"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aux portes de la Suisse, la vallée de l'Arve est très tôt un pôle majeur de l'industrie horlogère européenne, d'abord dans la Savoie sarde puis en France à partir de l'Annexion de 1860. Dans cette région montagnarde et rurale, sujette à des mobilités de tous ordres, le processus de transformation de cette activité constitue un ferment actif de changement des rapports sociaux. Au milieu du xixe siècle, les activités horlogères de sous-traitance développées dans le Faucigny sont menacées par l'évolution de la demande de ses clients suisses. L'ouverture à Cluses d'une école d'horlogerie en 1849 relance l'industrie. L'activité se renouvelle, se répand et attire des horlogers compétents qui viennent souvent de Suisse. Des usines apparaissent et ceux qui se disent « horlogers » sont de plus en plus nombreux. Tandis que la puissance des nouveaux patrons s'affirme, un monde ouvrier prend forme et la grève fait son apparition. L'une d'entre elles - celle de 1904 - se termine de façon dramatique. Elle est immortalisée par Aragon dans Les cloches de Bâle (1934). La Première Guerre mondiale permet la reconversion de l'industrie horlogère savoyarde menacée de disparition vers le « décolletage » qui consiste en la fabrication de pièces métalliques tournées. Au travers de ces évolutions, un « noyau dur » de main-d'oeuvre affirme sa présence ; il s'agit aussi bien des patrons que d'ouvriers compétents parmi lesquels on compte même des militants syndicaux des années 1900.
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