"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le hold-up, forme illégale d'appropriation apparue aux États-Unis au lendemain de l'Indépendance, raconte depuis deux siècles notre société capitaliste.
Autrefois, en marge, magnifié par le cinéma - aux temps héroïques des ennemis publics n° 1 et des « casses du siècle » -, il se posait en défi au capitalisme, refusant ses règles.
Aujourd'hui, c'est au coeur même de la machine capitaliste que le hold-up prospère : dans les banques où les « déréglementeurs » engrangent profits par millions ; dans les entreprises, où les adeptes de la disruption braquent les marchés pour se constituer en monopoles, à l'instar d'Apple, de Google ou de Facebook ; ou dans l'industrie du spectacle et de l'information qui se repaît de blockbusters et de buzz... Devenu paradigme absolu, il tend à régir notre société mondialisée où tout se vit dans l'immédiateté. Désormais chacun rêve de « faire son coup » pour se mettre à l'abri de la précarité...
Paul Vacca explore avec originalité cette histoire jalonnée de faits divers, de films et de crises et décrypte, exemples à l'appui, la montée inexorable de la logique de hold-up dans notre société.Paul Vacca est romancier, scénariste et essayiste. Il est l'auteur de deux romans, La Petite Cloche au son grêle (2008) et Nueva Konigsberg (2009), aux éditions Philippe Rey et d'un essai avec Paul Boulant Hyper, ton univers impitoyable (1994) aux éditions Alternatives. Philosophe de formation, il est en charge de la stratégie et des études de La Villa Numeris, un think tank qui scrute les évolutions sociétales du numérique et de la nouvelle économie.
Qui n'a jamais rêvé du hold-up du siècle ? Celui qui lui permettrait de posséder suffisamment d'argent pour n'avoir plus jamais à s'en soucier. Quelle que soit la méthode, à la manière de JesseJames, Bonnie & Clyde, Albert Spaggiari, ou simplement en gagnant la super cagnotte du loto. Dans cet essai, Paul Vacca remonte aux origines du hold-up jusqu'à sa formule moderne, moins directement violente physiquement mais tout aussi -voire plus- lucrative.
Paul Vacca est connu des blogueurs (euses) grâce à deux romans très fins et joliment tournés, La petite cloche au son grêle et Nueva Königsberg. Mais ce que l'on ne sait pas encore assez, c'est qu'il a aussi écrit des essais, dont celui-ci, le dernier, très justement sous titré : Le nouveau récit du capitalisme. Non, non ne fuyez pas, ce livre est très accessible et très intéressant. Il part des origines du hold-up, aux États-Unis en 1798 : Isaac Davies et Thomas Cunningham qui dévalisent le Carpenter's Hall de Philadelphie. Suivront des gens plus connus, les frères James, Ned Kelly, en Australie (un film, très justement intitulé Ned Kelly, mais où vont-ils chercher leurs titres ?, retrace sa vie, avec Heath Ledger), puis les Dalton, ...
Tout un chapitre relate les interactions cinéma/hold-up l'un magnifiant l'autre et l'autre se servant de l'un pour affiner ses méthodes. Puis, P. Vacca glisse vers le hold-up d'Hollywood, les blockbusters qui étouffent -ou pas- les autres possibilités de faire du cinéma.
De fil en aiguille, on arrive évidemment à d'autres formes de hold-up, les banques (la crise des subprimes notamment), les sociétés qui en quelques toutes petites années amassent des sommes considérables : Google, Facebook, ... Le Web qui au départ était un outil de liberté et de contre pouvoir étant devenu totalement l'inverse, une machine à faire du fric rapidement. Rien ne compte plus maintenant que faire le buzz que ce soit bon ou pas pour l'image :
"L'arme est encore le choc. Il s'agit de heurter pour créer une onde de choc médiatique. Une pratique connue sous le nom de buzz. Créer le buzz, c'est vouloir faire un hold-up sur l'audience publique, bref braquer l'attention de tous sur soi." (p.83)
Une image de notre société vue par un prisme original, celui du hold-up. Bien renseigné, accessible (la preuve, moi qui ne lis que peu d'essais, je n'ai jamais décroché ! Ça c'est un signe tangible de la qualité du bouquin, une sorte de "Lu et approuvé" !) Une manière de lire cette société qui me plaît bien car point manichéenne. Orientée, certes, mais Paul Vacca argumente dans les deux sens, ce qui permet à chacun de se faire sa propre opinion.
Lisez intelligent, lisez La société du hold-up !
Main basse sur la société ! De la mythologie à la mystification... c'est passionnant. Comment le hold-up nourrit le cinéma et comment le cinéma mythifie les gangsters. Pour arriver à une société où le hold-up se serait généralisé.
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