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"C'est comme ça, au milieu du chaos, qu'un diamant a émergé de la boue, une petite lumière dans la noirceur des égouts, petit frère venu au monde un matin triomphant entre mes mains tremblantes. Sa naissance fut une égratignure sur ma torpeur, une façon de réveiller la faim qui me faisait vivante". Mère célibataire par défaut, isolée dans un village de campagne avec ses deux petits, la narratrice raconte, dans une langue sensuelle, poétique, imprévisible, le combat toujours recommencé contre la nuit qui la guette et la tentation de la fuite.
Elle dit l'amour maternel, inconditionnel et douloureux, aliénant et surpuissant. Elle crie sa vie volée et son corps assigné à n'être que celui d'une mère. Elle trace, surtout, le long chemin du retour vers soi. Dans la lignée de son premier roman, Le Corps d'après (éditions François Bourin, 2019), Virginie Noar, pigiste et travailleuse sociale, continue d'explorer les paradoxes de la maternité et d'interroger, en creux, ces constructions sociales qui enferment les femmes dans leur rôle de mère.
Être mère.
Seule.
Comme un parcours du combattant.
Une offrande.
S’oublier.
Être mère.
Forte.
Comme une Wonder Woman.
Un rôle à jouer.
S’oublier.
« Pareille aux hivers, la nuit des mères est invariable. La pénombre emmure nos espoirs en même temps que s’estompe la lumière. Il ne nous reste alors qu’à constater l’irrémédiable immobilisme de notre ordinaire, celui des ménagères qui ne vivront plus que de rituels inlassables, de vaisselle crasse à récurer le dos courbé, de jouets à ramasser le corps lassé, de lendemain éternels. Il ne nous reste alors qu’à espérer de l’obscurité la possibilité d’anesthésier nos rêves. Il ne nous reste qu’à demeurer dans le silence comme tous les soirs passés, comme tous les soirs à venir. »
Dans ce second roman, Virginie Noar continue d’explorer la maternité, l’amour et l’abandon. Comme dans Le corps d’après, elle ne fait pas dans la dentelle, dit les choses, les vraies. Il n’y a pas de mère parfaite, de rôle à jouer, de clichés à vanter. Cette mère a peur, doute, souffre et ne peut vivre ainsi, seule, avec ses deux enfants. Elle est meurtrie par ce qu’elle est devenue. Alors, elle pense au pire et est en droit de le faire. Aucune échappatoire. L’abandon. Elle aime ses enfants d’un amour fort mais il est destructeur. La société a fait d’elle une mère, juste une mère. Or elle est aussi une femme et c’est cette force qui lui donne le courage de tenir debout.
Un texte bouleversant, engagé comme j’aime. Miroir d’une société « coincée du popotin » !
« Dépression maternelle, burn-out, troubles du post-partum, souffrance périnatale, ce sont des mots comme ceux-là qui pourraient définir ma peine, l’enfermer, la ranger, faire un peu de place dans le désordre. Je voudrais m’en échapper mais les jours déclinent inlassablement avec l’écho de ces mots gris. »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/02/01/39330168.html
Jamais elle n’aurait imaginé vivre cette vie-là. Jamais elle n’aurait admis les pensées qui la traversent parfois, seule face à son désarrois. Jamais elle n’aurait envisagé d’élever ses enfants en mère célibataire. Et pourtant, elle est seule, dans cette maison, dans ce village, dans les draps de son lit froid. Délaissée, abandonnée, isolée, ses jours et ses nuits sont centrées sur ses enfants, leurs larmes, leurs besoins, leurs envies, leurs chagrins… Elle s’efface, doucement, brutalement, inexorablement…
La nuit infinie des mères est un texte poétique, lyrique, sensible sur le quotidien d’une mère. L’amour qu’elle porte à ses enfants, tout comme la lassitude qui la submerge parfois, sont évoqués avec des mots si justes, si purs, qu’ils semblent universels.
L’auteur convoque pour nous cet univers maternel que traversent aussi bien la lumière que l’obscurité. Un matin baigné de soleil et ce bonheur simple d’un café chaud que l’ombre d’un cri, d’un appel impérieux, vient envahir…
Virginie Noar éveille en nous cet abîme qui englouti, et cette force qui relève.
Être mère est une chance, une richesse, une joie et un bonheur immense. La plupart du temps… Être mère s’apprend, se consolide, se joue et s’accepte… Mais c’est aussi un rôle qui peut être angoissant, éreintant et culpabilisant. Les mots de Virginie Noar se posent avec une justesse sidérante sur les maux des mères…
C’est beau, c’est dur, c’est léger et c’est écrasant . C’est toute l’ambivalence de cet amour soudain, entier, infini… C’est une lecture qui prend au cœur et au corps, et qui pose un regard bienveillant sur ce que chaque mère de ce monde peut traverser…
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