« Revenu dans cette ville de Mbuji-Mayi en 2011 (réputée capitale mondiale du diamant industriel) avec Tshikapa capital du diamant de joaillerie, mon constat est que ces deux villes ne brillent pas comme les diamants qui sortent de leurs sols respectifs. Mbuji-Mayi, quant à elle, ressemble à une ville sortant d'une guerre, ses avenues défoncées avec les éboulements qui longent presque l'ensemble de ses quartiers. Selon le service de la voirie, on y dénombre plus de 150 ravins et effondrements à travers la ville. Quelques quartiers sont en voie de disparition. Ces quartiers sont sans eau ni électricité, hormis le quartier desservi par la MIBA. Cette dégradation de la ville par les érosions est en partie due au bon vouloir de la MIBA qui n'a pas su drainer efficacement ces eaux. [...] Tshikapa, quant à elle, n'a rien d'une ville dans le sens moderne du terme, alors qu'elle est la plaque tournante du diamant de joaillerie. Elle offre l'image triste d'un village subdivisé de pistes qui relient les quartiers les uns aux autres et, où les hommes et les grosses mouches verdâtres se rivalisent dans les lieux publics. L'eau et l'électricité sont des denrées quasiment introuvables. [...] Ce tableau sombre est le trait caractéristique des conséquences de l'exploitation artisanale du diamant. » À la frontière de l'essai et de l'autopsie clinique, l'ouvrage de S. Kadima Mubaya Nkuba révèle et explique l'effondrement de toute une région suite à l'incurie généralisée dans la gestion de ce qui devait être un moteur et une source de richesses pour tous. Soutenu par des documents éloquents, des analyses pointues, mais aussi par toute l'indignation de son auteur, ce texte pointe du doigt une conjonction de facteurs - humains, historiques, politiques, économiques - qui ont conduit à ce désastre méconnu, et fait du diamant congolais l'objet de toutes les corruptions, de tous les dévoiements et, finalement, de toutes les désillusions.
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