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Giuseppe Morello, un meurtrier et voleur de bétail originaire de la petite ville de Corleone en Sicile, arriva à New York en 1892 comme des milliers de ses compatriotes. Amoral, intelligent, sans pitié, plongé dans le monde d'extrême pauvreté et d'opportunités qu'étaient les communautés d'immigrants récents aux États-Unis, Morello allait former la première des organisations criminelles qui deviendraient immensément célèbres sous le nom de mafia.
Dix ans plus tard, Morello, après une ascension rapide au sein d'une fraternité, était à la tête d'un gang de criminels dont les activités comprenaient la fausse monnaie, les enlèvements et la « protection » imposée aux commerces locaux. Autour de lui s'était formé un groupe de Siciliens qui voyaient la mala vita comme l'option la plus rapide pour sortir de la misère.
Ils s'opposaient à d'autres groupes criminels dans des guerres sanglantes, ainsi qu'aux premiers efforts officiels pour lutter contre le crime organisé aux États-Unis. Deux hommes en particulier chassèrent Morello sans répit : Joseph Petrosino, l'un des seuls détectives d'origine italienne dans la police new-yorkaise, qui poursuivit la mafia jusqu'en Italie, et William Flynn, le chef du bureau new-yorkais du « service secret » des Finances, qui traquait les contrefaçons de la bande.
La carrière de Morello, devenu « boss des boss », jusqu'à son meurtre en 1930, suivit la naissance de la mafia moderne, de fraternités de faible ampleur inspirées des pratiques siciliennes à des organisations professionnelles du crime, rendues prospères par la prohibition.
Mike Dash, autour de Morello, peint aussi le New York misérable et tumultueux du début du 20e siècle avec un détail remarquable tiré d'innombrables documents de police, rapports du service secret et témoignages d'époque.
À la fin du XIXe siècle, la Sicile est pauvre, très pauvre, dans une Italie qui devient une république dans la douleur. Une situation qui pousse de nombreux Italiens, surtout des Siciliens, à immigrer aux Etats-Unis.
Afin de se défendre contre cette pauvreté, du fait des grands propriétaires qui les affament, en Sicile des hommes ont créé des organisations illégales, les mafias, qui reposent sur la force et le silence absolus de leurs membres, garantissant leur loyauté. Cette organisation mafieuse, répartie par territoires, se développe au point de concerner toutes les couches de la société sicilienne, même les grands propriétaires. C'est une époque de redistribution du pouvoir touchant jusqu'aux villes les plus petites, telle Corleone où un certain Giuseppe Morello voit le jour.
Atteint à la naissance d'une malformation au bras droit Morello, qui va se révéler intelligent, ambitieux et sans pitié, a intégré la mafia de Corleone. Mais après avoir tué un homme, le Sicilien est contraint d'émigrer aux États-unis, où il est bientôt rejoint par sa famille. Il travaille alors durement dans les champs de cannes à sucre, gagnant sa vie légalement afin d'obtenir la nationalité américaine et de ce fait éviter l'extradition.
Devenu Américain, à l'abri de la justice italienne, plus rien n'empêche l'ancien travailleur agricole de vivre à New York où la contrefaçon de billets et le racket vont lui apporter argent et pouvoir. Avec cette activité de fausse monnaie commence la première famille de la mafia dont Morello va être pendant plusieurs décennies le chef craint et incontesté.
Toutefois, Morello employant des Irlandais va être trahi par eux. Heureusement pour lui, la police corrompue et le soutien des Siciliens, qui menacent les témoins, lui épargnent une peine de prison. Désormais décidé à ne plus faire confiance qu'aux Siciliens, Morello continue la contrefaçon, secondé par Lupo, son beau-frère qui organise le racket. Mais malgré ces précautions, Morello tombe, dénoncé par un Calabrais, un honnête imprimeur recruté par la famille.
Il faut dire que depuis quelques années le Sicilien a dû faire face au chef du Service Secret (ancien FBI) de New York qui l'a traqué sans répit. C'est lui qui a convaincu le Calabrais de parler, et fait condamné Morello, qui du fond de sa prison essaiera sans y parvenir de maintenir son pouvoir sur la famille. D'autres familles, nouvellement enrichies par les énormes gains de la prohibition, prendront sa place. Morello sera d'ailleurs assassiné par elles à sa sortie de prison. Lupo quant à lui sera arrêté, mettant ainsi définitivement fin à l'influence de la première famille.
Mike Dash en s'appuyant sur des archives et sur des articles de journalistes raconte la naissance et le développement de la mafia sicilienne et la création du crime organisé au moment où les Etats-Unis ne savent pas encore s'en protéger : le résultat est vivant et instructif autant que passionnant. Encore une fois avec Mike Dash, remarquable historien d'investigation, je n'ai pas boudé mon plaisir : j'ai adoré découvrir un monde impitoyable où il y a ceux qui tuent et ceux qui sont tués.
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