Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
À la fin du XIXe siècle, la Sicile est pauvre, très pauvre, dans une Italie qui devient une république dans la douleur. Une situation qui pousse de nombreux Italiens, surtout des Siciliens, à immigrer aux Etats-Unis.
Afin de se défendre contre cette pauvreté, du fait des grands propriétaires qui les affament, en Sicile des hommes ont créé des organisations illégales, les mafias, qui reposent sur la force et le silence absolus de leurs membres, garantissant leur loyauté. Cette organisation mafieuse, répartie par territoires, se développe au point de concerner toutes les couches de la société sicilienne, même les grands propriétaires. C'est une époque de redistribution du pouvoir touchant jusqu'aux villes les plus petites, telle Corleone où un certain Giuseppe Morello voit le jour.
Atteint à la naissance d'une malformation au bras droit Morello, qui va se révéler intelligent, ambitieux et sans pitié, a intégré la mafia de Corleone. Mais après avoir tué un homme, le Sicilien est contraint d'émigrer aux États-unis, où il est bientôt rejoint par sa famille. Il travaille alors durement dans les champs de cannes à sucre, gagnant sa vie légalement afin d'obtenir la nationalité américaine et de ce fait éviter l'extradition.
Devenu Américain, à l'abri de la justice italienne, plus rien n'empêche l'ancien travailleur agricole de vivre à New York où la contrefaçon de billets et le racket vont lui apporter argent et pouvoir. Avec cette activité de fausse monnaie commence la première famille de la mafia dont Morello va être pendant plusieurs décennies le chef craint et incontesté.
Toutefois, Morello employant des Irlandais va être trahi par eux. Heureusement pour lui, la police corrompue et le soutien des Siciliens, qui menacent les témoins, lui épargnent une peine de prison. Désormais décidé à ne plus faire confiance qu'aux Siciliens, Morello continue la contrefaçon, secondé par Lupo, son beau-frère qui organise le racket. Mais malgré ces précautions, Morello tombe, dénoncé par un Calabrais, un honnête imprimeur recruté par la famille.
Il faut dire que depuis quelques années le Sicilien a dû faire face au chef du Service Secret (ancien FBI) de New York qui l'a traqué sans répit. C'est lui qui a convaincu le Calabrais de parler, et fait condamné Morello, qui du fond de sa prison essaiera sans y parvenir de maintenir son pouvoir sur la famille. D'autres familles, nouvellement enrichies par les énormes gains de la prohibition, prendront sa place. Morello sera d'ailleurs assassiné par elles à sa sortie de prison. Lupo quant à lui sera arrêté, mettant ainsi définitivement fin à l'influence de la première famille.
Mike Dash en s'appuyant sur des archives et sur des articles de journalistes raconte la naissance et le développement de la mafia sicilienne et la création du crime organisé au moment où les Etats-Unis ne savent pas encore s'en protéger : le résultat est vivant et instructif autant que passionnant. Encore une fois avec Mike Dash, remarquable historien d'investigation, je n'ai pas boudé mon plaisir : j'ai adoré découvrir un monde impitoyable où il y a ceux qui tuent et ceux qui sont tués.
À l'aube du XXe siècle, New York est une ville qui grossit constamment. Par vagues entières, les immigrés italiens, juifs, irlandais, déferlent sur la ville. Les nouveaux venus, dans un mouvement permanent, occupent les immeubles sordides de la ville, tandis que ceux qui leur laissent la place partent vers des quartiers plus riches de Manhattan ou vont ailleurs.
Mais la ville ainsi devenue en quelques années une des plus grandes du monde est aussi l'une des plus corrompues. Les démocrates qui dirigent New York (en accord avec les républicains) sont pourris jusqu'à la moelle. Les élections sont truquées et le clientélisme est la règle. Quant à la police, en majorité irlandaise, elle sert de bras séculier aux politiciens.
À Manhattan, un quartier de plaisir, surnommé le Cirque de Satan par les pasteurs et le Tenderloin (le filet de bœuf) par la police, concentre les bordels, les bars, les salles de jeux et de spectacles (sur Broadway) de la ville. Dans ces lieux de perdition, les capitaines de la police, qui ont payé les boss de la politique pour obtenir leur poste, « prélèvent » de l'argent qu'ils partagent avec eux.
