La Mancha est un voyage dans un réel époustouflant. On ouvre ce petit (grand) livre comme si l'on baissait la vitre d'une voiture doucement pour mieux donner à voir ce que le défilé des paysages inscrit dans nos mémoires comme source à retenir.
Arnaud Maïsetti est un écrivain urbain, mais pas que. Il sait ce qui se passe au travers de cet habitus, microcosme sociétal. "On est ici à l'abri. Derrière la vitre, c'est davantage qu'une paroi qui nous protège. On est au-dedans."
C'est un livre objet qui donne à entendre et à ressentir. Les photos de Jérémy Liron sont des arrêts sur les mots de Arnaud Maïsetti. Toutes de noir et blanc elles se confondent , osmose de l'art avec la forme la plus belle de la vraie littérature.
La Mancha, est la parabole de Don Quichotte "Les géants ont quitté la surface de la terre bien avant qu'on les écrive"
Arnaud Maïsetti poursuit son avancée en puissance. le lecteur est en arrêt. Tant la beauté verbale qui prend sens, change la trame qui d'un seul coup devient l'authentique littérature, grave et magnifié.
"Et c'est le monde qui est devenu le rêve qu'à fait pour moi Cervantès."
Le lecteur est pris dans un vertige , il consent à ce qui advient.
Le lecteur retient les mots, les idées, la qualité verbale, en filigrane avec les photos si expressives et si limpides. On est dans le lac de la vie.
Comment faire une chronique qui rende véritablement l'extraordinaire ambiance de ce livre de bitume et d'étoiles?
Ce livre est une réussite.
Rarement la quintessence arrive à un tel niveau . Ici , on est dans l'Ailleurs. Dans cet entre-monde où le précieux est partout. C'est un livre d'Or. Un grand éclat de pierre lumineuse qui voyage jusqu'au vrai-monde de chaque lettre l'une après l'autre majestueusement.
C'est un livre oral aussi qui donne à l'écoute, ce que le chuchotement suggère.
C'est une métaphore qui descend grain après grain dans le sablier du temps. La Vie dans La Mancha est Le partage. Ce livre est un don pour le lecteur.
Ses auteurs Arnaud Maïsetti et Jérémy Liron sont des passeurs d'une littérature de haute voltige. Le lecteur est dans l'antre de l'admirable, confortablement installé, rien n'est laissé au hasard. On touche à la grâce, dévoilée sans passage en force. C'est une délicatesse, un brin d'herbe qui bouge au vent verbal, fragile, pur.
Cette richesse lève le voile vers la grandeur langagière et photographique.
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