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" a notre époque, il n'y a que deux " voies pour ceux qui aspirent à être un dieu : la création et le meurtre.
" ainsi parle le narrateur, un esthète du crime, qui explore avec talent et cynisme l'art de détruire autrui. ce qu'il aime par-dessus tout, c'est révéler leur pulsion de mort à ses victimes, " jusqu'au stade où la personne devient digne d'être mon client ". le passage à l'acte n'est plus que formalité technique, quand compte avant tout l'osmose plus ou moins réussie entre le " tueur " et sa victime.
Et force est au lecteur d'admettre que ses " clients " trouveront écoute et consolation auprès de cet étrange bourreau égocentrique qui s'immisce dans leur vie, dans leur esprit, leur prodigue conseils bienveillants et compréhension. ainsi que son savoir-faire pour les aider à passer eux-mêmes à l'acte. il nous parle de la mort, de leur mort. mais c'est à eux qu'il laisse le dernier mot. ce premier roman de kim young-ha, publié en 1996, à vingt-huit ans, a enthousiasmé le public en même temps que les critiques, qui voient en lui le " chef de file d'une nouvelle génération " d'écrivains en corée-du-sud.
Il est discret, mystérieux, cultivé, mais aussi méticuleux, doué dans sa partie. Toujours prêt à tout pour faciliter la vie de ses clients. Ou plutôt la mort. Car oui, il permet à ses clients de passer de vie à trépas, un aide au suicide en quelque sorte. Mais ce qu'il aime le plus, c'est raconter par écrit ses missions réussies. Un jour, il publiera anonymement le récit de ses exploits. Des histoires de vie, des histoires de mort. Le portrait d'une jeunesse coréenne désemparée. Une artiste performeuse qui refuse photos et vidéos par peur de se faire voler son âme. Une fille facile qui fait l'amour en suçant des chupa chups, couchant avec deux frères, l'un chauffeur d'un taxi ''balles-de-revolver'' qui fonce à 200 à l'heure sur les autoroutes séoulites, l'autre artiste vidéaste. Des destins croisés qui ont pour point commun l'homme qui leur donne le droit et les moyens de se détruire.
Un roman déroutant, dérangeant même, pas facile d'accès en tout cas. La quatrième de couverture parle de polar mais il n'y a ni crime véritable, ni enquête, ni flic. C'est plutôt un conte moderne où la méchante fée serait cet homme énigmatique qui profite de la faiblesse de ses contemporains pour les pousser au suicide. Et il ne manque pas de candidats dans une société qui a perdu ses repères. La dictature renversée, la Corée des années 90 se cherche un idéal, entre boum économique et modernisation. La jeunesse veut tout, tout de suite, très vite, puis se rend compte qu'elle n'a rien à combattre, rien à protéger, plus rien à désirer...
C'est cette société, en manque de luttes, d'engagements, de raisons de vivre que décrit Young-ha KIM dans un roman rageur, pessimiste, étrange et inquiétant. A découvrir.
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