« La Sapinière » n'était pas une bâtisse ruineuse, mais une mémoire où chacun dans la famille avait occupé une place et joué un rôle. Où les souvenirs pouvaient s'installer sur le banc à l'entrée du parc et attendre la tombée de la nuit. Là, Madame se sentait chez elle comme l'avaient été ses parents et tous les autres avant eux.
Sa maison, la vieille dame l'avait aimée comme une principauté personnelle qui lui donnait le sentiment d'un cadeau exclusif. Maintenant, la famille s'en était dessaisie. Madame gardait l'essentiel, une musique qui l'avait si longtemps bercée. Morts ou vivants, les autres ne l'entendaient plus. Ne restaient à tous que les tombes, l'ultime attache qu'ils gardaient en commun.
Ainsi se clôt l'aventure séculaire d'une famille dont la demeure, à chaque étape, a marqué l'existence. En même temps s'exhale un doux parfum que reconnaîtront tous ceux qui, à l'instar de Madame, ont dû un jour se résigner à rompre les amarres avec le passé dont ils ont hérité. La nostalgie, déjà.
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