"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Murdo a seize ans, il vient de perdre sa mère, emportée par un cancer, comme sa soeur Eilidh quelques années plus tôt. Son père l'emmène en voyage chez des cousins installés dans le sud des États-Unis. En chemin, Murdo rencontre une famille de musiciens de zydeco dans une petite ville où ils échouent par hasard entre deux bus longue distance ; il se met à jouer avec eux - il est accordéoniste - et ils l'invitent à un grand concert deux semaines plus tard, en Louisiane.
En attendant, il s'ennuie vaguement, se réfugie dans sa chambre au sous-sol pour échapper à la pitié embarrassée des adultes, découvre les atlas, tente de marcher dans un pays où même les footings se font au centre commercial. Avec son père, qui fuit le chagrin en lisant tout le temps, les relations sont difficiles, marquées par l'incompréhension et la maladresse, malgré leurs efforts et tout l'amour qu'ils se portent.
Spécialiste des flux de conscience et des âmes d'écorchés, Kelman nous embarque ici dans la tête d'un adolescent banal et génial, anxieux et naïf, avec la juste distance et une incroyable tendresse. On est Murdo, on a honte, on rougit, on tombe amoureux avec lui, on bataille pour devenir adulte, on pense que la musique peut nous sauver, et on a raison. Un immense roman qui remue et fait entrer la lumière.
Cela pourrait ressembler à un conte.
Il était une fois… Murdo adolescent écossais part avec son père chez Oncle John et tante Maureen en Amérique. Il vient de perdre sa mère et, quelques années auparavant, sa sœur. Le chagrin amplifie le silence entre les deux hommes. Ils ne peuvent, ne savent se parler ; pudeur ? Manque d’amour ?
Ils traversent les USA en car et à un changement de bus, loupent la correspondance car Murdo sort de la gare, tombe sur une boutique de prêteur sur gages avec un accordéon en vitrine, un accordéon !! Il faut savoir, avant d’aller plus loin que Murdo joue de l’accordéon et de la guitare et que, ma foi, il pourrait bien avoir du talent.
Bien sûr, ils doivent aller dans un motel et là, une fois encore, Murdo s’échappe et tombe sur une troupe de musiciens, découvre le zydeco. Quel bouleversement ! La vieille dame se présente Miss Monzee-ay, Queen Monzee-ay, la reine du zydeco. « Murdo ne bougeait pas de peur qu’on le voie. Il ne se cachait pas, il ne voulait pas déranger c’est tout. » Lorsqu’elle lui demande de jouer avec eux et qu’elle voit sa façon de s’intégrer dans une musique qu’il ne connaît pas, elle apprécie et lui propose de les retrouver à un festival à Lafayette… Il a le rythme dans la peau « Marcher en rythme. Le rythme, c’était lui qui le donnait en marchant, il marchait en rythme. »
Les voilà installés chez Maureen et John, des gens absolument charmants qui les accueillent avec joie et plaisir.
Oui, mais… la date approche et oui, encore et toujours Lafayette
Murdo est très attachant avec ses questionnements, sur les relations humaines,le sentiment religieux qui lui est totalement étranger… Jeune homme introverti dans la vie quotidienne, mal dans sa peau, naïf, rêveur, il se transforme lorsqu’il joue il sait qu’il n’est pas mauvais et les musiciens sentent son génie.
Ce voyage initiatique est émaillé d’amour parental non dit, d’éveil des sens. Murdo saura t-il faire face à ce père protecteur, peut-être trop ? mais ce fils est tout ce qui lui reste de sa famille.
Céline Schwaller a su traduire la langue parlée en lui gardant sa musicalité.
La musique est la vie, la survie du jeune homme. James Kelman ne donne pas dans le sentimentalisme mais dans l’amour, la lumière, le possible, l’espoir qu’un gamin puisse suivre la route de Lafayette
La fin de l’histoire ne dit pas si il a rencontré la princesse, s’ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants !
J’ai vraiment aimé ce livre
Voyage initiatique dans le sud des États-Unis d'un adolescent écossais qui vient de perdre sa mère et dont le père s'abîme dans le deuil. La force du roman est de plonger le lecteur directement dans le flot des pensées de son jeune héros. (Au passage, chapeau bas pour le travail de traduction!) Le jeune homme est très attachant, on compatit à sa douleur, on est attendri par sa candeur et on est fasciné par sa passion pour la musique. Car c'est la musique qui le sauve, elle qui lui donne la force de suivre sa propre route et d'exprimer ce qu'il ressent et ce qu'il est.
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