"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une histoire captivante, tragique et poétique, entremêlant deux intrigues : dans un village en France où des parents se déchirent jusqu'à la disparition du père en 2010 et en Algérie où leur fille Angélique, du haut de ses sept ans, raconte sa vie au coeur de la guerre des années 1961- 62.
Difficile de quitter un récit pour l'autre tant l'écriture est dynamique et attachante. Contre les traces indélébiles de la guerre qui s'immiscent au sein de cette famille, la littérature joue un rôle salvateur crucial pour Angélique. Une source d'espoir en la vie qu'elle partage avec sa soeur de coeur, Djamila, leur donnant l'énergie pour surmonter la peur, les violences et affronter la perte.
"Mes livres ont le pouvoir d'effacer les tourments et je me suis inventé une phrase magique, tant que tu es dans la lumière des mots, tu échapperas aux ténèbres. Tu échapperas aux ténèbres. Beau, non ?"
Des larmes amères et douces dans le cœur, des rires légers et graves dans l'âme.
Magnifique roman.
Angélique, 7 ans « presque trois-quarts, vit en Algérie avec ses parents lorsque la guerre d’indépendance éclate.
C’est elle la narratrice de ce roman signé Martine DUQUESNE
Par les yeux d’une enfant, loin de tout jugement péremptoire des adultes, nous voyageons entre hier et aujourd’hui.
Entre la petite fille qu’elle fut et l’adulte qu’elle est devenue, forgée par « les événements » et leurs conséquences, par la désunion également du couple parental, qui aboutira à l’acte commis par le père, et qui ouvre cette histoire aux accents de soleil sur fond de tragédie, des années se sont écoulées.
Alors que ce passé douloureux remonte à la surface, que les souvenirs refluent, Angélique couche ses maux. Les mots au secours des maux.
« Le passé ne voulait pas passer ».
Avec un talent de conteuse tout comme j’aime, avec pudeur, justesse et délicatesse, Martine Duquesne fait surgir et alterne brillamment ombre et lumière, cicatrices et points de suture.
Les portraits sont magistralement brossés, tant ceux des parents (cette mère pour qui il est difficile d’éprouver de l’empathie, ce père dépassé qui s’accroche malgré tout et se refuse à quitter cette Algérie si chère à son cœur), que celui , extrêmement touchant, de Djamila, l’amie, le « double », la sœur de cœur.
Angélique se débat, ne comprend pas (comment comprendre l’incompréhensible quand on est enfant ?), se raccroche à ce qu’elle édifie autour d’elle, ce petit monde fait de chansons, de rires, de lectures...
"Tant que tu es dans la lumière des mots, tu échapperas aux ténèbres".
Voici un roman qui se lit d’une traite. Emouvant, beau, triste mais pas trop quand même, car la plume de Martine Duquesne est indubitablement trempée dans le soleil de l’espoir.
Le déracinement, les séquelles d’une enfance fracassée par l’éclatement d’un pays et d’une famille côtoient les thèmes de l’amitié, du deuil , de la filiation, du renoncement, du recommencement et de la nécessaire résilience, qui permet d’avancer et de se construire.
« La vie tourne autour d’un nombre restreint de phrases, qu’on met des années à construire, des phrases qui résonnent comme des repères, des balises, les pièces d’un gigantesque puzzle qui, une fois assemblées, vont donner sens à l’ensemble ».
Lachassagne 2010. Angélique est venue prêter main forte à sa mère qui n’arrive plus à rien avec son mari. Elle se retrouve au milieu d’un couple en plein déchirement, mais elle en a l’habitude. Pourtant, cette fois, Angélique voit son père quitter la maison et disparaître. Avec une arme. Cette fois, c’est sérieux. Les gendarmes sont appelés. Durant ces heures d’attente, Angélique se souvient de son enfance en Algérie.
Sebdou 1961. La famille d’Angélique vit dans un petit village algérien. Ses parents sont en charge de l’école. Son père en est le directeur. Ils enseignent le français à des enfants algériens. Ce qu’on appelle encore les « événements » les ont poussé à quitter la ville, à la recherche d’un peu plus de sécurité.
La petite Angélique se sent bien seule. Sa mère est dure avec elle, mais aussi avec son mari. Elle n’a que peu d’amour à attendre de celle qui lui a donné le jour. De sa bouche ne sortent que reproches et invectives.
« Papa avec son sourire tranche de pastèque lui dit, essaie de la comprendre, c’est une enfant précoce, mais ma mère le rectifie illico, alors ça, c’est vite dit et même si c’était vrai, ça ne lui apportera que des ennuis, crois moi, et là, sa voix siffle comme un coup de martinet. Je l’entends continuer dans ma tête, un truc qui ne tourne pas rond chez cette gosse, une déficience, une maladie, qu’on n’aura pas détectée à temps. Elle n’ose pas dire les choses franchement mais moi je lis dans ses pensées secrètes. Je sais qu’elle est la maîtresse de la haine. »
Les choses deviennent de plus en plus compliquées pour les « colons » français. Les attentats se multiplient, réprimés avec violence. La torture est à l’œuvre des deux côtés et le vent semble tourner. Le Général De Gaulle va lâcher l’Algérie.
Par les yeux d’Angélique nous voyons les effets de la guerre au sein de sa famille. Ce sont en fait deux guerres que nous décrit Martine Duquesne. La guerre historique, mais aussi la guerre familiale. La mère d’Angélique reproche constamment à son père de vouloir s’accrocher à l’Algérie alors qu’elle, elle veut partir.
Nous voyons cette guère avec les yeux candides de l’enfance. Nous partageons l’incompréhension d’Angélique sur ces événements, sur cette haine de l’autre. D’autant plus que sa meilleure amie, sa sœur de cœur, Djamila, est arabe. Angélique veut comprendre, elle veut la vérité, on ne lui répond pas. Elle doit se taire et obéir. Elle se réfugie dans les contes et les comptines qu’elle se répète en boucle pour se rassurer.
Avec La solitude des enfants sages, Martine Duquesne signe un premier roman passionnant, plein d’émotion sur cette guerre d’Algérie dont on parle si peu en France. Par honte sans doute. C’est une période qu’on préfère ignorer au profit d’autres moins gênantes. C’est le déchirement de ces familles pieds noirs que nous fait découvrir Martine Duquesne, ce déracinement si douloureux qu’ont dû vivre ces rapatriés qui ont tout quitté dans l'urgence. L’auteur nous montre aussi toute la souffrance d’une enfant qui vit entre une mère toxique et un père dépassé. Un premier roman à découvrir.
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Merci Dominique. Je ne te promets rien j'essaierai de te faire passer ce magnifique livre il venait de la boîte à livres. Je vais le passer à des amis ici. Voilà bon ça prendra du temps certainement mais j'espère que je pourrais faire ça comme ça
Merci pour ce commentaire Kryan , il nous fait imaginer des mondes meilleurs plein d’amour et d’amitié. On a envie de découvrir la vie des protagonistes. Belles lectures. Prends soin de toi