accueillie par Marguerite Durand, fondatrice du journal féministe La Fronde. Elle y rencontre Séverine, elle-même journaliste et symbole d’un féminisme engagé. Mais l’auteur ne semble pas avoir trop su quoi faire de cette rencontre et comment en explorer les ressorts romanesques possibles.
Il y a bien quelques pages et considérations intéressantes sur la place des femmes dans la société patriarcale de cette époque mais rien de bien nouveau et rien qu’on n’ait pas déjà lu ici ou là par ailleurs. Ainsi de cette improbable "permission de travestissement” à demander à la préfecture pour pouvoir porter un pantalon lorsqu’on est une femme, mais que nous connaissions déjà grâce, notamment, aux biographies consacrées à George Sand !
Par ailleurs, l’histoire familiale d’Aileen lancée sur les traces d’un cousin aux origines indiennes qui se produit dans le Pawnee Bill's Show présent pour l’Exposition Universelle, ne captive pas l’attention même si elle donne l’occasion d’une ouverture sur l’histoire américaine malheureusement mal exploitée.
Rien de nouveau donc et des sujets, qui s’ils avaient un potentiel évident, ne sont que survolés. Peut-être l’auteur a-t-il voulu aborder trop de thématiques qui prises une par une auraient pu être largement développées. Ou peut-être s’est-il trop contraint et aurait-il fallu un livre qui aurait compté plus de 300 pages.
Il manque ici un souffle et une analyse plus profonde et mieux construite pour faire de ce récit un roman réussi.
La toile du monde est le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers tomes sont Trois mille chevaux vapeur et Équateur. Nul besoin d’avoir lu les deux premiers volumes pour l’apprécier pleinement.
Aileen Bowman est journaliste au New York Tribune. En ces débuts de l’année 1900, tous les regards convergent vers Paris où doit se tenir l’Exposition Universelle. Elle veut en être. De mère française, elle voit là une occasion idéale pour retrouver une partie de ses racines.
Ayant été élevée par des parents aventuriers pour qui la liberté était le maître mot, Aileen est une femme au caractère bien trempé. Elle convainc non sans mal son rédacteur en chef de l’envoyer à cette grande kermesse internationale.
Aileen a deux idées derrière la tête en se rendant à Paris. La première est de continuer sa lutte pour la cause des femmes en publiant en parallèle de son travail pour le New York Times, des articles dans un journal féministe. La deuxième, est de retrouver son cousin Joseph, fils d’un américain et d’une indienne. Joseph s’est marginalisé, oubliant sa part blanche. Aileen va tout tenter pour le faire quitter le Pawnne Bill’s Show et revenir dans le droit chemin.
Son arrivée à Paris n’est pas des plus discrètes. Son accoutrement fait scandale. Dans une France où le port du pantalon est interdit pour les femmes, elle le revendique fièrement, arpentant les rues de la capitale chaussée de bottes de cheval. Elle cultive cette apparence masculine. Celle qu’elle arbore depuis toujours.
Peu à peu Aileen se laisse gagner par l’effervescence de l’Exposition. Elle goûte au plaisirs parisiens, fréquente les peintres, les maisons closes. Elle en oublie sa cause. Sur le plan familial, elle retrouve Joseph qui lui fait comprendre qu’en volant à son secours, c’est elle-même qu’elle veut sauver. Il lui fait prendre conscience qu’elle a mis de côté ses valeurs.
« La peur dissolvait les mensonges d’Aileen, comme la colère faisait fondre les peintures de Joseph, pour révéler les lignes guerrières des tatouages. Ils le savaient tous les deux, ce n’était pas Joseph qu’elle venait sauver, mais une part d’elle-même en lui, à laquelle elle avait commencé à renoncer : la résistance. L’absence de compromis. »
L’Exposition universelle va agir comme un révélateur sur Aileen. Paris va lui tendre un miroir. Dans ses articles, elle décrit la capitale comme une prostituée qui s’offre au monde pour des accords commerciaux, pour le prestige, pour être le centre du monde. Aileen, elle, oublie ses idéaux pour se vautrer dans les plaisirs immédiats.
L’Exposition Universelle qui se veut la vitrine du monde moderne, un lieu de promotion de la paix apparaît à Aileen comme le symbole d’un monde ancien, un monde où les colonisateurs donnent les indigènes en spectacle pour divertir les visiteurs. Un monde où les tensions entre puissants même si elle sont cachées le temps de cette grande messe, sont bien réelles et que cet idéal de paix n’est qu’un vœu pieux.
La toile du monde est une description passionnante et bouillonnante de ce Paris, capitale du monde en cette année 1900 mais c’est surtout une plongée dans la personnalité d’Aileen Bowman, cette féministe convaincue, dans ses contradictions, dans sa lutte pour rester fidèle à ses convictions.
J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir la plume d’Antonin Varenne. Je me plongerai sous peu dans les deux premiers volumes de la trilogie.
« Le sexe de la femme était du même rose que son front et son visage, penché et concentré sur la feuille qui sortait, droite comme une érection, de la machine à écrire. Ce sexe, origine biologique du monde, était autant qu’un lieu de plaisir, une source d’énergie et d’inspiration, l’origine de la création intellectuelle. Alors on notait sa bouche, lèvres fermées mais sur le point de s’ouvrir comme les cuisses ouvertes et les autres lèvres, le clitoris pointé. Les correspondances de couleurs et de matières entre le sexe et la tête d’Aileen, étaient le véritable sujet de ce nu : l’inspiration, et l’extase intime qui l’accompagnait, d’une femme écrivain. Pas une bourgeoise, pas une nymphe, pas une prostituée. »
Passionnant ,belle histoire pour tout dire à decouvrir et aussi l auteur que je ne connaissais pas en tant ecrivain belle découverte pour moi
Superbement écrit et passionnant
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Je ne savais pas que c'était une trilogie. Comme tu le soulignes, cela peut se lire séparément. Mais justement, j'ai "Trois mille chevaux vapeur". Donc je vais commencer par celui-là. Merci pour l'info. Bises.