Face à ce système bien rodé, certains s'émeuvent et veulent l'assainir. C'est le cas d'un directeur de la police, énergique mais naïf, qui crée à cette fin trois brigades et met à la tête de l'une d'entre elles Charles Becker. le policier, grand et massif, d'origine allemande et républicain, n'a jusqu'alors pas eu accès à la corruption, et a subi une carrière longue et peu brillante.
Enfin en position de pouvoir, Charles Becker, ancien flic intègre malgré lui, organise dans le Cirque de Satan une corruption à grande échelle, rançonnant les salles de jeux. Il gagne très vite beaucoup d'argent. Mais un tenancier, Rosenthal, avec qui il est associé, va se mettre en travers de cette éclatante réussite et menacer de dénoncer tout le système.
Après l'assassinat de Rosenthal, un procureur prêt à tout - craignant de ne pas être réélu - accuse Becker d'en être le commanditaire et monte un procès truqué. À la surprise générale, Becker est reconnu coupable et condamné à la peine capitale. Le policier fait appel, mais même si le deuxième procès est plus équitable, sa condamnation à mort est confirmée et il est exécuté sur la chaise électrique (dans des conditions atroces).
Mike Dash, avec sa précision d'historien, signe un livre aussi palpitant que captivant. Il donne de New York des années 1900 un cadre vivant ; il décrit à merveille un système qui a une vie intense, où il n'y a pas de bons - les hommes dont il parle sont tous mauvais à un degré ou à un autre. Le Cirque de Satan, leur oeuvre, s'est développée à la vitesse d'une ville qui, plus large que les hommes, en a englouti certains comme le lieutenant de police Charles Becker.
En Inde les thugs, une confrérie secrète d'étrangleurs, étaient depuis longtemps le symbole de l'insécurité qui régnait dans le pays. L'historien Mike Dash raconte leur histoire étonnante, et celle de William Sleeman, l'administrateur britannique qui au 19e siècle mit fin à leurs meurtres.
Ces assassins, pleins de cruauté, étaient difficiles à arrêter car ils opéraient avec professionnalisme. En bandes de vingt à cinquante hommes, ou même plus, passés maîtres dans l'art du déguisement et de l'infiltration, un savoir transmis souvent de père en fils, ils se présentaient comme des voyageurs à leurs cibles – des voyageurs, des sepoys (soldats indiens de l'armée britannique) ou des porteurs de trésor pour des banques – les mettaient en confiance, faisant « un bout de chemin » en leur compagnie, puis, au moment le plus propice, les étranglaient tous en même temps avec un banal foulard, les dépouillaient de leurs biens et les enterraient, après les avoir dépecés afin que l'on ne puisse jamais les retrouver.
Agissant en confrérie, ces criminels étaient un modèle d'organisation. Chaque thug avait une fonction précise : approcheur, étrangleur, dépeceur ou fossoyeur. À leur tête, un chef répartissait le butin, et assurait le financement des expéditions qui avaient lieu au nord de l'Inde pendant la saison sèche ; le reste de l'année, chacun était chez lui, loin du lieu des crimes, à l'abri d'éventuelles poursuites. Longtemps considérés comme un mythe, les thugs ont bénéficié d'une impunité en l'absence d'une justice commune aux états indiens : les recherches, quand elles existaient, s'arrêtaient aux frontières.
À l'arrivée des Anglais, les choses ont peu à peu évolué : quand on a trouvé des cadavres dans les puits des territoires britanniques, les thugs en ont été chassés. Mais le problème demeurait entier pour le reste du pays. Jusqu'à William Sleeman qui a traqué les thugs dans toute l'Inde, mettant au point une méthode qui s'appuyait sur des informateurs thugs auxquels on garantissait une amnistie en échange d'informations. Un système qui permit d'arrêter et de juger la majorité des étrangleurs en une dizaine d'années, faisant cesser ainsi leurs terribles assassinats.
Avec cette affaire criminelle extraordinaire par sa durée et son ampleur (on estime les victimes à plus de 50000), Mike Dash révèle, et c'est absolument passionnant, les secrets des thugs, groupes de tueurs sans états d'âme et sans pitié parmi les plus mystérieux et emblématiques de l'histoire.
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